Adieu Narcisse au Backstore !

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Samedi le 9 décembre, au Backstore Frida, le collectif multidisciplinaire Adieu Narcisse se produisait devant les trifluviens.

De gauche à droite : Jorie, Phile, Fred-Anne, Jean-Étienne, Mike. Crédits : Charles-Antoine Godin

Un spectacle aussi émouvant qu’électrisant

À 21h30, le show a commencé en grande pompe avec l’interprétation de Pénélope. Cinq des membres du collectif Adieu Narcisse sont sur scène : Jorie le chanteur, Phile performeuse/danseuse, Mike à la basse, Jean-Étienne à la batterie et Fred-Anne au saxophone. Tous.tes vêtu.es d’un blanc éthéré et groovy « à la Bowie » comme l’a décrit Jorie.

Le groupe, qui se présente comme « un band de musique non conventionnel », électrise la scène par sa performance théâtrale, musicale et brute. Les mouvements de danse de Phile et Jorie captivent et émeuvent le public avant de peu à peu le contaminer. Les musiques s’enchainent sans entracte. Quelques courtes pauses laissent le temps à Jorie de s’adresser au spectateur.ices. Il leur parle de non-binarité, du (très) problématique conseil des sages de la CAQ , du privilège de travailler dans le milieu de la culture, où la communauté queer est valorisée… Contrairement aux autres secteurs d’emploi où elle est invisibilisée.

Lorsqu’iels jouent Marjorie, Fred-Anne, Phile et Jorie rejoignent le public dans sa transe en dansant. La fin du spectacle arrive trop vite. Les spectateur.ices sont toutefois ravi.es, énergisé.es, apaisé.es. par la présence marquante et vivifiante de membres de la communautés queer. Adieu Narcisse, répond a un besoin. « Un besoin qu’il y a partout dans le monde de parler [des enjeux d’identité de genre]. », confie Jorie. Il s’agit aussi de représenter, d’offrir des modèles qui sortent des schémas traditionnels. Le collectif révèle toute la magnificence, la résilience et la bravoure qu’il y a dans la fluidité.

Un groupe organique

Jorie découvre en France la musique francophone de Flavien Berger, Vendredi sur mer et l’Impératrice, entre autres. Inspiré par ces formations musicales, il se met à son tour à écrire en français et amène le spoken word au Québec. Son premier titre Narcisse le pousse à développer son personnage scénique et approfondir sa réflexion sur l’ego et l’amour de soi. Peu après il rencontre Phile. La « synergie scénique » entre les deux devient rapidement la genèse du projet. Pour Jorie, « Phile était déjà une brute scénique quand [iels] ont commencé à jouer ensemble. Pour que [Jorie] puisse prendre sa place il a fallu qu'[il] upgrade sa game. » C’est ainsi qu’il a développé un langage corporel très performatif, qui incarne les émotions de ses textes avec puissance.

Les nombreux.ses artistes qui portent aujourd’hui le projet Adieu Narcisse se sont greffé.es au fil du temps. Ils comptent notamment Gabriel, artiste visuel qui peint en live pour certains shows et Daniel qui les accompagne par la danse. Si Jorie est le moteur du groupe, il insiste sur l’aspect collectif du groupe : « Si je travaille avec ces gens-là, c’est parce que je veux leurs couleurs. » Il insiste « Si je travaille avec eux, c’est parce que j’ai envie que eux aussi contribuent à ce truc-là. C’est pour ça que j’ai tendance à dire que c’est un collectif. »

Un groupe de musique non conventionnel

Le fait d’amener tant de nouveautés et de transcender la représentation musicale par une telle variété d’expressions artistiques est un challenge. Jorie explique : « C’est difficile, car les gens ne comprennent pas notre démarche, mais quand les gens se pointent aux spectacles et voient l’étendue de ce que c’est, je pense qu’il y a comme un « Oh ok c’est ça un spectacle d’Adieu Narcisse! » » S’il a conscience qu’il ne peut pas forcer les gens à être curieux, il pense que l’aspect multidisciplinaire peut enrichir la musique québécoise actuelle. « Après notre passage aux Francouvertes 2020, j’ai le feeling que pour les cohortes d’après, la mise en scène était plus présente. On a un peu ouvert des portes, au niveau que ça peut être autre que juste de la chanson. La musique, ça peut être n’importe quoi. Tant qu’il y a une chanson, le reste ça peut être ce que tu veux. »

Souligner le collectif et la multidisciplinarité, c’est dans la continuité de l’idée progressive que leur présence porte. L’horizontalité du groupe s’affirme d’ailleurs davantage lorsque d’autres membres du groupe prennent le micro. Ça a notamment été le cas de Phile lors de leur représentation à Trois-Rivières.

Finalement Adieu Narcisse c’est une formation musicale multidisciplinaire électrisante, colorée, inclusive, dont la démarche souffle un vent nouveau sur le paysage musical québécois.

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