Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: Nanana-na nanana-na hey hey hey goodbye

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C’est par voie de communiqué de la part du président du Parti conservateur du Canada que Stephen Harper a indiqué qu’il quittait son poste de chef du PCC, ayant (enfin) été mis à la porte du 24 Sussex. Voici donc un bref retour sur cette 42e élection fédérale, soit la plus longue campagne électorale au Canada depuis 1926.

Avec un taux moyen de participation de 68,5% des électeurs, le plus haut depuis 1993, la majorité de la population canadienne a su mettre un terme à la gouvernance conservatrice. «Bon débarras!» comme l’a affirmé Françoise David. Harper aura également su se retirer de la scène politique de la même manière qu’il a agi au pouvoir: caché derrière les rideaux.

Si une campagne électorale de 37 jours – le minimum requis par la loi – coute environ 375 millions de dollars selon Élections Canada, ces 78 jours de campagne ont pratiquement couté un milliard de fonds publics. Oui, cela en valait la peine pour se débarrasser d’un dictateur inculte, antisyndicaliste, antiécolo, antiprogrès et antidrogue (même si sa série préférée est Breaking Bad), mais au bout du compte, c’est encore le citoyen qui va payer.

17,5 millions de personnes sur 25,6 millions d’électeurs inscrits sont allées voter. Par contre, sachant que le taux de participation oscille entre 58,8% (2011) et 79,4% (1958), rappelons que le Canada est loin d’être le champion de la démocratie, au sens de pouvoir au peuple.

J’ai aussi eu un malaise avec certains de mes amis AA (Anarchistes-Abstentionnistes) qui refusent de participer au système électoral, déclarant qu’ils ne se sentent pas concernés, inspirés par les grands intellectuels de ce monde tels que Normand Baillargeon ou Noam Chomsky. L’objectif est très noble, juste, mais l’urgence de la réalité m’imposait d’agir.

Refuser le devoir-privilège citoyen (le vote) en prétendant que la machine étatique ne peut être changée que de l’extérieur, je trouve que c’est une sorte d’aplaventrisme politique, une forme de soumission du fait qu’on refuse de changer le système de l’intérieur. Selon moi, les abstentionnistes laissent les autres choisir à leur place, mais se font tout de même imposer les mêmes lois, impôts et taxes. Je suis d’accord avec eux que la démocratie ne se résume pas à faire un vote aux quatre ans, mais j’ai quand même cette impression idéaliste que ce vote, le mien, peut faire une différence. Si au moins les votes annulés étaient comptabilisés, au lieu d’être simplement rejetés, on pourrait prendre acte de ces électeurs.

Un autre problème, c’est que seulement un jeune sur quatre va voter, alors que les ainés participent à 80-90%. En d’autres mots, il semble que les gens de ma génération laissent un peu trop les vieux choisir le prochain gouvernement au lieu de promouvoir leurs valeurs.

Finalement, il m’est impossible de passer sous silence la désuétude de notre mode de scrutin uninominal à un tour, un héritage britannique. L’électorat canadien est de moins en moins bien représenté à Ottawa si on prend en compte les véritables résultats participatifs.

Dans un système proportionnel, non seulement les libéraux n’auraient pas été majoritaires (134 députés au lieu de 184, donc sous la barre des 170 sièges requis), mais le Bloc québécois et le Parti vert du Canada auraient pu être reconnus officiellement comme un parti politique avec respectivement 16 puis 12 députés. Le NPD aurait eu 67 députés plutôt que 44 et le PCC 109 plutôt que 99. Ainsi, au total, 29,1% des sièges ont été mal attribués et environ 4,7 millions d’électeurs ont carrément gaspillé leur vote en le jetant à la poubelle! Espérons que le PLC ne remisera pas sa promesse d’instaurer la proportionnelle, afin qu’un jour chaque vote compte réellement. Il serait temps qu’on arrive au 21e siècle…

Dans un système proportionnel, les libéraux n’auraient pas été majoritaires.

Cachez ce niqab que je ne saurais voir

Malgré un déficit de visibilité dans les grands médias, sans doute une tentative de museler le mouvement indépendantiste du Québec (ce n’est pas nouveau comme tactique), le Bloc québécois a réussi à faire élire dix députés, soit cinq fois plus que ce qui lui restait. Il n’est pas étonnant que la majorité de ces députés aient été élus là où va passer l’oléoduc… Louis Plamondon, l’Ancien, a réussi à se faire élire pour une dixième fois consécutive, bravo! Je félicite également Mario Beaulieu, près des jeunes, d’avoir été élu dans la Pointe-de-l’Île.

Par contre, j’ai eu beaucoup de peine à entendre les accusations de «racisme» et de «xénophobie» qu’on a pu accoler aux bloquistes sur l’affaire du niqab. Défendre la laïcité stricte est quelque chose de plus en plus difficile à faire sur la place publique, même s’il reste encore beaucoup à faire pour parachever cet idéal avant tout symbolique. Déjà que la Constitution canadienne repose sur «la suprématie de Dieu», on repassera pour l’État laïc!

Néanmoins, malgré la consigne nationale du vote anti-Harper, le Bloc québécois a, encore une fois, recueilli davantage de votes, seulement au Québec, que le Parti vert partout au Canada: un peu plus de 200 000 votes séparent le BQ (818 652) du PVC (605 864 voix).

D’autre part, on reproche au BQ de n’avoir su rallier que 19,3% de l’électorat québécois, alors qu’au Canada, le NPD a fait un score égal avec 19,7%, soit un Canadien sur cinq, et même si Mulcair a perdu la moitié de ses sièges d’un océan à l’autre. En fait, c’est souvent la même chose dans les médias avec la cause indépendantiste: deux poids, deux mesures.

Finalement, pourquoi prétendre que le Bloc québécois est mort? La nomination de la jeune économiste Catherine Fournier, 23 ans, à la vice-présidence du parti, et l’élection de quatre députés de ma génération au sein du BQ confirme la passation des pouvoirs aux Y mais surtout l’aspect intergénérationnel du mouvement indépendantiste. À suivre!

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