À la lumière des projecteurs : les coulisses de la magie du cinéma (partie 1)

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À la lumière des projecteurs est une chronique sur le cinéma bimensuelle mêlant critique de films, analyse de courants et réflexions sur le 7ème art. Cette semaine, nous levons un bout du voile sur les effets spéciaux peu connus qui font la magie du cinéma. Crédits: Camille Ollier.

Pour marquer la fin d’année qui arrive, il me semblait bon de lever un petit peu le voile sur les secrets de création du cinéma. Sûrement qu’il vous est déjà arrivé de vous dire devant un film « Oh ! Mais comment c’est possible de faire ça ? » voire de penser qu’aujourd’hui, tous les effets ne serait-ce qu’un peu spéciaux ne se seraient générés que par ordinateur… Et pourtant.

Les effets spéciaux visuels, ou practical VFX

Il est vrai qu’il est désormais possible de tourner avec un décor proche du 100% numérique, comme dans les studios MELS à Montréal. À l’aide d’un mur d’écrans placés en arc de cercle et de quelques bouts annexes, les réalisateurs peuvent donner l’illusion d’une ville et ses grattes-ciels, d’une route qui défile en arrière d’une auto ou d’un vélo, ou encore de l’ascension d’une falaise.

Les studios numériques peuvent donner une illusion d’un paysage qui défile. Crédits : profil Instagram du directeur photo Arman Khan.

Mais rien ne peut remplacer (du moins pas encore !) le travail minutieux et manuel de professionnels et d’artisans passionnés. D’après le BTCQ (Bureau du Cinéma et de la Télévision du Québec), la belle province est un pôle à rayonnement mondial dans le domaine des effets visuels. Ce sont des milliers d’artistes et de créateurs qui travaillent dans l’industrie du cinéma et de la télévision, et une quarantaine de studios sur le territoire.

Le terme de VFX vient d’effets spéciaux visuels, et l’expression complète des practical VFX désigne l’ensemble des techniques mises en place sur un tournage pour créer une illusion sans image numérique. Ils regroupent autant les miniatures, le maquillage et les prothèses, les effets spéciaux physiques comme la pyrotechnie, les moulages, les décors… La liste peut sembler sans fin. À chaque production sa panoplie d’effets.

La magie du moulage

Bien souvent, avoir de jeunes enfants sur un plateau de tournage relève d’un vrai casse-tête, en raison des horaires variables, le manque de routine, la longueur de certaines prises… Pour y palier, le studio français CinéBébé (associé au studio Junon) propose non seulement des fausses plantes, nourriture, corps ou organes, mais également des faux bébés. D’autres éléments qui relèvent de la maternité (poitrine, ventre de grossesse, placenta, bassin en cours d’accouchement…) sont aussi proposés pour simuler une grossesse à ses différents stades.

Unique en son genre, l’entreprise Cinébébé loue ses créations, néanmoins il est possible de confectionner sur mesure un bébé. On ne vous parle pas ici de magie noire à la façon de Gargamel créant la Schtroumpfette ! La conception s’initie par la sculpture en terre de l’enfant, puis son moulage en plâtre. Vient ensuite l’étape du silicone, qui sera par la suite retravaillé, peaufiné, et assemblé.

Ce procédé est utilisé depuis plusieurs années au cinéma, notamment pour donner l’illusion d’un cadavre, ou pour créer des prothèses sur mesure changeant la morphologie d’un acteur. Si vous avez été attentif devant Deadpool 2, Matt Damon faisait une courte apparition, totalement transformé grâce aux prothèses sur son visage et ses épaules, afin que même les personnes sur le tournage ne puissent pas le reconnaître !

Michelle, moulage en silicone d’un bébé de 3 mois, peut être louée pour un tournage. Crédits: Cinébébé.

Les détails pour plus d’authenticité

Pour que l’illusion soit parfaite, le travail des détails est incontournable. Il va du le polissage du produit moulé, jusqu’à celui de la couleur de peau. Les prothèses peuvent être très minimes, ou peuvent changer une pommette, un nez, la courbe d’un sourcil, la forme d’un menton… Certaines permettent également de changer la capillarité naturelle d’un acteur, comme dans certaines série où il est question de morts-vivants. Il existe des artistes qui créent de toute pièce les poils et les cheveux, afin ensuite de les implanter dans le silicone. Cette pilosité factice est par après retravaillée par des professionnels de la coiffure et de l’esthétique.

D’autres étapes sont nécessaires, tel que le maquillage du silicone. Cette partie est confiée à des experts du maquillage en effets spéciaux, qui vont venir colorer la fausse peau pour lui donner une texture, des ombres, et même des rides !

Dans le cadre de certaines créatures, le détail va être également au plus profond d’un œil. Pour ceux qui auraient la chance d’aller en Europe un jour, le musée Grévin de Paris propose une collection « d’œils » célèbres. Le studio Fourth Seal propose une panoplie de couleurs, de formes, et de types variés, déjà réalisés, prêts en kits, ou faits au cas par cas. Il montre également dans une vidéo des yeux en silicone, dont le réalisme est extrêmement trompeur.

Un oeil en résine réalisé par Fourth Seal studio. Crédits : site internet de Fourth Seal.

Ainsi, l’illusion à l’écran est un travail de nombreuses mains, dont l’ensemble dupe le spectateur au point qu’il devient difficile de différencier le vrai du faux pour notre plus grand plaisir. Dans la prochaine chronique, nous continuerons sur les effets spéciaux visuels, en abordant les éléments de décors et les techniques de (re)création des éléments naturels. Et puis, qu’avez-vous appris sur le cinéma aujourd’hui ?

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