À la lumière des projecteurs : les Oscars valent-ils encore quelque chose ?

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À la lumière des projecteurs est une chronique sur le cinéma bimensuelle mêlant critique de films, analyse de courants et réflexions sur le 7ème art. Cette semaine, nous nous penchons sur le faste des cérémonies cinématographiques. Crédits: Camille Ollier.

Dimanche soir avait lieu la 96e cérémonie des Oscars de l’Académie des Arts et des Sciences cinématographiques. Entre les éloges d’Oppenheimer (Christopher Nolan), et les débats sur le mérite d’Anatomie d’une chute (Justine Triet), bon nombre de médias bourdonnent sur les célébrités présentes à la cérémonie. Mais la cérémonie des Oscars, ou ses homologues, ne deviendraient-elles pas l’équivalent d’un Super Bowl du cinéma ? Auquel cas, ces distinctions sont-elles encore garantes de la qualité des films ?

Statuettes des Oscars. Crédits : Handout / Getty Images.

Une transposition du Super Bowl au cinéma ?

À l’instar de l’événement sportif, la cérémonie des Oscars et d’autres distinctions cinématographiques telles que la Palme d’Or (Festival de Cannes), l’Ours d’Argent (Berlinale) ou le Lion d’Or (Mostra de Venise) semblent progressivement se transformer en un spectacle flamboyant, où l’accent n’est plus mis sur la qualité des films récompensés, mais plutôt sur le glamour et la présence des célébrités.

De plus en plus éloignées de leur mission originelle de soutien et de promotion d’un cinéma de qualité, comme le soulignait un article sur l’histoire de ces cérémonies aux États-Unis, elles sont désormais le théâtre de discussions interminables sur les tenues et les déclarations des stars. Elles ont évolué vers une sorte de compétition pour déterminer qui prononcera la phrase la plus percutante, suscitant les débats de l’année.

Les gagnants des différentes catégories des Oscars 2024
Gagnants toutes catégories (de gauche à droite): Robert Downey Jr, Da’Vine Joy Randolph, Emma Stone et Cillian Murphy. Crédits : John Shearer / WireImage.

Films primés, films de qualité ?

La question se pose, alors que médias et réseaux sociaux s’enflamment pour commenter les looks des stars et les anecdotes de la soirée, laissant parfois de côté l’essence même de l’événement. Est-il bien nécessaire de connaître les détails d’une publication de telle ou telle personne quand ce sont plus de 321 films qui concourent ?

Il est certain que le simple fait d’être « nominé » quelle que soit la catégorie est une plus-value pour certains artistes en devenir. Néanmoins, il est bon de se rappeler que ne peuvent concourir que les films dont au moins une personne est membre de l’Académie. De plus, une des conditions pour devenir un membre de la-dite Académie nécessite au moins deux personnes se portant garantes du nouveau membre d’après le processus officiel.

« Assurez vous d’être certain que le candidat a véritablement ` fait preuve de réalisations exceptionnelles dans le domaine du cinéma` Avant d’accepter de parrainer quelqu’un. »

Traduction libre. Crédits : Site officiel de l’Académie des Oscars.

Les Oscars, la critique

Si la médiatisation et le côté spectacle et paillettes des cérémonies de remise de prix peuvent parfois éclipser la valeur artistique des films récompensés, la critique cinématographique ainsi que la subjectivité individuelle offrent un contrepoids important. Le regard peut-être plus neutre quelles peuvent apporter sur les œuvres récentes permettent ainsi de rééquilibrer la perspective et de mettre en lumière certains aspects artistiques.

En englobant une variété de genres, de cultures et de réalisateurs moins représentés, la critique, forte de son expertise et de son analyse approfondie, pourrait mettre en lumière des œuvres innovantes et audacieuses qui passent quelquefois inaperçues. Le travail de concert entre festivals et critiques pourrait ainsi renforcer la crédibilité de ces récompenses en s’appuyant sur le discernement de la critique et favoriser une plus grande transparence dans la sélection des films. De fait, cela permet la promotion du cinéma dans son ensemble, et d’encourager l’exploration de la diversité et de la richesse de la production cinématographique mondiale.

Primés ou nominés ?

Même en gardant ses distances par rapport au faste des cérémonies de remise de prix, il est important de se souvenir que les récompenses cinématographiques ne constituent qu’un indicateur parmi d’autres. La véritable découverte de films de qualité réside principalement dans l’exploration personnelle, où chacun peut trouver des œuvres qui résonnent avec ses propres goûts et sensibilités. Les festivals, quelle que soit leur dimension, demeurent une opportunité pour le public d’accéder à une grande variété de productions, dont la diversité doit rester aussi vaste que les opinions cinéphiles. En définitive, c’est cela qui devrait être à l’honneur et célébré : la diversité, la créativité et l’excellence du cinéma, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Alors, finalement, ne serait-il pas préférable de simplement être nominé aux Oscars ?

Court-métrage nominé réalisé par le québécois Vincent René-Lortie. Crédits : compte Viméo de Vincent René-Lortie.

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