Anthropologie moderne : Création de besoins 101

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Je suis probablement l’une des dernières Nord-Américaines à ne pas avoir encore de iPhone, et je suis sur le bord de craquer sous la pression. Je me confesse, j’ai même commencé à regarder les forfaits. Habituellement, je me porte bien sans : mon pouls est normal, mon système respiratoire fonctionne bien, mon cell fait la job quoi!

Mais lorsque je me retrouve en présence de gens qui en possèdent un, il devient soudainement aussi performant que deux cannes de métal reliées avec un bout de ficelle : rien ne fonctionne assez vite, mes photos sont horribles, mon son est complètement nul. En plus, ceux qui en possèdent un l’ont toujours dans les mains. Peu importe la situation, dans le métro, en classe, à la Chasse Galerie pendant qu’ils sont avec des amis, ils ont les yeux rivés dessus et l’index qui s’agite! Il doit se passer quelque chose derrière ce petit écran 2,3″ par 4,8″ qui m’échappe… Il me le faut!

Une des caractéristiques propres à notre espèce est bien la création de besoins. Je doute fort que les singes aient besoin d’un abri Tempo ou d’une résolution HD pour survivre. Je ne dis pas qu’il s’agit d’une caractéristique innée chez l’humain, je crois plutôt que nous avons été conditionnés à acheter. Pensons-y, depuis les années 50, une centaine de scientifiques notent nos faits et gestes pour arriver à développer des stratégies qui permettent à ceux qui les engagent de nous vendre leurs cochonneries. On nous fait croire à une fausse liberté. On nous dit qu’on a le choix, mais en fait, on n’a le choix qu’à travers les choix qui ont été établis par l’industrie.

Toutes les raisons sont bonnes pour acheter : parce qu’il y avait un spécial, parce qu’on ne feel pas et que ça fait donc du bien de s’acheter des nouveaux accessoires, ou qu’au contraire, on a quelque chose à fêter, alors on se gâte un peu. En ce qui concerne la justification d’achats, je suis probablement la pire d’entre tous; je pourrais pratiquement fournir le tiers monde juste en chaussures.

On se crée des besoins, car on doit constamment tout renouveler : les modes changent vite, les autos brisent vite et les technologies ne deviennent plus compatibles. Bref, on devient rapidement nous-mêmes désuets, il faut constamment se rééquiper.

Vivre à crédit

Depuis un moment, on parle surtout de consommation rapide. On veut tout, tout de suite et maintenant. C’est fini, économiser pour s’acheter des trucs. Maintenant, pour se payer tous ces beaux cossins vitaux pour notre ego, on vit à crédit. La pression est tellement forte, elle est presque palpable.

On n’a qu’à regarder à côté pour se créer de nouveaux besoins. On veut être accepté des autres, on veut être comme les autres, on veut vivre avec les mêmes moyens que les autres : le voisin a une nouvelle piscine, grâce à ma marge de crédit, je peux en avoir une aussi; toutes mes chums de filles partent dans le sud, je peux mettre ça sur mon prêt et y aller aussi. On ne réfléchit presque plus avant d’acheter.

Dans notre belle société capitaliste chérie, nous avons un rôle très sérieux à accomplir : le rôle du consommateur. Par définition, un rôle social sous-entend une performance à livrer et une notion de compétence. En ce qui à trait à la performance, je crois qu’il n’y a aucun problème là-dessus, nous sommes des consommateurs très performants! Le problème se situe plutôt du côté de la notion de compétence : c’est bien simple, on ne connaît pratiquement rien au crédit. La majorité des gens ne sont pas assez informés.

Lorsqu’on obtient notre permis de conduire, on doit apprendre le code de conduite, la signification des panneaux. Pourquoi ce ne serait pas la même chose lorsqu’on se procure une carte de crédit ou un prêt? On apprend par nous-mêmes, par essai-erreur. Une chance que ce n’est pas comme ça sur la route! Notre rôle de consommateur n’est donc rempli qu’à moitié.

Et le bonheur?

Un homme qui possède tout (matériellement parlant) est-il plus heureux qu’on homme qui ne possède rien?

J’ai lu quelque part que lorsqu’on achète quelque chose qu’on voulait depuis longtemps, qui nous a couté cher et qui nous tenait vraiment à cœur, on ressent effectivement une émotion qui se rapproche de l’euphorie. Par contre, cette euphorie ne dure qu’environ deux grosses semaines. Après ça, nous perdons tout notre intérêt.

Pour retourner sur notre high, on doit s’acheter de nouveaux trucs tout aussi éphémères. Je n’apprendrai rien à personne en disant qu’il s’agit donc d’un bonheur artificiel et passager, mais la question que je me pose est la suivante : si l’être humain doit «posséder» pour se sentir accepté des autres dans notre société actuelle, peut-il être heureux sans possession matérielle? En sommes-nous rendus là?

Bref, le bonheur universel, le vrai, le pur, le dur, ne s’achète peut-être pas… mais ne nous décourageons pas chers amis, car pour toutes les autres bébelles, il y a Mastercard!

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