Conférence de Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS: L’austérité, l’autre définition

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De gauche à droite: Christine Ndanga, vice-présidente aux affaires sociopolitiques à l’AGE UQTR, Guillaume Hébert, conférencier et Jean-René Leblanc, président de l’AGE UQTR. Photo: L. Gagné
De gauche à droite: Christine Ndanga, vice-présidente aux affaires sociopolitiques à l’AGE UQTR, Guillaume Hébert, conférencier et Jean-René Leblanc, président de l’AGE UQTR. Photo: L. Gagné

Le mercredi 16 septembre s’arrêtait le chercheur Guillaume Hébert au local 1012 pour présenter une conférence sur l’austérité. La conférence, organisée par le comité aux affaires sociopolitiques de l’Association générale des étudiants (AGE) de l’UQTR, était présentée par l’IRIS, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, qui a comme mission de produire des recherches sur les grands enjeux de l’heure.

L’austérité: plus qu’une simple définition

Grosso modo, l’austérité c’est de réduire les dépenses pour augmenter les revenus. «Derrière la définition neutre et technique, il y a une autre définition qu’on gagne à mettre de l’avant et qui est beaucoup plus appropriée et qui n’a rien d’un ajustement comptable», a lancé Guillaume Hébert dans les premières minutes de sa conférence.

Il a rappelé que la première responsable des déficits est la crise économique de 2007-2008, alors que des produits financiers de Wall Street ont été rendus possibles par la dérèglementation des banques. Le plus gros des déficits viendrait donc de l’argent public que l’État a investi pour sauver les banques.

«Ce n’est donc pas de la faute de M. et Mme Tout le monde, qui eux paient aujourd’hui pour ces déficits», a t-il mis en lumière. «Comment ça se fait qu’on est capable de débloquer soudainement autant d’argent pour des banques alors qu’on ne l’est pas pour combattre des phénomènes comme la pauvreté. Ça en dit beaucoup sur les vraies priorités du système économique dans lequel on vit.»

Guillaume Hébert a continué sa conférence en parlant de l’austérité au Québec comme un projet politique. «On change la philosophie de ce qu’est la fiscalité au Québec. On transforme de plus en plus les impôts en taxes. Alors que la fiscalité était une façon de redistribuer la richesse, c’est un outil de plus pour stimuler l’économie maintenant. Mais qui dit que ça va servir à ça? On est en train de nous faire passer cette idée-là et c’est une réforme néolibérale. L’austérité répond à des objectifs politiques.»

L’exemple de la Grèce

Le chercheur a passé plusieurs minutes à parler de l’exemple de la Grèce. Bien qu’on ne puisse les comparer parfaitement puisque le système y est différent, M. Hébert pense que depuis que les pays européens ont proposé un plan d’austérité pour sauver le pays, ça a eu complètement l’effet contraire, un effet contreproductif qui a amené la Grèce au plus bas. «On a coupé dans partout dans l’économie qui peinait à repartir.»

«On est en train de nous faire passer cette idée-là et c’est une réforme néolibérale. L’austérité répond à des objectifs politiques.»

Hébert a conclu sa parenthèse sur la Grèce en demandant si le plan d’austérité a été un échec ou une réussite. «Ça dépend pour qui. Si la Grèce fait faillite, ce sont les États qui vont subir, au lieu de la banque. Depuis le plan de sauvetage, l’argent sert à 95% à rembourser des créanciers. Si on se met du point de vue d’une banque, c’est une formidable réussite», a-t-il lancé avec sarcasme.

L’austérité au Québec

Pourquoi l’austérité au Québec? Guillaume Hébert se le demande. «Le déficit du Québec était plus petit que plusieurs autres provinces, surtout de l’Ontario. Leur déficit est beaucoup plus important et continue à être beaucoup plus important. L’Ontario dit que la priorité est de relancer l’économie et non de résorber tout de suite le déficit. Le Québec a été tellement pressé de résorber le déficit, il a pesé sur l’accélérateur». Il a continué en disant qu’au Québec on voit le déficit seulement en terme de dépenses, alors qu’on ne regarde pas qu’il y a beaucoup moins de revenus. «C’est comme courir après sa queue.»

«L’austérité prive la population de services importants, étouffe la relance et entraine la stagnation.»

Au niveau de l’éducation, M. Hébert a présenté des chiffres révélateurs. 150M$ de coupes dans les commissions scolaires, 300M$ dans les universités. Cela entraine des coupes de postes, de cours, des augmentations de taille des groupes, des abolitions de postes de chargés de cours, etc. En éducation primaire, un impact est ressenti au niveau de l’augmentation des taxes scolaires, des tarifs de service de garde, des coupes de postes en tout genre, des ventes d’immeubles, des coupes de services spécialisés pour handicaps, de journées pédagogiques, etc.

Le chercheur a conclu sa conférence en disant qu’en bref, «l’austérité prive la population de services importants, étouffe la relance et entraine la stagnation. Elle constitue une opportunité d’enrichissement pour les élites d’affaires, elle est un outil privilégié pour l’avancement de réformes néolibérales, notamment en éducation. En somme, l’austérité opère un transfert de richesse et une transformation néolibérale de nos outils collectifs».

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