Anxiété à l’université: Le prix de l’excellence

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Photo: M.-P. Pruneau
Photo: M.-P. Pruneau

Stress de performance, manque de sommeil, maladie de peau, humeur massacrante et crises de panique : les problèmes liés à l’anxiété qui accompagnent nos étudiants universitaires sont nombreux. À ceci s’ajoutent la prise de médicaments et les consultations pour s’en sortir. Quand est-ce que cette apogée du stress connaîtra une accalmie ?

Il y a deux semaines, La Presse publiait un important dossier sur les troubles reliés au stress qui envahissent les étudiants du Cégep. On peut penser que le problème se règlera en vieillissant, puisque nos jeunes adultes deviennent mieux outillés et qu’ils savent davantage ce qu’ils veulent faire dans la vie. Les grandes questions existentielles sont peut-être mises de côté? Le jeune adulte a peut-être une meilleure perception de sa personne? Malheureusement, ce n’est souvent pas du tout le cas.

L’excellence ou rien

L’atteinte de l’excellence y est pour beaucoup dans le stress de nos étudiants, tel que le mentionne la nouvelle bachelière en enseignement préscolaire et primaire, Marie-Ève Paillé: «Je suis tellement passionnée par ma profession! Cependant, j’ai toujours eu un stress de performance. J’ai déjà abandonné des cours à l’université parce que je n’allais pas avoir 90 %. Avec des médicaments et une psychothérapie, ça allait beaucoup mieux.»

Le même phénomène est présent dans le programme de Loisir, culture et tourisme. Cédric Canuel avait une vague idée de ce qu’était le stress avant sa toute première mi-session: «Je ne dormais pas et j’étouffais. J’ai même été malade après un examen. Je ne m’attendais pas du tout à cela.»

Catherine Leblanc, aujourd’hui ergothérapeute, a développé du psoriasis, une maladie de peau, lors de son parcours universitaire. «Heureusement, le département a allongé le temps pour faire la maîtrise afin de nous enlever un peu de pression. Il y avait régulièrement des crises de larmes causées par le stress», raconte cette dernière. Catherine ajoute que les étudiants sont capables de se causer de l’anxiété par eux-mêmes sans que cela ne soit nécessaire: «Je crois qu’il ne nous fallait que 2,3 pour rester au programme en ergothérapie. J’étais une étudiante fière et, malgré tout, je suis contente aujourd’hui d’avoir mis les bouchées doubles.»

«J’ai même été malade après un examen, je ne m’attendais pas à cela», Cédric Canuel, étudiant en Loisir, culture et tourisme

Nos docteurs sous pression

Laurence, une étudiante au doctorat, a accepté de nous faire part de son difficile chemin.

«J’avais de belles notes, mais ce n’était pas assez. Pour être acceptée au doctorat, tu dois avoir d’excellentes notes et un dossier compilant bénévolat, recherches et pratiques en relation d’aide. C’est sans parler de la féroce compétition au département de psychologie pour la course au doctorat», ajoute-t-elle. En effet, pour l’année scolaire, on comptait 516 étudiants au baccalauréat ou au certificat. Seulement 35 d’entre eux pourront continuer leurs études en psychologie à un niveau supérieur cette année. Et ce, sans compter les inscriptions des étudiants venant d’autres universités. Laurence spécifie qu’en plus des études, la grande majorité des étudiants doit jongler avec des facteurs de stress englobant un travail à temps partiel, des difficultés financières et l’atteinte d’un certain .

L’an dernier, le cas de la jeune étudiante en médecine qui s’est suicidée après avoir été recalée avait fait la manchette. Malgré tout, nos jeunes médecins sont toujours sujets à des situations du genre. La responsable du Réseau d’Entraide des Étudiants en Médecine de la Mauricie (REEMM) et elle-même étudiante en médecine au campus de l’UQTR, Florence Bouvet-Bouchard, témoigne des mesures qui sont prises en dehors des cours pour venir en aide aux futurs médecins. «Le REEMM, qui part d’une initiative de Montréal, organise des activités en lien avec le bien-être. Par exemple, il y aura bientôt une activité au Kinipi Spa. Nous avons aussi des séances de yoga pour relaxer de toute la pression que nous avons sur les épaules», explique Florence.

Les étudiants acceptés en médecine sont souvent des jeunes qui n’ont pas connu l’échec scolaire, ce qui peut apporter son lot de difficultés aux études supérieures. «Comment fait-on pour adopter une stratégie pour se relever d’un échec scolaire quand nous n’avons jamais vécu une situation du genre? La réponse n’est surtout pas d’étudier plus. Le REEMM est aussi là pour que les étudiants s’entraident entre eux», souligne l’étudiante en .

«J’ai déjà abandonné un cours parce que je n’allais pas avoir 90 %», Marie-Ève Paillé, bachelière en enseignement préscolaire et primaire

La lumière au bout du tunnel

Alors que d’autres se débattent pour garder la tête hors de l’eau autant qu’ils le peuvent, certains carburent sous pression. C’est le cas de l’étudiante en ergothérapie, Laurence Boisclair: «Je suis beaucoup plus organisée depuis l’université, justement pour ma gestion du stress. Cependant, il est clair que mon anxiété augmente lorsqu’arrivent les stages.»

Demander de l’aide

Outre les médicaments de la classe des anxiolytiques, certains étudiants se tournent vers les services d’un psychologue afin de trouver des solutions. Psychologue diplômé de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Victor-Olivier Hamel-Morasse reçoit des clients qui sont en proie (des proies?) à des problèmes d’anxiété. «Tout d’abord, il faut savoir que l’anxiété, c’est comme si le système d’alarme du corps se déclenchait tout le temps, qu’il était constamment sur le qui-vive pour prévenir un danger. Cependant, ce danger n’existe peut-être pas du tout», explique-t-il. Dès le départ, il demande au client d’adopter une perspective d’observateur, afin qu’il prenne conscience du niveau réel de danger associé à chaque situation.  M. Hamel-Morasse ajoute que les exercices de respiration sont aussi très efficaces dans le cheminement vers le mieux-être. Enfin, le fait de s’exposer graduellement aux situations qui génèrent du stress peut aussi contribuer à réduire son intensité.  C’est ce qu’on appelle de l’exposition systématique.

Si vous faites face à des situations dans lesquelles le stress fait partie intégrante de votre vie, n’hésitez pas à consulter la clinique de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Vous pouvez demander un rendez-vous au 819-376-5088.

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