À Vrai Dire est un éditorial bimensuel qui invite à la réflexion par le biais d’anecdotes culturelles du monde entier. Crédits: Journaliste
Pour ce deuxième éditorial, j’aimerais aborder une problématique dont on parle constamment, mais qui, paradoxalement, ne semble pas s’améliorer. Il s’agit d’une réalité que nous connaissons fort probablement tous en tant que membres de la communauté universitaire; le stress et l’anxiété. Certains parviennent mieux que d’autres à gérer cette bête noire, mais, pour d’autres, la pression devient si lourde qu’elle exige une véritable prise en charge. Les faits sont clairs : bon nombre de personnes s’épuisent à petit feu et il faut que ça change. Observons d’abord le portrait qui est dépeint de notre société, avant d’explorer une culture qui a su composer avec ce fléau moderne et qui semble en récolter les bienfaits. Sans plus tarder, entrons dans le vif du sujet.
Un portrait qui en dit long chez la communauté universitaire
C’est plus de la moitié des femmes âgées de 18-34 ans — soit 33,6 femmes sur 50 — qui affirment éprouver un stress assez ou extrêmement intense dans la vie. Pour les hommes de la même tranche d’âge, on parle de 20,2 sur 50, selon une étude québécoise réalisée en 2021. Ces données placent ce groupe comme la deuxième tranche d’âge la plus touchée par le stress, juste derrière les 35-49 ans1. Les statistiques ne font qu’empirer quand on observe les étudiantes et les étudiants universitaires. Une autre étude a été réalisée auprès de 6 200 universitaires canadiens de 1er cycle et révèle que près de 30% d’entre eux sont considérés comme éprouvant un niveau élevé de détresse psychologique2.
Ces statistiques sont ahurissantes et sont le reflet d’un déséquilibre dans notre quotidien. En d’autres termes : quelque chose ne va pas! Il est temps de reprendre les rênes de notre vie si nous voulons non seulement survivre à nos études, mais les mener à terme avec succès. On peut d’ailleurs se poser la question : quelles sont réellement nos priorités, nous qui faisons partie de ces statistiques accablantes? Et si la priorité, finalement, c’était de se sentir bien, autant mentalement que physiquement, pour pouvoir atteindre nos objectifs de manière optimale tout en appréciant le chemin?
«Parmi les différentes sources de stress vécues lors du parcours universitaire [1], on retrouve notamment la pression liée à la réussite scolaire, la compétition dans certains programmes d’études, le sentiment de solitude, le manque de temps, les enjeux liés à la précarité financière ainsi que les craintes reliées à l’insertion dans le monde du travail. La vie étudiante universitaire comporte donc son lot de stress!»3
Le pouvoir appaisant de la forêt
Maintenant que vous avez une idée plus claire de cet enjeu de société, j’espère que vous réalisez tous que nous ne sommes clairement pas seuls à affronter de tels défis. Il est important de comprendre que le problème ne vient pas de nous : rien n’est brisé en nous individuellement, c’est plutôt un déséquilibre de la société. Ceci est une bonne nouvelle, car cela signifie qu’il existe des solutions et qu’un changement est possible. Je vous invite donc à tourner notre regard vers une culture qui, depuis des millénaires, cherche l’harmonie entre le corps et l’esprit. Il s’agit des Japonais, qui ont développé notamment une technique qui s’appelle le Shinrin Yoku, signifiant «bain de forêt». Plongeons ensemble dans cet univers fascinant.
La nature occupe une place centrale dans la culture japonaise, et cela ne date pas d’hier. Depuis toujours, les Japonais considèrent l’humain comme faisant partie intégrante de la nature, plutôt que comme son opposé. Ce lien étroit se manifeste dans toutes les sphères de leur vie : l’esthétique et l’art, l’architecture, la médecine, les croyances, ainsi que dans leurs traditions.
Le Shinrin Yoku, une tradition japonaise ancestrale
«Si le fait de marcher en forêt n’a rien d’extraordinaire, les bienfaits ressentis pendant et après une séance de [shinrin yoku] le sont»4. Voici quelques-uns des mille et un bienfaits des bains de forêts : diminution du stress physique due à la réduction de l’activité du système nerveux, diminution de la tension artérielle dès les quinze premières minutes en nature, amélioration de l’immunité, détente physique… et bien d’autres encore (Miyazaki, 2018).5 La nature a un véritable pouvoir de régénération. Et même si les études scientifiques le confirment de plus en plus, chacun peut le constater par expérience : on se sent immédiatement mieux après une simple marche, après avoir laissé son regard vagabonder entre deux diapositives, ou simplement après une grande bouffée d’air frais.
Mais les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là : vous habitez en ville et il n’y a pas de forêts près de chez vous? Pas de problème. Le Shinrin Yoku englobe toutes les pratiques qui se rapportent à la nature, soit marcher dans un parc, contempler les étoiles à la tombée de la nuit, observer le fleuve ou un cours d’eau, cultiver des fleurs ou un jardin, pratiquer l’aromathérapie, l’équitation ou la zoothérapie, privilégier les matériaux naturels, aller au spa ou au sauna… Même le simple fait de s’occuper de nos plantes intérieures procure un effet relaxant en plus de purifier l’air de notre espace. Il suffit de choisir la pratique qui nous convient; tout le monde peut y trouver son compte. (Miyazaki, 2018, p. 97)6
Il serait d’une utopie naïve de prétendre qu’il suffit de sortir quinze minutes pour vous imprégner de la beauté de la nature et d’en ressortir guéris. Non, ce n’est pas le point de cet éditorial. Mais c’est un point de départ. C’est une manière d’apaiser notre quotidien, plutôt que d’ajouter à la montagne qui parfois se dresse devant nous. Et honnêtement, je pense que n’importe qui verra sa vie s’améliorer, ne serait-ce que d’un petit pourcentage, après s’être adonné à cette pratique. Et c’est exactement l’objectif de cet éditorial. On se dit donc à dans deux semaines pour un nouveau sujet.