Atelier d’autodéfense intellectuelle pour autrices féministes

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Cynthia Lisée et Édith Robert, du Service des bibliothèques de l’UQAM, sont venues à la bibliothèque de l’UQTR le vendredi 31 mars « pour un atelier visant à outiller les étudiant·e·s des cycles supérieurs quant aux pratiques d’auteurité et de diffusion des objets de connaissance issus d’un travail collaboratif » (Bibliothèque de l’UQTR). Le cadre de l’atelier, propice à la discussion, a permis de soulever les enjeux de la recherche documentaire et les conflits qui peuvent en émaner.

Crédits: Bibliothèque de l’UQTR.

La réunion a débuté avec la présentation des intervenantes, puis sur un tour de table de la dizaine de membres présents et de leur rapport à la recherche. Cela a permis, tout au long de la réunion, de cibler les thématiques les plus pertinentes en fonction des problématiques personnelles.

En guise d’entrée en matière, les deux intervenantes de l’UQAM ont souligné les conflits d’intérêts propres au travail collectif. Plusieurs interrogations ont dirigé la discussion : qui reçoit le titre d’auteur principal? Qui est contributeur? Qui figure dans les remerciements? Dans quel ordre doivent apparaître les noms des auteurs?

Crédits: Anthony Charbonneau Grenier et Camille Ferland. Bibliothèque ETS

Conflits et flou juridique

Comment faire pour éviter les conflits d’intérêts, notamment lorsque des dynamiques de pouvoir sont en jeu? Une jeune étudiante peut-elle réellement s’opposer à un professeur qui refuse de la citer comme autrice sans se porter préjudice pour la suite de sa carrière universitaire? Les intervenantes ont d’ailleurs souligné la notion communément utilisée de « paternité » d’un texte, porteuse en elle-même d’un système qui reste bien souvent patriarcal et au profit des hommes chercheurs.

Pour comprendre les questions d’auteurité et de contribution, les intervenantes ont fourni plusieurs cas pratiques à analyser, ainsi que de nombreuses ressources utiles. Elles ont présenté les critères d’auteurité sur les bonnes pratiques de publication, reconnus par le Committee on Publication Ethics, comme la participation substantielle au travail ou encore le fait d’endosser la responsabilité liée à la publication du travail. La norme CRediT permet, elle aussi, d’étudier la notion d’auteurité et de contribution selon nombre de critères. Elle donne des outils pour déterminer qui est l’auteur dont le nom doit apparaître en premier. Elle aide également à résoudre des questions sur l’auteurité : est-on auteur parce qu’on réalise un travail de correction? Lorsque l’on recueille des données? Pour autant, ces ressources sont souvent uniquement disponibles en anglais et ne sont pas universellement adoptées par les universités.

Cadre normatif à l’UQTR

Les intervenantes ont souligné une différence majeure entre l’UQTR et l’UQÀM : l’Université de Trois-Rivières ne possède pas de cadre normatif précis autour de la question de la propriété intellectuelle. Les professeur·e·s et les étudiant·e·s doivent respecter une politique de conduite responsable en recherche, ainsi que les droits d’auteur établis par la loi, mais en raison du cadre très large que délimitent ces outils, des conflits d’intérêts peuvent subvenir. À l’UQÀM, c’est la politique 36 de reconnaissance et la protection de propriété intellectuelle qui tient lieu de loi. Pour autant, elle est souvent méconnue de la communauté étudiante.

D’ailleurs, lorsque les étudiant·e·s débutent leur parcours universitaire, il est admis qu’ils et elles cèdent alors une licence d’utilisation de leurs travaux à l’université pour les employer à des fins pédagogiques. Que faire face à un·e enseignant·e qui décide d’utiliser le travail d’un·e élève sans l’autorisation de ce dernier? Déontologiquement, les professeur·e·s sont tenus de demander le consentement de l’étudiant·e, mais sans cadre normatif et sans connaissance de ce même cadre, il est facile d’être lésé·e.

La conférence a permis de soulever tous ces enjeux, mais aussi d’apporter des réponses et des documents utiles en cas de conflits. Sensibiliser, être conscient·e de ces problématiques et planifier tous ces éléments dès le commencement d’un travail collaboratif permettrait alors à toutes et tous d’y trouver leur compte.

De gauche à droite : Édith Robert, Cynthia Lisée, Mélissa Thériault et Marie-Josée Lauzière. Crédits: journaliste.

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