Lady bimensuelle: Madeleine Parent, la femme aux milles causes

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Madeleine Parent. Photo: Courtoisie
Madeleine Parent. Photo: Courtoisie

Pour ma dernière chronique de la Lady bimensuelle de l’année, je me suis demandé qui choisir. Comment terminer en grand? Qui présenter à travers cette panoplie de femmes qui ont marqué l’Histoire? À travers cette question de surface, une question plus fondamentale s’est imposée à moi: qu’est-ce que le féminisme?

Même si j’écris une chronique bimensuelle qui présente à chaque fois une femme, je n’ai jamais abordé directement ce thème. En société, les clichés peuvent entrer rapidement dans la définition du féminisme: primauté de la femme, dédain de l’homme, revendications constantes et colère. Pour moi cependant, le féminisme est plus simple. C’est simplement d’être femme, et l’être au même titre qu’être homme.

Madeleine Parent illustre parfaitement mon opinion sur la chose. Peut-être que son nom vous dit vaguement quelque chose puisqu’étant décédée en 2012, quelques tribunes ont fait état de ses accomplissements. Grande syndicaliste québécoise, elle fut aussi féministe, à la défense des autochtones, des immigrants, des homosexuels et j’en passe. Donnez-lui une cause et elle la prendra.

La vie d’usine

Madeleine Parent est née en 1918 à Montréal. Aînée de deux enfants, elle grandit dans une famille bien nantie, et son éducation lui permet d’accéder à de hautes études. De 1936 à 1940, elle étudie en sociologie à l’université McGill. Pour elle, les études ne servaient pas seulement à apprendre, puisqu’elle s’est impliquée énormément dans différentes associations scolaires et catholiques. C’est au sein de cette implication qu’elle fait la rencontre de Léa Robak, autre grande militante québécoise qui sera sa complice à travers les différentes causes. C’est d’ailleurs cette dernière qui la convaincra de s’impliquer auprès des mouvements syndicaux dans lesquels elle va œuvrer avec grande importance.

Grande syndicaliste québécoise, elle fut aussi féministe, à la défense des autochtones, des immigrants, des homosexuels et j’en passe. Donnez-lui une cause et elle la prendra.

Si les syndicats sont beaucoup critiqués aujourd’hui et jugés parfois trop contraignants, ils étaient une nécessité au milieu du XXe siècle. Lors de l’avènement des grandes industries, il n’y avait aucune règle ni loi concernant le travail en usine. Les ouvriers travaillaient souvent du lundi au dimanche, 12 heures par jour, et ce, à un salaire de crève-faim. Les enfants aussi œuvraient au sein des grandes usines, leurs petites mains souvent utilisées pour le travail délicat. Et c’est sans parler des accidents fréquents dans les usines qui n’étaient couverts d’aucune sorte. Ainsi, si votre bras restait pris dans une machine, la faute était vôtre et vous étiez renvoyés avec votre invalidité.

Face à cette réalité, Madeleine Parent a décidé d’entrer dans le mouvement syndical de l’époque. Ses premières grandes revendications se feront dans les usines du quartier Saint-Henri et d’Hochelaga, et à seulement 24 ans, elle dirigera le mouvement de syndicalisation des usines de Valleyfield et Montréal dans les usines Dominion Texile. Quatre ans plus tard, en 1946, le mouvement des Ouvriers Unis du Texile d’Amérique (OUTA), dans lequel elle s’implique, déclenchera une grève de 100 jours au cours de laquelle elle se fera arrêter. Peu lui importe puisque les ouvriers vont obtenir gain de cause et auront droit à la syndicalisation.

Tout pour la cause

L’année suivante, en 1947, plus de 700 ouvriers vont faire la grève à Lachute pour avoir une augmentation salariale. Rendue illégale par le gouvernement Duplessis, cette manifestation entraînera encore une fois l’arrestation de Madeleine Parent. Alors que son conjoint écope de six mois de prison, cette dernière réussira à être acquittée suite à une longue épopée judiciaire. Cependant, à cause de ses agissements et de ses idées, le gouvernement Duplessis l’accuse de communisme, ce qui lui vaudra de se faire expulser du OUTA, au sein duquel elle était présidente depuis plusieurs années.

Elle s’exilera donc en Ontario, et va voyager à travers le Canada anglais pour encourager le mouvement syndical. En 1969, elle fonde la Confédération des syndicats canadiens. Elle va aussi créer le Comité Action pour le statut de la femme à Ottawa, où elle représentera le Québec pendant plusieurs années. Même à la retraite, elle se portera à la défense des immigrants, des autochtones et s’investira dans le Référendum de 1980 dans le camp du «Oui». Elle décède en 2012 suite à la maladie du Parkinson.

La journaliste Judy Rebick a écrit que Madeleine Parent était «l’une des rares militantes qui avaient une influence égale au Québec et au Canada». Ses doctorats honorifiques et ses nombreux prix prouvent l’importance que cette femme a eue sur la société canadienne du XXe siècle. Mais c’est surtout avec ses multiples causes sociales et son dévouement envers l’égalité de tout un chacun que Madeleine Parent a su donner une signification intemporelle de ce qu’est le féminisme: la recherche d’un juste équilibre.

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