Le livre À nos filles par Michèle Plomer et Justine Latour est un recueil de discussions avec 12 femmes inspirantes. L’autrice a su poser les bonnes questions aux bonnes personnes. Elles sont diversifiées et abordent des sujets parfois tabous, parfois inévitables dans la vie des femmes.
La surface
Cet essai de 328 pages, sous forme de recueil, regroupe 12 entrevues avec 12 femmes inspirantes. Il fut publié en août dernier par l’éditeur le Marchand de feuilles. L’auteur du livre, Michèle Polmer, a été lauréate du prix France-Québec en 2010 pour son roman HKPQ. Elle est également l’autrice de la triologie Drangoville.
Michèle Plomer. Crédits : site web des Éditions Chauve-souris
L’œuvre est parsemée de magnifiques portraits des 12 femmes qui se sont prêtées au jeu. La talentueuse photographe se nomme Justine Latour. Elle exerce sur l’île de Montréal. Elle a également fait des portrait pour le livre Vivre cent ans par Marie-Noelle Blais. Ainsi, sa spécialité en tant que photographe est le portrait, souvent en noir et blanc.
Justine Latour. Crédits : Site web des Éditions le marchand de feuilles
Le fond
Dans le livre À nos filles, on présente douze pionnières qui ont donné naissance à des ouvertures pour d’autres femmes dans des milieux auparavant dominés par la gente masculine. Dans ce recueil, on parle du monde artistique, du monde scientifique et du milieu communautaire. Celles-ci ont pu ouvrir des portes dont la clé était possédée seulement par des hommes. Celles-ci répondent à des questions de Mme Plomer qui ont pour but de répondre à des questionnements qui touchent toutes les femmes, plus précisément les jeunes filles.
L’autrice a discuté avec la réalisatrice Manon Barbeau, la pédiatre hématologue Yvette Bonny, l’écrivaine Marie-Claire Blais , la metteuse en scène Brigitte Haentjens, la chercheuse Yasmina Chouakri, la poète Denise Desautels, la peintre Marion Wagschal, la religieuse Jeanne Lemire, l’écrivaine Nicole Brossard, la poète autochtone Joséphine Bacon, la directrice générale d’un organisme Marjorie Villefranche et l’actrice Paule Baillargeon.
Ensemble, elles abordent des thèmes qui touchent inévitablement toutes les femmes. Par exemple, les difficultés d’être une femme, l’immigration, la religion, l’ambition, les relations intergénérationnelles et beaucoup plus encore. Il est difficile de relever une liste exhaustive de tous les sujets abordés.
La critique
Somme toute, j’attribue une note de 8/10 à ce livre. Tout d’abord, les questions de Michèle Plomer sont plus que pertinentes, mais surtout très variées. Ce livre n’est en aucun cas redondant, car ce sont, pour la plupart, des thèmes différents qui sont discutés.
Par exemple, elle discute d’expatriation avec Marie-Claire Blais. Elle lui pose la question « Quand on a l’impression de ne pas être né dans la famille, le milieu culturel ou le pays où on aurait souhaité naître, est-ce que l’exil est une solution? » (p.72). Celle-ci lui rétorque qu’en temps de pandémie, il est plus pénible de vivre le confinement, « disons que, dans des moments de grande crise, c’est difficile » (p.72).
Elle demande également à Brigitte Haentjens « Le théâtre demeure-t-il alors un lieu essentiel pour explorer la question du pouvoir, de la sexualité et de la vie des femmes? » (p.102). La metteuse en scène répond « Absolument. Plus que jamais, même » (p.102). Cette question est plus que pertinente dans le sens où on met en relation l’art ou les œuvres d’une personne ainsi qu’une réalité qui touche toutes les femmes.
L’auteur aborde le thème de l’argent avec la grande Marion Wagschal. À l’heure actuelle, peu de mères semblent prendre un moment avec leurs filles pour discuter d’argent. Elle lui demande « […] Croyez-vous que ce soit important d’entamer et d’entretenir une discussion à ce sujet avec nos filles et nos petites filles? » (p.193).
Quelques réserves
Cependant, le seul point négatif de cet essai est que, parfois, certaines réponses données semblent incomplètes. Cela laisse au lecteur un sentiment d’incompréhension, car il manque d’explication. Pour illustrer, elle demande à Mme Yvette Bonny si, de nos jours, on focalise trop sur les femmes superficielles. Elle lui répond : « […] la vie les pousse à prendre rapidement des décisions qui, inévitablement, devront être changées demain. Je pense qu’avant de faire un choix, il faut analyser la question » (p.53). Cette réponse reste décevante, il aurait été intéressant de savoir comment Mme Bonny analyse ladite question.
Pour conclure, cet essai féministe regroupe des discussions, des réflexions et des questionnements profonds sur les réalités qu’une femme doit affronter au travers de sa vie. Ce livre ne donne pas des conseils comme tels, mais il nous pousse à se concentrer sur soi et pousser l’introspection. Celui-ci est disponible dans la majorité des librairies québécoises.