Finances publiques: Sources et ressources

0
Publicité

Toujours à l’affut de ce qui se passe sur notre campus, Le Nouvelliste nous apprenait récemment qu’un vice-recteur recevait son plein salaire en même temps qu’une retraite de l’Université Laval. Les critiques prétendront que cela le regarde.

Or, rappelons un règlement passablement intéressant. Dans le réseau public, quelqu’un touchant une retraite d’un organisme A ne reçoit que la moitié du salaire s’il (ou elle, mais entendons-nous que c’est plus souvent «il») obtient un poste de haut fonctionnaire pour un organisme B et continue de recevoir sa pension.

L’idée ici est d’éviter que l’argent public serve à rémunérer deux fois la même personne, surtout dans les cas de salaires élevés comme ici. L’autre impératif pris en compte est d’attirer des candidatures de qualité pour les postes importants, ce qui explique que l’on permette tout de même de garder la pension et une partie de la rémunération.

Sachant cela, on serait en droit de s’attendre aux excuses publiques et aux promesses de remboursement habituelles. Particulièrement dans un contexte de compressions budgétaires tel que l’on vit actuellement, c’est assez outrageux de voir que quelqu’un bénéficiant d’un salaire déjà très au-dessus de la moyenne reçoit plus que son dû.

Cependant, même les plus alertes remarqueront que l’acte de contrition tarde à se manifester. Pourquoi? Parce que l’Université Laval, source du revenu original de monsieur, ne serait pas une institution publique, mais une université privée. La règle énoncée ci-haut ne s’appliquerait donc pas à la situation.

La forme conditionnelle traduira ce que je pense de cet argument. Il convient effectivement de rétablir certains faits.

Il est coutumier de parler d’universités privées et d’universités publiques au Québec. Toutefois, il s’agit là d’un raccourci; la situation s’avère un brin plus nuancée à l’examen. Ce qui est vrai, c’est qu’il existe bel et bien deux types d’universités.

Premièrement, les Universités du Québec sont celles que l’on considère généralement comme les universités publiques. Elles possèdent effectivement un siège social centralisé, qui prend des décisions comme la nomination des hauts fonctionnaires par exemple et se situe généralement en région. Leur financement, outre leurs fondations souvent peu garnies, provient du ministère de l’Éducation.

Deuxièmement, il existe aussi des universités dites «à charte», qui sont souvent considérées comme privées. Il est vrai que chaque université jouit d’une indépendance administrative plus grande que celles de la catégorie précédente et que leurs fondations ont tendance à être un brin plus profitables.

Cependant, elles sont financées par le ministère de la même manière que les établissements de l’UQ. Ainsi, bien que l’Université Laval soit du second type, il n’en demeure pas moins que les rentes de retraites qu’elle paie à ses employés sont prises à même de l’argent public.

Dans cette histoire, on tente de nous faire croire qu’il s’agit d’au pire une zone grise, sinon que la règle ne s’applique pas de manière évidente.

Peut-être pourrait-on admettre que, tout bien considéré, l’Université Laval n’est pas une institution publique à part entière. Sauf qu’il s’agit là d’un débat purement sémantique; son financement demeure majoritairement public. L’esprit du règlement en question ici n’est pas par rapport à la dénomination de l’institution, mais plutôt la source de ses ressources financières.

Donc, l’UQTR en pleine période de compressions budgétaires paie un demi-recteur en trop.

Et tant qu’à parler de rigueur budgétaire…

J’ai fait allusion plus haut aux fameuses coupures que subissent les services publics depuis le renouveau du règne libéral à Québec. Parmi ces mesures parfois surréalistes, on nous annonçait que les médecins pourraient dorénavant surfacturer en toute légalité leurs patients.

Quel est le rapport avec l’éducation ici? Les frais de scolarité. En fait, tous les frais reliés aux services publics.

L’esprit du règlement en question ici n’est pas par rapport à la dénomination de l’institution, mais plutôt la source de ses ressources financières.

Rappelons que le principe fondateur des services publics est le suivant: tout citoyen ou citoyenne peut y accéder, non en fonction de sa capacité à payer, mais en fonction de ses besoins.

Afin de les financer, on exige des gens qu’ils paient, non pas proportionnellement à leurs besoins, mais plutôt à leur capacité de payer respective. Ça s’appelle l’impôt progressif.

Si cette formule peut en agacer plusieurs, notamment en ayant l’impression que ceux qui travaillent le plus paient pour les autres, c’est là en fait une vision déformée de la réalité qui nous est renvoyée par plusieurs populistes.

S’il était ici question de biens de consommation plus ou moins de luxe (voitures, machines à café, ordinateurs, etc.), cette formule serait évidemment complètement injuste. Cependant, il est ici question des services visant à répondre aux besoins fondamentaux comme la santé, la sécurité, l’éducation, etc.

Autrement dit, il s’agit de s’assurer que chaque personne ait accès aux biens publics nécessaires afin de mener une vie enrichissante selon ses aspirations. Cette nécessité fait qu’ils sont des droits et non des privilèges. C’est pourquoi tout nouveau frais dans ces domaines doit être regardé avec suspicion.

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici