Hughes Leblond, professeur au Département d’anatomie de l’UQTR, étudie le réseau de neurones liés à la locomotion qui se trouvent dans la moelle épinière. L’objectif de ses recherches consiste entre autres à améliorer les traitements offerts aux gens ayant eu des blessures à la moelle épinière en incluant de nouveaux éléments dans le cycle de réadaptation des patients.
Monsieur Leblond a fait un doctorat sur la locomotion et s’est intéressé plus tard à la neurophysiologie. Il a d’ailleurs travaillé pendant dix ans dans le laboratoire de Serge Rossignol, une sommité en la matière. Ses recherches l’ont donc poussé à s’intéresser au fonctionnement de la reprise de la marche chez les animaux, mais aussi à l’amélioration des techniques de traitement chez l’être humain.
Reprise de la marche chez les animaux
Depuis déjà quelques années, les chercheurs savent qu’il est possible pour les animaux ayant subi une lésion de la moelle épinière de retrouver une certaine mobilité lorsque les cellules formant le générateur central de patron locomoteur (CPG) sont activées. Pour ce faire, il faut que l’animal soit conditionné pendant une certaine période et, souvent, une médication permet d’accélérer le processus. Monsieur Leblond étudie donc la reprise de locomotion chez des souris ayant subi une lésion de la moelle épinière. Il pourra ainsi mieux comprendre comment le CPG fonctionne et alors transposer les résultats sur des patients humains dans un avenir plus ou moins lointain.
Chez l’être humain
Le traitement à la suite d’une lésion de la moelle épinière chez l’être humain est beaucoup plus complexe que chez les animaux. En effet, comme il arrive souvent que les lésions ne soient pas complètes, contrairement aux animaux qui sont étudiés, il y a encore des messages qui peuvent partir du cerveau et se rendre jusqu’aux membres inférieurs et remonter. Les cellules du CPG ne sont donc pas nécessairement activées, puisque le lien se fait encore avec le cerveau, même s’il n’est pas complet.
De plus, les humains sont des bipèdes. Comme le centre de l’équilibre se trouve dans le cervelet, si le lien ne se fait pas correctement, l’humain n’arrivera pas à marcher adéquatement et aura plutôt tendance à chuter. Il arrive aussi que les médicaments donnés aux patients ne fassent pas l’effet escompté. Chez l’être humain, le cerveau a une plus grande importance que chez les animaux. Il est donc possible que le médicament fonctionne chez l’animal, mais que chez l’être humain, le plus grand développement du cerveau fasse en sorte que les résultats ne soient pas les mêmes.
Techniques de réadaptation
Une des techniques de réadaptation préconisée dans le milieu est l’entrainement locomoteur sur tapis roulant. Ce type d’entrainement permet l’adaptation des neurones de la moelle épinière à la nouvelle condition physique du patient. Des patients qui étaient paralysés peuvent donc progressivement soit se tenir debout, soit retrouver l’usage de la marche après de longues périodes de réadaptation. Cependant, ce ne sont pas tous les patients qui parviennent à ce genre d’amélioration. C’est pour cette raison que les recherches sur le sujet sont importantes.
Monsieur Leblond compte continuer ses recherches avec l’aide de plusieurs étudiants qui travaillent avec lui au Laboratoire de recherche en cognition, neurosciences, affect et comportement (CogNAC). Selon lui, lorsqu’un étudiant a un objectif ou qu’il s’intéresse à un sujet, il faut foncer et ne pas hésiter à demander à ses professeurs de se faire épauler dans ses projets. C’est ce qu’il a fait et il invite tous les étudiants à faire de même dans leurs disciplines respectives.