Lors d’une séance du cours de baccalauréat en communication sociale intitulé « Médias, société et culture en contexte numérique », animé par le professeur Jason Luckerhoff, Annie Desjardins a eu l’opportunité de partager avec les étudiants et le public les interrogations fondamentales qui sous-tendent sa thèse doctorale. Dans un monde constamment en évolution et interconnecté, l’ancienne journaliste analyse avec finesse les dynamiques complexes entre journalistes et sources au sein d’un paysage médiatique en perpétuelle mutation. Une plongée captivante dans les défis de collaboration, d’opposition et d’interdépendance qui façonnent l’information d’aujourd’hui.
Annie Desjardins, journaliste, étudiante…
Dans le monde tumultueux des médias contemporains, où les flux d’informations rivalisent pour capter l’attention des consommateurs, la relation entre journalistes et sources revêt une importance cruciale. Annie Desjardins, une jeune Acadienne originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick, explore cette dynamique complexe à travers le prisme de son expérience professionnelle et académique.
Après avoir obtenu son baccalauréat en information-communication à l’Université de Moncton, Annie est revenue dans le monde des médias en travaillant comme chroniqueuse et webmestre pour l’émission de radio Tout un samedi de Radio-Canada Acadie. Cependant, malgré son immersion dans le domaine, elle a ressenti le besoin de retourner aux études pour approfondir ses réflexions et répondre à ses questionnements professionnels.
Elle réalise une maîtrise en études médiatiques à l’Université d’Ottawa, avant de poursuivre au doctorat en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières depuis 2021. Sous la direction de Jason Luckerhoff et Marc L. Johnson, elle s’intéresse aux médias en milieu minoritaire francophone au Canada et à l’enseignement supérieur. Elle est récipiendaire de la prestigieuse bourse de la Fondation Baxter & Alma Ricard. Son parcours illustre parfaitement la dualité entre pratique et théorie qui caractérise sa démarche. Ayant travaillé sur le terrain en tant que journaliste, Annie analyse désormais la relation du journaliste avec sa source dans le cadre de sa thèse doctorale. Dans ce cadre, elle porte une attention particulière à la façon dont cette relation évolue à l’ère numérique, alors que les médias traditionnels font face à des défis sans précédent.
« Je trouvais que je n’avais pas la chance de creuser dans les sujets comme je le voulais. Je voulais approfondir mes questionnements et ce n’est pas au sein du métier de journaliste que je pouvais le faire. (…) Et donc, quoi de mieux que le doctorat pour creuser, creuser, creuser ? »
Propos de la doctorante Annie Desjardins lors de la conférence.
Une relation en tension
À l’ère des médias sociaux et de l’information instantanée, les journalistes se retrouvent souvent à jongler entre des contraintes de temps et une pression accrue pour produire du contenu rapidement. Cette réalité se reflète dans les interactions entre journalistes et sources, où la recherche de l’information fiable peut parfois être compromise au profit de la rapidité.
Les défis auxquels sont confrontés les médias traditionnels, tels que le déclin des revenus publicitaires et la concurrence croissante des plateformes numériques, exercent une pression supplémentaire sur les journalistes. Dans ce contexte, la relation journalistes-sources peut devenir tendue, marquée par des négociations constantes et des compromis parfois difficiles.
Annie souligne l’importance vitale des médias dans les communautés francophones minoritaires du Canada. En tant que gardiens de la langue et de la culture, les médias jouent un rôle essentiel dans le renforcement de l’identité francophone et la promotion de ses intérêts.
« Une culture qui ne dispose pas de couverture médiatique est une culture menacée. (…) L’importance d’avoir des médias, n’est pas seulement sur le contenu du média mais sur le média lui-même ».
Annie Desjardins lors de sa conférence.
Un questionnement en suspens
Cependant, face à la crise de l’information qui sévit actuellement, des questions se posent quant à l’avenir de cette relation et des médias eux-mêmes. Comment les journalistes peuvent-ils rester fidèles à leur mission d’informer tout en naviguant dans un paysage médiatique en constante évolution ? Comment les médias traditionnels peuvent-ils rivaliser avec les géants du web que sont les GAFAM (Méta, Apple, Amazon, Google…) tout en préservant leur intégrité journalistique ?
Ces questions soulignent l’importance cruciale de la recherche d’Annie et de travaux similaires dans la compréhension des enjeux contemporains des médias. Alors que le paysage médiatique continue de se transformer, il est essentiel de mettre en lumière les défis et les opportunités qui se présentent aux journalistes, aux sources et à l’ensemble de l’industrie des médias.
En fin de compte, le travail d’Annie Desjardins illustre le pouvoir transformateur de la recherche universitaire dans la compréhension et la résolution des problèmes complexes auxquels sont confrontés les médias aujourd’hui. En explorant la relation journalistes-sources dans un contexte linguistique minoritaire, son travail contribue à enrichir le débat sur l’avenir de l’information et du journalisme dans notre société moderne.
