YOLO – You Only Live Once, aussi appelé le carpe diem des pauvres, est une expression virale utilisée abusivement par la communauté pré-pubère occidentale. Elle est souvent utilisée à toutes les sauces pour justifier n’importe quelle connerie : la vie est courte, il faut tout voir, tout faire, tout goûter, tout baiser! Bien qu’il soit maintenant employé à la blague de manière péjorative, cet acronyme traduit pourtant la ligne de conduite d’une génération entière, qui va au-delà des 13-17 ans.
En quelques décennies, nous sommes passés d’une population de Yes man à une société de Yolo.
La rumeur court que les employeurs commencent à s’arracher les cheveux de la tête à voir tous ces petits-nombrils-du-monde débarquer sur le marché du travail : il leur faut et ce, dès le début de leur entrée en fonction, de gros salaires (car ils sont éduqués les petits maudits), au moins un congé payé par 6 mois pour aller parfaire leur bagage culturel et partir à la découverte de leur identité dans quatre ou cinq pays d’Europe, et ils ne peuvent travailler plus de trois jours par semaine, parce qu’ils n’ont tout simplement pas juste ça à faire… On est bien loin des boomers à qui on criait par-dessus tête «il faut commencer au bas de l’échelle!» Peut-être sont-ils jaloux de nous voir ainsi «vivre qu’une seule fois»?
Les temps changent et c’est tant mieux comme ça selon moi. On prône maintenant l’enrichissement culturel avant l’enrichissement monétaire : on ne veut rien savoir du maudit moule! Par contre, à tous vouloir notre réussite individuelle, on en oublie nos bonnes manières : le «je», «me», «moi» l’emporte sur le «nous», «nos», «notre».
En fait, notre société connait présentement une crise identitaire qui provoque, chez les êtres qui la composent, un sentiment de vide et de solitude. La mondialisation a apporté un grand melting-pot de cultures, de religions et d’idéologies différentes, de sorte qu’il est maintenant difficile de s’identifier à travers tout ça. On se recroqueville donc sur soi-même.
On ne veut pas avoir le temps de penser, on veut se tenir occupé. On tente de combler ce vide solitairement à travers le plaisir et la consommation. En d’autres mots, nous sommes devenus, tranquillement pas vite, une génération d’individualistes qui ne cherchent que les plaisirs instantanés.
La majorité des choses que l’on fait dans la vie, on ne sait même pas pourquoi on les fait. Elles devaient nous apporter un plaisir quelconque au départ, et c’en est maintenant rendu des habitudes.
Dans sa nature, l’homme fuit la douleur et recherche constamment le plaisir. Heureusement pour nous, le monde qui nous entoure est littéralement rempli de petits plaisirs de toutes sortes. Il y en a de plusieurs types, tels que celui à l’état brut, c’est-à-dire le plaisir des sens. Il est simple et rapide à satisfaire. Avec tous les stimuli qui nous entourent, notamment les millions de pubs qui nous proposent, tour à tour, leurs propres versions du plaisir, nous ne savons presque plus ou donner de la tête tellement il y en a en abondance.
Nous nous sommes lassés du plaisir récolté par la satisfaction d’un travail accompli. Maintenant, les plaisirs étant de plus en plus nombreux, et la vie «trop courte», nous voulons en récolter le plus possible dans un court laps de temps. C’est rendu ça, notre rythme de vie. Il faut que ça roule. Après tout, «on ne vit qu’une seule fois»…
L’individualisme dans lequel on vit peut avoir du bon et du mauvais pour notre société. Le bon individualisme se traduit par l’épanouissement de soi. Chacun est libre de vivre comme il l’entend et cela amène toutes sortes de couleurs à notre société. Par contre, le mauvais individualisme, pour sa part, se traduit par l’indifférence à l’autre. En vivant en société, nous ne pouvons pas ignorer l’autre. Nous avons besoin de travailler ensemble. Nous avons une société à bâtir, et je doute très fort que celle-ci se construise à grands coups de Yolo. Nous nous trouvons dans un dilemme…
Nous nous sommes peut-être trop donné de liberté? Mais serions-nous prêts à délaisser un peu cette liberté au bénéfice d’une meilleure vie collective?
Oui, «on ne vit qu’une seule fois», mais bien vécue, une seule fois pourrait peut-être suffire. Une chose est sûre, c’est que nous ne pourrons pas continuer comme ça bien bien longtemps. Je ne dis pas que l’ancien modèle était meilleur, mais je crois que dans notre processus d’essai-erreur pour trouver la «bonne façon de vivre en société», nous sommes encore loin d’être arrivés à destination.
Il n’y a pas de recette miracle, nous avons saisi l’importance du «soi», maintenant nous devons y intégrer le «tous». C’est un beau défi à relever, mais je n’ai pas le temps de chercher des solutions aujourd’hui, car vous savez… Yolo!
Bravo, bel article et bien expliqué. Reflet juste de cette nouvelle génération d’individualiste au bord du marché du travail. Je te lève mon chapeau.
Cette chroniqueuse ira loin dans la vie, je le sens.
Bravo pour ta facon de t’exprimer, ta franchise face aux réalités du quotidien