Éditorial: Questions linguistiques: Accrochages sur les babillards

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Il arrive que les médias régionaux s’enflamment à propos d’un scandale touchant la communauté universitaire trifluvienne… sans que celle-ci ne soit au courant.

Il est question cette fois du quiproquo entre l’AGE et un étudiant originaire de l’Inde (voir texte d’Alice Baudry p. XXX). Ce dernier semble avoir un problème avec la politique d’affichage de l’association étudiante. Il ne sera pas question de faire le procès de la personne, mais plutôt d’adresser une réponse informée à ce genre de considérations.

Les accrochages sur la question de l’affichage sur les babillards appartenant à l’AGE ne  sont pas une nouveauté. Il y a à peine trois ans, plusieurs associations avaient été rabrouées étant donné que les noms des évènements qu’elles organisaient étaient systématiquement en anglais.

Il en avait résulté certains moments mémorables en conseil d’administration, où certains considéraient les partys récurrents comme des institutions qui sortiraient dénaturées d’un processus de francisation. D’autres considéraient qu’une université francophone telle que la nôtre se devait de faire la promotion du bon français dans l’ensemble de ses activités.

Si dans tous les cas certains semblent remettre en question l’autorité de l’AGE à légiférer sur la question, rappelons tout d’abord qu’il s’agit uniquement ici des moyens de communication dont elle est propriétaire. Qui plus est, la politique d’affichage est elle-même très largement inspirée de la Charte de la langue française (mieux connue sous le nom de «Loi 101»), une loi provinciale.

L’examen attentif permettra de réaliser que les dispositions du règlement estudiantin sont un peu plus souples que la législation de l’Assemblée nationale. Dans la loi en vigueur, toute forme d’affichage public doit fournir toute son information en français, avec la permission d’y ajouter la traduction dans une autre langue. Le français prédomine.

Peu importe ce que certains puissent en penser, cela reste la loi et l’AGE ne fait que la respecter. En effet, la disposition dans la Politique d’affichage sur les babillards et les écrans de diffusion reprend grosso-modo les mêmes exigences.

On ne peut donc pas accuser notre association de faire du zèle linguistique! Elle ne fait qu’exiger des afficheurs qu’une personne unilingue francophone soit en mesure de comprendre le sens de l’affiche.

C’est généralement à ce point dans les conversations sur la langue que certains sortent l’argument selon lequel il est nécessaire de parler anglais au 21e siècle. Cette idéologie prétend que, l’anglais étant la langue des affaires et de la science, toute personne devrait la parler couramment.

S’il est vrai que posséder une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare est un atout dans une multitude de domaines, cet argument utilitariste est simplement hors propos. Ce que la loi 101 et la politique d’affichage de l’AGE défendent, ce n’est pas l’utilité ou l’inutilité de la maîtrise de l’anglais. Ce n’est pas non plus une prétendue supériorité du français, peu importe sur quoi celle-ci pourrait reposer.

S’il est vrai que posséder une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare est un atout dans une multitude de domaines, cet argument utilitariste est simplement hors propos.

Il est plutôt question du droit des gens de vivre dans leur langue maternelle. Ainsi, les règlements dont il est question ici ne visent qu’à permettre aux huit millions de Québécois majoritairement francophones d’avoir un certain havre où ils n’ont pas à s’astreindre à leur langue seconde. Dans le contexte d’une Amérique du Nord presque totalement anglophone, cette volonté nécessite certaines mesures.

Il n’est donc pas question de léser les gens ayant un dialecte différent comme langue maternelle. C’est pour cette raison que nous devons saluer l’initiative des représentants de l’AGE qui ont offert à l’étudiant de traduire son affiche pour lui. Cela prouve une compréhension profonde de l’esprit du règlement.

Sur l’intégration

Le doctorant en question a utilisé une expression intéressante pour faire valoir son point: la notion de «langue d’intégration». Si, à son avis, l’anglais possède l’apanage de ce titre, il existe d’autres points de vue à ce sujet.

En effet, une des principales exigences pour ceux qui désirent immigrer dans notre province est de parler un français fonctionnel. Si ce n’est pas le cas à l’arrivée, le gouvernement fourni des cours de francisation. Le but de cette mesure est d’inciter justement une meilleure intégration de ces personnes à la société québécoise.

La langue d’intégration au Québec est donc bel et bien le français. Cependant, il est certain que l’anglais est plus répandu. Il s’agit non pas d’une langue d’intégration, mais plutôt d’une sorte de langue commune internationale, en vertu de certains facteurs historiques et de sa relative facilité d’apprentissage.

Dans une communauté aussi majoritairement francophone que Trois-Rivières, il serait un peu absurde de commencer à vouloir angliciser les messages en vertu d’un principe d’intégration.

La Charte de la langue française: http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_11/C11.html

La politique d’affichage de l’AGE UQTR: http://www.ageuqtr.org/file/politique-d-affichage-sur-les-babillards-et-les—crans-de-diffusion-.pdf

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