Au pouvoir, citoyens! : 10 choses à savoir sur la rentrée parlementaire

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Après le «printemps arabe», peut-être verrons-nous enfin émerger en Amérique du Nord «l’automne québécois»? Chose sûre, la rentrée parlementaire du 20 septembre prochain promet d’être mouvementée, voire entièrement perturbée. Voici un court survol des forces en présence et des défis qui attendent le Québec, sa population et son gouvernement dans les plus brefs délais.

1. Même si 84% de la population est en faveur d’une Commission d’enquête sur l’industrie de la corruption, oups, de la construction, Jean Charest fait à sa tête et entamera bientôt sa troisième année de mandat en gardant ses œillères, tout comme les partisans libéraux qui ont refusé un débat sur le sujet au congrès de  novembre 2010.

2. Pendant ce temps, la colère gronde et monte d’un cran car les problèmes s’accumulent: un Plan Nord et des redevances qui déçoivent, 50% de taux de décrochage à Montréal, l’augmentation des frais de scolarité mobilisent les étudiants plus que jamais, le projet de loi 94 sur la laïcité fait controverse, des patients meurent encore aux urgences, des viaducs tombent et des citoyens se réveillent le matin avec un extracteur de gaz de schiste sur leur terrain…

3. Le PLQ (avec 64 députés – 63 si l’on exclut le président Jacques Chagnon, ce qui est le minimum pour avoir la majorité absolue) est au pouvoir depuis huit ans mais sa popularité semble s’affaisser et décroître inexorablement jusqu’à sa disparition, comme en sera témoin également son homologue fédéral le PLC (surnommé «Parti Libéral Corrompu» depuis le scandale des commandites, qui ne pourra jamais survivre à mon avis sans une fusion avec le NPD).

4. Le PLQ est le seul parti politique parmi tous ceux présents à l’Assemblée nationale à avoir eu un déficit en 2010. Plusieurs poids lourds du gouvernement ont aussi démissionné depuis 2007, dont Benoît Pelletier, Philippe Couillard, Monique Jérôme-Forget, Jacques Dupuis et plus récemment, la no. 2 Nathalie Normandeau. La seule bonne nouvelle pour lui – hormis les chicanes du PQ – ce sont les 20% d’appuis constants dans la population dont la minorité anglophone (8%).

5. Vous rétorquerez que le Parti Québécois (46 députés) n’est pas au bout de ses peines avec un réalignement inévitable des forces indépendantistes à la suite de l’éradication du Bloc Québécois le 2 mai dernier, la démission de cinq députés en juin dernier, la naissance du Nouveau Mouvement pour le Québec, le rapport Drainville et la politique mièvre de Mme Marois, je l’avoue.

6. Toutefois, si le PQ ne réussit pas à redevenir ce qu’il était lors de sa fondation en 1968, c’est-à-dire un parti de coalition réunissant le RIN, le RN et le MSA de René Lévesque, il est bien possible de voir la mort de ce parti aux prochaines élections, au profit d’un nouveau parti nationaliste, plus radical et davantage vigoureux, face à l’impuissance d’une population totalement indignée de son Premier ministre, Dieu merci.

7. Quant à l’ADQ (4 députés), elle est à l’agonie depuis la démission de son chef co-fondateur, le cacounois Mario Dumont, en décembre 2008. Après une course à la direction manquée, Éric Caire quitte le bateau et Taillon se fait tasser par un vote trop louche. Gérard Deltell tente de garder le navire sur le bon cap en ayant quelques bonnes propositions (réaffecter d’urgence le Stade olympique, élection au suffrage universel du Premier ministre, un ministre dédié à Montréal, qualifier Charest de «Parrain»), mais se discrédite totalement en soutenant une pétition contre la fermeture de Gentilly 2. Une fusion avec la Coalition pour l’Avenir du Québec pourrait peut-être sauver ce parti, mais Legault lui-même vient de fermer la porte.

8. Québec Solidaire, avec son unique député et co-chef, Amir Khadir, semble intéresser de plus en plus la population mais ne réussit pas vraiment à percer hors de Montréal.

9. Pourtant, malgré la légère controverse du boycott de souliers israéliens, M. Khadir prend son rôle à cœur : il lance des chaussures sur une image de Bush pour dénoncer sa politique impérialiste, accuse avec raison l’ancien Premier ministre Bouchard de faire plaisir à l’industrie du gaz au détriment de la volonté de la population et, finalement, il est le seul député à avoir dénoncé la coûteuse et insignifiante visite princière, la qualifiant de «parasite», et à avoir soutenu la pétition réclamant la démission de Jean Charest.

10. D’ailleurs, cette pétition regroupant 247 379 signataires sur Internet (un record pour ce genre d’exercice, et ce chiffre ne compte même pas les signatures de la version papier) a été remise officiellement à l’Assemblée nationale le 16 février 2011, par son parrain parlementaire, le docteur Amir Khadir.

Dans les mois qui suivront, alors que tout le monde parle de «gouverner autrement» ou encore de «nouvelle culture politique», et sachant que «la volonté souveraine du peuple est la seule qui confère la légitimité nécessaire à l’exercice du pouvoir étatique», nous verrons si la démocratie québécoise fonctionne vraiment…

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