Le Café Galerie Le Mot-Dit a accueilli la soirée d’ouverture du Off-festival de poésie de Trois-Rivères (OFF-FPTR) le vendredi 3 octobre dernier. Un des organisateurs, Alexandre Dostie, a assuré l’animation de l’événement 100% mauricien. Une vingtaine de poètes ont défilé au micro afin de donner le coup d’envoi de la 8e édition du OFF-FPTR, qui se tient en marge du Festival international de Poésie de Trois-Rivières.
Dans la tradition des nuits de la poésie, les artistes éclectiques, tous originaires ou d’adoption de la Mauricie, se sont succédé dans un décor absurde, mais chaleureux et ont offert des textes hétéroclites. De grandes pointures de la plume ont pris part à cette procession, permettant alors aux plus neufs de partager une scène avec des modèles.
En plus d’être une rencontre avec le public, l’évènement permet aussi aux poètes de se réunir et de partager. «Il n’y a pas grand-chose de mieux qu’un jeune poète qui va voir les vieux et découvrir d’où il vient dans sa poésie, et à l’inverse des plus vieux poètes qui viennent voir les jeunes qui leur rappellent les années quand ils ont commencé», souligne l’animateur de la soirée, Alexandre Dostie.
C’est un de ces anciens qui a ouvert le bal. Paul Dallaire a servi un texte empreint d’humour et a donné le ton à une soirée pleine de surprises. S’en sont suivies des lectures de toutes sortes, alliant performance, son et musique. Parmi les invités se sont retrouvés Patrick Boulanger, Carl Lacharité, Simon Laganière, Carl Hébert, Isabelle Ayotte, Sébastien Dulude et Réjean Bonenfant.
En grande première historique et mondiale, le OFF-FPTR a présenté un gala de luttérature
Bonenfant a d’ailleurs confié s’être senti dépassé, lui qui a soupçonné les organisateurs de l’inviter «que pour faire augmenter la moyenne d’âge». Il a pourtant offert un texte politico-comique qui a fait réagir ardemment la foule qui s’entassait dans le Mot-Dit. L’expérience de l’écriture du romancier est certes évidente, mais son engagement politique et son cynisme se sont agréablement agencés dans un concept original pour faire rire et réfléchir.
Gala de luttérature
En grande première historique et mondiale, le OFF-FPTR a présenté un gala de luttérature dans le hall des bureaux de la boîte de communication Egzakt, au centre-ville de Trois-Rivières. L’idée originale d’Érika Soucy s’est concrétisée devant un public réceptif et participatif. Les poètes se sont transformés en lutteurs de la W.W.OFF et ont contribué à faire sortir la poésie de ses traditionnelles lectures devant micro. L’ambiance musicale était soutenue par Sexe, Bacon et Prédateur 2, déguisés en lutteurs mexicains.
Érika Salvail (Érika Soucy), l’animatrice de la soirée, a d’entrée de jeu annoncé les couleurs sanglantes de ce qui allait se dérouler dans le ring spécialement installé. Elle a ridiculisé la poésie trop rimée et trop classique afin de laisser toute la place à de jeunes créateurs qui réinventent ce médium d’expression parfois effrayant pour ceux qui n’y sont pas familiers. Sous le couvert de personnages loufoques et de costumes de circonstances, les artistes se sont prêtés au jeu et certains se sont amusés à fracasser leurs adversaires en laissant des contusions avec leurs verbes et leurs sonorités. Parmi les invités étaient présents Claudine Vachon, Pascal-Angelo Fioramore et Astrid Apissoghomian.
En plus d’être une rencontre avec le public, l’évènement permet aussi aux poètes de se réunir et de partager
Interprété par Marc-Antoine K. Phaneuf, le personnage d’Antonin Marteau a frappé sur tout ce qui bougeait. Cet artiste visuel et auteur de Montréal a revisité le Manifeste du FLQ, s’en est approprié sa structure et le ton révolté qui s’y rattache. Phaneuf a bricolé avec des mots heurtants pour des personnalités publiques et des phrases assommantes pour des réalités quotidiennes. Son couvre-chef représentant un marteau géant était tout en harmonie avec les nombreux horions qu’il assénait à tout ce qui se retrouvait dans la portée de sa cogne. Il a aussi su bien utiliser le groupe de musique présent dans l’arène en l’incluant dans sa présentation.
Daniel Grenier a quant à lui exploité le thème et le concept de lutte dans une fricassée de coups bas et de descente de coude. Sous le couvert du personnage Alain Fort-Ha!, il a poignardé verbalement ses adversaires de plume présents au gala de lutte. Ses enchaînements mordants de pétage de gueules consonants se sont étendus jusqu’à insulter Edgar Alan Poe. C’est donc peu dire pour ce doctorant originaire de Brossard qui travaille actuellement à l’écriture d’un roman.
Ce concept original fera certainement parler de lui. L’audace des organisateurs et la participation très engagée des auteurs n’auront certainement pas laissé indifférent.