À la lumière des projecteurs : La Tresse 

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À la lumière des projecteurs est une chronique sur le cinéma bimensuelle mêlant critique de films, analyse de courants et réflexions sur le 7ème art. Cette semaine, je vous présente un film à trois voix, La Tresse, de Laetitia Colombani. Crédits: Camille Ollier.

La Tresse, un lien invisible entre les femmes

Sorti en salles en janvier 2024, La Tresse est l’adaptation du roman éponyme de Laetitia Colombani qui en signe également le scénario et la réalisation. Au croisement des histoires de trois femmes, le film offre un portrait vibrant de la force et de la résilience des femmes.

Affiche officielle du film La Tresse. Crédits : Unifrance.

La Tresse: une histoire , trois récits

Le film La Tresse suit le lien invisible entre trois femmes sur trois continents : en Asie, en Europe, et en Amérique du Nord. En apparence, rien ne les rassemble. Chacune vie un quotidien très différent.

En Inde, Smita (Mia Maelzer) est une Intouchable. Dans un idéal auquel elle croit davantage de jour en jour, sa fille ne subirait pas la même condition, et irait à l’école. En Italie, la jeune Giulia (Fotinì Peluso) a le nez plongé dans les livres quand elle n’est pas à l’atelier avec son père et les ouvrières. Sur ses épaules repose l’avenir de la famille, et elle doit choisir entre faire perdurer les traditions ancestrales et renoncer à ses rêves ou trouver des solutions pour faire vivre l’atelier. À Montréal, Sarah (Kim Raver) est une avocate ambitieuse et dévouée qui jongle entre sa carrière et ses trois enfants. Jusqu’au jour où elle apprend sa maladie, et que sa vie bascule.

Ces trois femmes ont chacune un destin singulier, et pourtant, elles sont liées par leur intimité et par leur force à combattre l’injustice.

Un maillage entre force et émotion

Réalisé d’après son propre best-seller aux 5 millions de lecteurs, l’auteure, scénariste, actrice et réalisatrice Laetitia Colombani met à l’honneur le combat personnel de trois femmes qui ne se contentent pas de ce que la société a à leur offrir. En s’inspirant de la lutte contre le cancer d’une de ses amies, la réalisatrice a su avec brio adapter à l’écran son texte. La mise en scène est sensible et élégante. Laetitia Colombani s’est assurée de conserver des éléments bien particuliers pour ancrer ses personnages dans leurs contextes : la terre et la boue pour Smita, la mer et l’eau pour Giulia, la glace et le verre pour Sarah.

extrait du film

« [Smita] est une force de la nature, un bulldozer, qui
surmonte tout et qui ne doute pas » 

Propos de l’auteure et réalisatrice du film Laetitia Colombani. Crédit: Dossier de presse.
Image : Smita (Mia Maelzer) est une Intouchable. Crédits : Unifrance.

Alors que nous parlions il y a quelques semaines des combats féministes dans le milieu du cinéma, La Tresse offre au spectateur des images époustouflantes de qualité en plus d’un scénario extrêmement bien écrit. Pas étonnant que le film ait remporté de nombreuses distinctions lors de divers festivals. Chaque scène nous transporte à travers le globe, et l’on ne peut que ressentir le quotidien au pas de course d’une avocate montréalaise, les diktats ségrégationnistes hindous, ou le poids des générations et de la réputation des petites villes méditerranéennes.

« Je crois fondamentalement à la résilience et je reviens souvent aux femmes de ma famille car elles ont beaucoup lutté pour obtenir ce qu’elles ont eu, elles n’ont jamais abandonné, elles ne se sont jamais contentées de ce qu’elles ont. La résilience est le mot d’ordre des femmes de ma vie. » 

Propos de Fotinì Peluso, Giulia dans le film. Crédits : Dossier de presse.

La force du féminin

Chaque personnage est animée d’une force et d’un courage qui lui permet d’affronter obstacles et injustices sans flancher, tout en restant fidèles à ses valeurs et idéaux. La thématique des cheveux, comme fil rouge du film, renvoie non seulement au symbole de la féminité, mais également à l’honneur et au courage de certaines cultures. Leur perte, ou le rasage du crâne, est empreint à la fois de la maladie qui ravage, qui détruit sur son passage ainsi que l’espoir de jours meilleurs. Les personnages ne sont pas figés dans des clichés. On respire avec elles, nos cœurs s’accordent avec leur cheminement.

S’il fallait un prétexte pour aller se réfugier à la chaleur d’une salle de cinéma cet hiver, La Tresse est un bel hommage non seulement à la sororité, mais à la beauté de la vie et de ses hasards. C’est un film à couper le souffle qui saura émouvoir les cœurs les plus endurcis.

Bande annonce officielle du film La Tresse. Crédits : SND.

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