Jusqu’au 29 octobre, la Galerie d’art du Parc de Trois-Rivières exposera le travail artistique d’Ariane Lebeau : Muse. Repenser le corps. Étudiante en fin de maîtrise par cumul en arts de l’Université du Québec à Trois-Rivières, ce projet de recherche-création vise à la réconciliation entre l’humain.e et le corps féminin à travers une vidéo performance.
Art perfomance
Dans une pièce sans lumière, quelques cubes blancs sont dispersés afin que la personne qui entre puisse s’asseoir devant l’œuvre. Une vidéo est projetée sur le mur où l’on voit en scène Ariane Lebeau, dans un format de taille réelle. Habillée d’un habit léger et blanc, moulé au corps, l’artiste s’est filmée pendant 16 minutes, couchée sur un sol blanc immaculé où seul des coquillages sont près d’elle. Ariane Lebeau reproduit la position de Vénus, dans La naissance de Vénus, d’Alexandre Cabanel.
Son corps est en action. Il n’est pas immobile, mais plutôt en recherche d’une position confortable. Par intervalle, la peinture d’Alexandre Cabanel vient se juxtaposer à la vidéo performance d’Ariane Lebeau et les deux œuvres ne deviennent plus qu’une. Sur la droite du regardeur, on peut voir un amas de sable sur lequel se retrouve l’habit qu’elle porte dans la vidéo et sur la gauche une fleur blanche artificielle est posée dans un vase d’eau. Les objets posés dans la pièce apportent une troisième dimension à l’œuvre.
Représentation actuelle du corps de la femme
Plutôt que de représenter un corps figé comme dans une peinture, Ariane Lebeau s’est mise en action pour montrer un inconfort, dénonçant la position de Vénus comme non naturelle et presque impossible. De cette manière, elle reprend le contrôle de son corps et accuse la domination du regard masculin sur la femme. En sortant des standards de beauté, Ariane Lebeau se montre sous tous ses angles : sans maquillage et au naturel, poilue et non rasée. Elle s’assume complètement et se réapproprie une version plus réelle de la Vénus. La fleur blanche posée devant la vidéo n’est pas anodine, puisqu’elle est aussi symbole de Vénus, sauf qu’elle est fausse et artificielle.
L’artiste est la muse
Le titre de l’œuvre, Muse. Repenser le corps est lourd de sens. Ici, l’artiste incarne la muse, mais elle est aussi l’artiste qui contrôle l’image renvoyée au sujet. À travers sa création, elle veut détruire l’idéalisation de la femme et accuse les musées de nourrir la fascination pour les femmes d’apparence jeune et belle. Par exemple, dans Muse. Repenser le corps, elle met l’accent sur son poil corporel pour déranger l’œil, cherchant une continuité des artistes féminines qui ont investi leur corps, telle que Frida Kahlo avec son monosourcil.
«Quelle place occupe le corps dans notre société ? »
Ariane Lebeau
À l’entrée de la galerie, un texte d’Ariane Lebeau accompagne l’exposition. Elle guide l’observateur en lui permettant un processus personnel d’interprétation de l’œuvre, questionnant ainsi la société sur la place du corps féminin dans notre société.
Elle exposera de nouveau au mois de décembre, à la Galerie R3.