
La scène des Voix Accoustiques du Festivoix, décor intime et enchanteur érigé juste à l’arrière de la vieille prison de Trois-Rivières, s’apprêtait à recevoir le très polyvalent homme de lettres, David Goudreault. Ils devaient être deux cents, peut-être trois cents Trifluvien.ne.s. Entassé.e.s les uns contre les autres, se démenant pour se garantir une place sous un parasol à l’ombre ou encore sous un arbre. Les autres n’auraient qu’à se plisser les yeux pour contrer le soleil insistant de ce samedi après-midi. De toute façon, nombreux.ses sont ceux.celle qui, même à l’abri du soleil, se les fermeraient pour se laisser apaiser par les textes de l’artiste. Retour sur cette heure et demie d’hymne à la poésie.
Le ton se voulait amical, propice à la confidence. Dès le début du spectacle, David Goudreault interagissait avec son public comme s’il était le meilleur ami de tous les gens présents devant lui. Pour ceux.celles qui ne le connaissaient pas encore, ils.elles étaient sur le point de faire connaissance avec un être charismatique et inspirant.
L’artiste salua d’emblée son patelin trifluvien en reconnaissant des visages qui lui étaient familiers ici et là. Il fit, par ailleurs, quelques liens durant le spectacle avec des endroits de la Mauricie qui l’avaient marqué durant son enfance et son adolescence, dont le pensionnat qu’il avait fréquenté au Cap-de-la-Madeleine à l’époque. Cela rendait la rencontre encore plus authentique. Le poète revenait à ses racines et déterrait les souvenirs.
Durant ce quatre-vingt-dix minutes qui ont passé comme du vent (dans tous les sens du terme, à en juger par les bourrasques qui déferlaient sur la scène extérieure), l’artiste présenta donc une version écourtée de son spectacle qu’il classe lui-même de poésie et d’humour; « au bout de ta langue ».
Bien rodé, présenté plus d’une centaine de fois au Québec et en Europe, le spectacle a tout pour plaire. En plus d’être un poète de renommée mondiale comme le prouve son titre de champion du monde de SLAM en 2011, David Goudreault possède la faculté de vulgariser son art premier qu’est la poésie. Il est en mesure, au fil de ses textes, de ceux qu’il emprunte aux icônes de cet art et de ses anecdotes, de rendre la poésie attrayante et désirable. Il excelle dans ce qu’il fait et il aime le faire, c’est ce qu’il dégage.
À en juger par les silences de mort qui suivaient certaines de ses paroles et des douces réactions, presque jubilatoires, de délectation qui en suivaient d’autres, la foule semblait unanimement conquise. De la complexité de son enfance à la profondeur de ses triomphes en passant par son adolescence désordonnée, l’artiste retraça son histoire d’amour avec la littérature. La bonne dose humoristique qu’il injecta au spectacle parvenait à mettre un baume sur un parcours de vie tumultueux et ô combien inspirant.
En plus d’être un poète de renommée mondiale comme le prouve son titre de champion du monde de SLAM en 2011, David Goudreault possède la faculté de vulgariser son art premier qu’est la poésie.
Comme il s’agissait de la version écourtée du spectacle, l’artiste a dû conclure rapidement vers la fin de celui-ci, durant laquelle il a, entre autres, partagé certaines anecdotes qu’il avait engendrées dans les écoles secondaires, les prisons ou encore dans un village autochtone. C’est donc dire qu’en plus de nous faire voyager de vers en vers, David Goudreault parvient à nous faire visiter différentes facettes de la société. Il parvient à faire verser quelques larmes à certains spectateur.rice.s et à mettre la langue à terre de d’autres en racontant certains moments qui ont marqué le travailleur social de formation au travers des ateliers d’écriture qu’il donne ici et là.
Avec toute la générosité qu’on lui connaît, le poète termina son spectacle avec un poignant numéro supplémentaire à la suite des demandes unidirectionnelles de la foule. Il y rendit hommage à Marc Favreau, plus connu sous le nom de son personnage de SOL.
À la toute fin, avant de quitter la scène pour aller à la rencontre des jeunes et moins jeunes, Goudreault lança un ultime « Terre natale, tu es belle » sous les acclamations bien senties d’un public ému et dépeigné.
Sur ces mots, en regardant autour de moi, j’ai compris qu’il avait raison. Tous ces gens, avec leurs problèmes et leurs tracas respectifs, réunis autour d’une bière, d’un.e. ami.e. et de la littérature. Les Trifluvien.ne.s se confortant dans la poésie, le sourire aux lèvres. La façon dont l’art pouvait soulager des maux par des mots, ne serait-ce que le temps d’un spectacle écourté de David Goudreault.