À force de fréquenter les couloirs de l’université, les murs deviennent rapidement monotones. Le béton grisant n’aide en rien à stimuler les quelques neurones encore efficaces qui surchauffent en fin de session. Jonchées sur certaines parcelles des sinueux corridors, les œuvres d’art accrochées enjolivent les parcours quotidiens accomplis par les milliers d’étudiants qui les serpentent. L’une d’entre elles, Chapitre 2.0, embaume le mur attenant à la Coopsco.
L’étudiante en arts visuels, Fannie Constant, a créé cette œuvre après avoir pris un nouveau départ. Ce chapitre 2.0 est en fait le sien, elle qui a entamé des études universitaires après une première vie professionnelle en coiffure. Dans cette imposante œuvre, la jeune femme a voulu mettre en avant la grande diversité qui foisonne dans les murs de l’école.
Une centaine de livres provenant de champs éclectiques constitue le support de l’œuvre discrètement colorée. L’utilisation de l’encre de Chine sur les pages de vieux livres donne un aspect sombre et une apparence de documents âgés. Les deux portraits représentés semblent abîmés par le temps, mais il n’en est rien, puisque la création du projet et son dévoilement ont eu lieu en 2015.
La sensibilisation à la culture et l’ouverture aux artistes restent à plaider activement, même dans un milieu novateur comme une université.
Fannie a d’abord disposé et fixé les ouvrages sur de vastes panneaux pour en faire des canevas. Une fois les panneaux remontés, elle a travaillé sur les portraits. La répétition de cinq couleurs au-dessus de chacun des visages évoque certainement la diversité culturelle et intellectuelle qui tourbillonne dans les salles de classe. Les trois petits dessins intégrés au travers des personnages sont associés à la passion, à l’avenir et aux divers chemins convoqués par des études universitaires.
Originaire de Victoriaville, la pétillante Fannie Constant n’hésite pas à se remettre en question dans l’objectif clair de poursuivre ses rêves. Elle présentera son projet de fin d’études l’an prochain et parle déjà de maîtrise et de doctorat. Des expositions collectives reliées à deux de ses cours sont à surveiller à la fin avril à la Galerie R3.
L’œuvre Chapitre 2.0 a malheureusement été vandalisée dans la semaine du 27 mars dernier. Comme quoi la sensibilisation à la culture et l’ouverture aux artistes restent à plaider activement, même dans un milieu novateur comme une université.