«L’être humain est une créature proprement extraordinaire. Il a découvert le feu, bâti des villes, écrit de magnifiques poèmes, donné des interprétations du monde, inventé des images mythologiques, etc. Mais, en même temps, il n’a pas cessé de faire la guerre à ses semblables, de se tromper, de détruire son environnement, etc. La balance entre la haute vertu intellectuelle et la basse connerie donne un résultat à peu près neutre.» – Umberto Eco
Je suis tombée sur cette citation dernièrement, et elle m’a fait réfléchir. Tellement que j’ai décidé d’en faire le sujet d’une de mes chroniques…
L’ÊTRE HUMAIN 2.0 n.m. (lat. homo) Mammifère terrestre, ayant comme habitat naturel n’importe quel endroit qu’il peut s’approprier. Reconnu pour sa capacité d’ingénierie, il est assez habile pour dompter le feu, construire des pyramides et aller sur la lune, mais incapable de lécher son propre coude… L’être humain 2.0 est une créature merveilleusement contradictoire.
L’être humain est une espèce qui me fascine. Je pourrais passer ma vie à la regarder vivre. Elle m’émerveille principalement par sa paresse… Ne vous vexez pas chers humains, car en fait il s’agit, selon moi, de notre plus grande force. C’est cette même paresse qui a permis toutes ces nombreuses innovations. Dans sa quête interminable de se simplifier la vie au maximum pour atteindre le jour J où il pourra enfin étendre son gros cul de bipède sur un sofa du futur pour regarder ses inventions vivre à sa place, l’être humain a fait des découvertes géniales.
Nous sommes partis de rien pour nous bâtir un monde entier complètement à notre image. Un monde plein de confort et d’accessibilité. Nous nous sommes établi un système de dépendance international que l’on a affectueusement nommé la mondialisation. Nous pouvons maintenant partager des informations, des biens, des services, des politiques et bien d’autres choses à l’échelle de la planète, ce que je trouve personnellement formidable.
Par contre, avec la mondialisation, en plus de creuser d’énormes fossés entre les pays riches et les pays pauvres, nous dépensons nos ressources à la vitesse grand V. Nous risquons même d’en manquer dans un avenir plus rapproché que l’on avait prévu… Mais ce n’est pas grave, car je peux maintenant manger des fraises en janvier!
Nous sommes tous remplis de bonnes intentions, mais nous faisons tout, tout croche. Nous ne pensons pas aux générations futures. Le mot d’ordre est de produire : on produit, on produit, il faut faire du profit! C’est la stupidité humaine… On ne peut pas être parfait après tout! L’être humain a de la difficulté à penser à long terme. Nous avons une vie relativement courte, toutes les décisions que nous prenons sont axées sur notre petit nombril. Il n’y a pas de mal à cela, mais ça fait en sorte que nous nous retrouvons dans une situation critique. Il y a maintenant presque plus de bouches à nourrir que de ressources disponibles.
Vous connaissez peut-être l’histoire du Test Tub ? Dans cette expérience, David Suzuki (chercheur écologiste) a pris une bactérie qu’il a mise dans une éprouvette qu’il nomme «l’espace de nourriture». Il démontre que tout grandit à une vitesse exponentielle : à chaque minute, la bactérie se multiplie par deux. Après une minute, il y a deux bactéries dans le tube. Après 2 minutes, il y en a quatre. Après 3 minutes, il y en a huit, ainsi de suite… Le tube est complètement plein après soixante minutes.
Donc, en faisant le calcul à l’envers, on comprend qu’après cinquante-neuf minutes, le tube ne se trouvait qu’à moitié rempli par les bactéries. Suzuki compare l’éprouvette (l’espace de nourriture) à la terre, l’Homme étant la bactérie. Il s’agit d’une métaphore de la surconsommation provoquée par la mondialisation. Actuellement, nous serions rendus à cinquante-neuf minutes, soit à la moitié de la capacité de la terre. Dans «une minute», le tube sera complètement plein et c’est seulement à ce moment que l’on s’aperçoit qu’il y a un problème dans l’équation.
En voulant nous simplifier la vie, nous en sommes venus à détruire notre environnement. Il y a donc deux choix devant nous : soit nous changeons complètement notre beau système douillet qui valorise le pouvoir de la production et de la consommation, soit nous déménageons tous sur Mars! Comme le cout de la vie est très élevé sur Mars et que son système d’aqueduc est un peu douteux, nous serions mieux d’utiliser cette force d’ingénierie que nous avons déjà et simplement la rediriger pour trouver des solutions et remédier à la situation.
Au lieu d’utiliser la mondialisation pour nous enrichir en vendant des Nike au quadruple du prix fabriqué par des enfants exploités en Chine, nous pourrions l’utiliser pour aligner nos forces et donner, tous ensemble, une seconde chance à l’être humain et ainsi, nous laisser encore le temps de faire bien d’autres erreurs…
Très beau texte qui fait réfléchir dans la bonne direction. Bravo Stéphanie