OPINION: Charlie-berté ⎯ La plume et le crayon vaincront

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Auteurs: Alice Baudry et Chloé Cano, étudiantes françaises à la maîtrise en communication publique et journalistes aux actualités au Zone Campus

Nous sommes tous Charlie. Nées dans le pays des droits de l’Homme, où chacun peut exprimer ses idées librement à la condition que celles-ci n’incitent pas à la haine, c’est avec beaucoup d’émotion, de fébrilité, mais aussi de colère que nous écrivons ces lignes. Comment réagir face à l’attentat perpétré à l’encontre de Charlie Hebdo, et qui a touché la France en ce début d’année? Cette question, nous nous la sommes doublement posée: en tant que citoyennes françaises et journalistes.

À l’évidence, le dévouement absolu et exclusif de ces fanatiques religieux les a menés à commettre l’indicible. Exécuter douze personnes, dans le seul but de faire taire les grandes signatures d’un journal paraît inconcevable. Mais en ce mercredi 7 janvier, c’est bien la liberté d’expression qui a été piétinée, à travers ces actes barbares. Il est important de souligner que Charlie Hebdo n’a jamais fait partie d’aucun empire financier, et que depuis plus de 20 ans, l’équipe se consacre à faire vivre une presse libre et indépendante en écrivant et dessinant ce qu’on ne peut lire ailleurs. Qu’il s’agisse de religion, de politique ou de faits de société, personne n’a été épargné par les coups de crayon anticonformistes de Charb, Cabu, Tignous, Wolinski ou Honoré. La satire constitue la ligne directrice du journal. Se moquer est sa raison d’être. Le faire de tout le monde, c’est sa liberté.

Mais revenons sur l’élément déclencheur d’un tel massacre: la publication des caricatures de Mahomet. À l’origine, elles ont été réalisées par des dessinateurs danois du Jyllands-Posten, qui, pour avoir représenté et caricaturé douze fois le prophète Mahomet, ont d’ailleurs fait l’objet d’une fatwa. Pour soutenir ses confrères, Charlie Hebdo avait décidé de publier, lui aussi, les fameuses caricatures. Ce qui est loin d’avoir fait l’unanimité en France. Or, comme nous le disions, la raillerie et la critique sont la raison d’être du journal. Que chacun en prenne pour son grade, mais toujours avec humour, telle était la force libertaire de ces joyeux lurons. Loin d’eux l’idée de véhiculer un discours haineux ou insultant.

En France, la liberté religieuse confère à quiconque le droit de choisir et de pratiquer sa religion comme il l’entend, dans la mesure où cette manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. Mais, selon nous, tout objet encadré par des Lois ou des Déclarations n’en fait pas pour autant quelque chose dont nous ne pouvons rire. C’est là que la liberté d’expression intervient. Nous nous sommes battus pour l’obtenir; Charlie Hebdo la faisait perdurer. Certains sont morts alors que leur unique arme était un crayon, qu’ils ont désormais passé à gauche.

Qu’il s’agisse de religion, de politique ou de faits de société, personne n’a été épargné par les coups de crayon anticonformistes de Charb, Cabu, Tignous, Wolinski ou Honoré.

Aussi, et de notre point de vue, Charlie Hebdo n’a jamais incité à la haine ou à la violence envers qui que ce soit. Bien au contraire. Il usait plutôt de son droit de satire. Alors oui, nous qualifions cet acte d’atteinte à la liberté d’expression. À la fois journalistes (même s’il s’agit du journal universitaire) et étudiantes dans ce domaine, c’est au nom de cette liberté fondamentale que nous écrivons et que, parfois, nous luttons. Nous pouvons et nous devons  être en désaccord avec certaines publications, mais incendier une rédaction (ce fut le cas de Charlie Hebdo, en 2011), interdire une parution, menacer, persécuter, emprisonner ou assassiner des journalistes sont les moyens dont usent les lâches. Charlie Hebdo représente pour nous un journal libre, libre de caricaturer, libre de se moquer, vivant grâce à ses lecteurs et n’ayant que le droit français comme limite. Nous le répétons, Charlie Hebdo ne provoque pas la haine, il utilise son droit de satire. C’est pourquoi l’encre doit continuer à couler, et non le sang, parce que nous sommes tous Charlie.

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