Salon du livre de Trois-Rivières: Emprisonné dans un deuil à perpétuité

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Avec beaucoup d’humilité, Christian Tétreault a laissé poindre sa sensibilité d’artiste et ses inspirations d’auteur. Photo: Marie-Christine Perras
Avec beaucoup d’humilité, Christian Tétreault a laissé poindre sa sensibilité d’artiste et ses inspirations d’auteur. Photo: Marie-Christine Perras

Pour une quatrième année, les portes de l’Établissement de détention de Trois-Rivières se sont laissé pénétrer par un auteur invité. Cette activité satellite du Salon du livre propose une série de trois rencontres entre un écrivain et une soixantaine de détenus. Ce jeudi 23 mars, Christian Tétreault a entamé cette série en partageant des anecdotes personnelles et en abordant timidement le sujet principal de son plus récent roman.

Probablement par modestie et par humilité, Christian Tétreault peine à se reconnaître dans la faune des écrivains. Même s’il affirme qu’écrire est la seule chose qu’il sache faire, il ne s’identifie pas à cette classe parfois élitiste. Il a été présent pour toute la durée du Salon du livre avec son roman Sarah et moi, en débutant son séjour trifluvien à l’intérieur des murs de la prison.

Monsieur Tétreault a œuvré longtemps dans le domaine du sport, où il a une brillante carrière de chroniqueur. Connu entre autres pour son humour matinal à la radio privée montréalaise dans les années 90 et son humour plus cinglant dans la première mouture de l’émission Piment Fort, l’auteur d’une dizaine d’ouvrages cache une sensibilité notoire qui ne se révèle que dans son écriture.

Menée par l’animateur François Roy, la discussion s’est davantage faufilée à travers des anecdotes du domaine sportif que de l’expérience d’écriture du conférencier. Les histoires cocasses ont fait réagir l’assistance, demeurée attentive tout au long de la communication. Sa passion pour le monde du sport a orienté sa carrière de chroniqueur et d’auteur. Tétreault s’en inspire par la richesse du large spectre de personnages qui y gravitent, qui passent souvent de la force à la chute.

Le romancier laisse la vie gruger la mort en faisant de son écriture le dépositaire d’une existence qui s’est essoufflée trop vite

Sa plus grande inspiration réside toutefois dans son noyau familial. Le romancier laisse la vie gruger la mort en faisant de son écriture le dépositaire d’une existence qui s’est essoufflée trop vite. Trente ans après le décès prématuré et insurmontable de sa fille de deux ans et demi, Christian Tétreault rend le dialogue possible au-delà des frontières du néant. Son roman à succès Je m’appelle Marie s’est vendu à plus de 90 000 exemplaires. Le bouleversant récit autobiographique se termine par une lettre à sa fille.

La série d’activités «Hors les murs» du Salon du livre s’est propulsée à l’intérieur des murs du centre de détention de Trois-Rivières où une soixantaine de détenus s’est rassemblée pour l’occasion. Photo: Marie-Christine Perras
La série d’activités «Hors les murs» du Salon du livre s’est propulsée à l’intérieur des murs du centre de détention de Trois-Rivières où une soixantaine de détenus s’est rassemblée pour l’occasion. Photo: Marie-Christine Perras

Bien que son plus récent roman ne parle pas directement de sa fille, la trame relate la possibilité de communiquer avec un monde intangible. Sarah et moi raconte l’histoire de deux sœurs adolescentes soudées par une solidarité quasi amoureuse. Sarah tombe dans le coma, ce qui donne à la relation une nouvelle direction, mais ne l’anéantit pas. Par la voie des rêves, les sœurs demeurent en contact.

Même s’il affirme qu’écrire est la seule chose qu’il sache faire, il ne s’identifie pas à cette classe parfois élitiste du monde de la littérature.

La force de la pensée et la foi permettent à Tétreault de demeurer en contact avec sa fille, qui le suit partout dans ses valises. L’auteur garde toujours près de lui le portrait de sa fillette lumineuse. Entre deux anecdotes rigolotes de chambre de joueurs, Christian Tétreault a effleuré sa vie de père brisé, révélant un pan touchant de son discours. Derrière une candide désinvolture se dépouille un être d’une grande sensibilité attribué d’un regard profond et sincère.

Sarah et moi, tome II est publié aux Éditions de l’Homme. Un ouvrage sortira à l’automne, alors que le prolifique auteur planche déjà sur un douzième livre.

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