Anthropologie moderne : Quand septembre revient

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Septembre: mois des pommes, des cônes orange, des téléromans qui recommencent et du back to school.

Toute bonne chose a une fin: on range le Banana Boat et on sort les vieux PC et/ou Mac. (Je tenais à mettre les deux, pour ne pas recevoir de lettre d’injure de la part des fanatiques d’Apple qui ne veulent surtout pas être mis dans le même panier que, comme le disent certains, les «déchets technologiques de PC». On ne rigole pas avec un fanatique d’Apple. Vous l’apprendrez à vos dépens.)

Préparez-vous à ne pas tenir vos belles résolutions d’étudiants remplis de bonnes intentions, à perdre votre joli bronzage d’été et à revoir en boucle les reportages touchants sur la tragédie du World Trade Center pour la cent-soixante-dixième fois consécutive… Et on n’y échappera sûrement pas avant encore une couple de mois de septembre.

Vos fils d’actualité Facebook vont bientôt être envahis de statuts dont on se fout complètement sur le «frette», les journées qui raccourcissent et les millions de lectures à faire… Les plus chanceux auront même de jolies photos de feuilles d’automne dans leur Instagram, parce que la vie est tellement plus belle sur «Insta», tout particulièrement les feuilles d’automne…

On redécouvre nos vieux fonds d’écran dépressifs de mai dernier, on les change pour une photo de notre fin de semaine du travail passée à Old Orchard pour s’accrocher le plus longtemps possible à ce qui nous reste de l’été, mais on sait tous qu’il va bien falloir se résigner et retourner au bon vieux fond d’écran dépressif. Dépressif, mais tellement épuré et propice à la concentration… J’ai déjà hâte d’y être.

Préparez-vous à ne pas tenir vos belles résolutions d’étudiants remplis de bonnes intentions, à perdre votre joli bronzage d’été et à revoir en boucle les reportages touchants sur la tragédie du World Trade Center pour la cent-soixante-dixième fois consécutive.

On redécouvre également les beautés du campus: la rareté des stationnements, la cacophonie dans les corridors, l’interminable file d’attente devant le Tim Hortons, les trouvailles auditives de toutes sortes, et j’insiste sur le «de toutes sortes», aux mardis karaoké de la Chasse Galerie. On redécouvre l’odeur louche de pâte et papier dans la cage d’escalier du pavillon Ringuet et on se demande : «Mais comment ai-je pu vivre sans tout ça tout l’été durant!?»

Une des choses qui ne changent pas en septembre, c’est notre niveau de consommation d’alcool. Pas de trêve pour personne, le party continu! La seule différence est qu’au lieu de se souler en bikini sur la plage avec des amis en buvant des mojitos aux fraises, on le fait dans le bois, au «frette», attaché à la cheville d’un inconnu déguisé en Schtroumpf avec de la bonne Molson tablette… Vive septembre et les joies des initiations universitaires!

Les cours recommencent et on revoit nos amis et coéquipiers. Comme bienséance oblige, on leur demande : «Alors comment s’est passé ton été?». Quand vient notre tour, on essaie très fort de résumer, en deux phrases, quatre mois de pures spontanéités. Entre nous, on se fout un peu de ce que les autres on fait durant leurs vacances, n’est-ce pas? On cherche seulement à briser la glace avec des gens que l’on n’a finalement pas vus depuis mai dernier, avec qui on s’était juré entre deux «toi je t’aime», un peu pompette, au party de fin de session, d’aller faire du camping durant l’été.

La rentrée était si amusante quand on était enfant: on avait la surprise de voir qui allait être notre enseignant pour l’année, la surprise de voir si nos amis allaient être dans la même classe que nous, quel allait être notre nouveau bureau. On avait du beau «stock» tout neuf. Les petits riches avaient même fait faire des autocollants à leur nom pour identifier leur matériel. Pour les autres, il fallait gratter avec des ciseaux le bout de nos Crayola, un par un, pour enlever la peinture, question d’y inscrire nos initiales. Maintenant, le «fun» de la rentrée, c’est d’éviter l’heure de pointe à la Coop et de choisir entre le cahier spirale 180 pages bleu et le cahier spirale 180 pages rouge.

Pour certains, l’arrivée de septembre est un grand soulagement. Il annonce le retour au calme après un été passé à travailler comme des fous ou à faire la rumba. C’est la remise en ordre du foie, de l’estomac et même du cerveau. Pour d’autres, c’est le stress qui recommence, la vie sociale qui se termine, la dépendance à la caféine qui reprend et l’eczéma qui réapparait.

Une chose est certaine, on ne peut éviter septembre. Il s’agit d’un passage obligé. C’est pourquoi je vous souhaite à tous une bonne rentrée scolaire: amusez-vous, étudiez avec passion et ne prenez pas trop de résolutions que vous ne pourrez pas tenir… en fait, ne prenez pas de résolution tout court. Profitez de vos belles années. Après tout, pour plusieurs d’entre nous, il s’agit de nos dernières rentrées scolaires. Sans vouloir être trop nostalgique, toute bonne chose à une fin.

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