OPINION: Projet de loi 106 — une législation québécoise cancérigène

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Par François Champoux, étudiant à l’Université du troisième âge (UTA) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) 

«Aime ton prochain comme toi-même» serait pour moi la loi universelle: une loi qui favoriserait le bonheur assurément. Oui bien sûr, encore faut-il qu’elle soit mutuelle. Cette loi ne serait-elle qu’une lapalissade ?

Plus que jamais, le Québec est vendu (donné devrais-je dire) par nos politiciens aux multinationales et autres profiteurs de ce monde; nous le constatons partout, et ce, jusque dans le sous-sol de nos arrière-cours. Avec le projet de loi 106, ce qui s’explore actuellement en gaz de schiste et énergies fossiles dans quelques champs de certains citoyens, deviendra la norme partout au Québec: l’expropriation quasi arbitraire nous guette tous. À cette fin, il faut regarder le documentaire YouTube 20 000 puits sous les terres pour se faire une idée sur notre vulnérabilité

Entre Jésus-Christ et René Lévesque, c’est toujours la même erreur que nous commettons; on aime aveuglément plus nos ennemis que nous-mêmes.

Il faut aussi visiter le site web de Solidarité Ristigouche (http://solidariteristigouche.ca) pour découvrir comment cette municipalité de la Gaspésie est obligée d’entreprendre un combat épique de David contre la Goliath pétrolière Gastem pour simplement protéger sa source d’eau potable.

Ce sont les multinationales et les financières (même coopératives) qui dictent les lois! C’est vraiment honteux la manière qu’on nous impose «d’aimer notre prochain» : on nous dépossède de notre quiétude et de nos biens sans presque aucun respect de notre soi et de notre propriété. Pourquoi aimer celui qui détruit? L’enfer, à ce que je sache, ce n’est pas le paradis que l’amour nous a promis! Obliger la solidarité c’est là une autre définition de la dictature.

En 1976, on a cru que René Lévesque était, pour nous tous, ce messie qui ferait enfin du Québec un pays. Entre Jésus-Christ et René Lévesque, c’est toujours la même erreur que nous commettons; on aime aveuglément plus nos ennemis que nous-mêmes. On les aime tellement qu’on « accepte » de vivre dans la misère pour leur donner nos richesses.

Un peu comme ces Indiens d’Amérique qui ont été décimés par les cowboys américains pour s’établir en ranchers dans l’Ouest, ne leur laissant pratiquement que l’eau de vie pour engourdir leur malheur et leur misère. Il fallait le faire, et ils l’ont fait sans pitié et sans remords. Avons-nous fait mieux au Québec? Non, pas du tout!

Comme apprenant dans notre université d’un savoir qui se veut universel, ou comme travailleur à la sueur de notre front, que cherchons-nous à faire du Québec ? Voulons-nous le canoniser pour sa déchéance (Saint-Québec priez pour nous!) ou en faire un lieu d’une saine prospérité, de paix et de respect?

Nous sommes loin d’être «Maître chez nous» comme le voulait Jean Lesage au seuil de la Révolution tranquille; aucun chef d’État n’a eu la capacité ni le vouloir vers ce devenir. Aucun messie ne nous a sauvé, car le vrai sauveur, ne le cherchons plus et ne l’attendons plus; le seul sauveur, véridique, comme le voulait René Lévesque, c’est nous tous. C’est nous qui devons finalement oser nous aimer d’abord en tout respect de la collectivité. Sans cette ultime prise de conscience, rien de bon n’arrivera chez nous pour bâtir cette nation déchue qu’est cette province d’hiver, de terres et de rivières, qu’on ne respecte pas jusque dans le sous-sol de nos arrière-cours.

Atteindrons-nous un jour cette maturité de penser pour vrai notre pays? Quand arrêterons-nous de croire au père Noël? Le sauveur ce n’est pas l’autre; le sauveur c’est nous autres.

NDLR. Il est également possible de lire cet article via le blogue personnel de notre collaborateur.

Citations

« Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans le défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui […] Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. » – Emmanuel Kant (1724 – 1804)

«Dès l’instant où vous suivez quelqu’un, vous cessez de suivre la vérité.»  -Jiddu Krishnamurti (1895-1986)

« Dans tout soulèvement populaire vient un moment où les idées rétrogrades et les systèmes décadents, jugés inattaquables quelques jours plus tôt, sont dévoilés au grand jour et discrédités par une population jusqu’ici restée craintive et apathique. Le rêve américain (l’idée d’une vie meilleure, où progrès social et prospérité seraient à coup sûr garantis à condition de travailler dur et d’obéir sagement aux règles) a laissé place à une vérité autrement plus amère et cruelle. Nous savons maintenant que ce rêve est un leurre. Nous serons tous sacrifiés sur l’autel du capitalisme débridé. La logique perverse selon laquelle seuls comptent les profits de l’entreprise s’est propagée tel un virus dans nos villes et nos campagnes : délocalisation, emplois sous-traités, coupes budgétaires dans les écoles, fermeture des bibliothèques, expulsions, expropriations, chômage. » -Chris Hedges et Joe Sacco, « Jours de destruction, jours de révolte », éditions Futuropolis, 2012, p. 258-9.

 

 

 

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