L’organisme Mauricie-Centre-du-Québec pour hommes agressés sexuellement dans l’enfance (Emphase) a lancé récemment sa nouvelle campagne de sensibilisation intitulée «IL FAUT EN PARLER!». L’initiative vise à encourager la discussion sur le double tabou entourant les hommes victimes d’agressions sexuelles et de faire connaître les différents services de l’organisme auprès du public.
La société présente encore trop souvent les hommes comme des êtres forts et invulnérables. Difficile de les voir en victime dans ce contexte. C’est donc une lourde tâche pour eux de prendre la parole pour dénoncer une agression sexuelle. Le sentiment d’être faible les paralyse. C’est ainsi que l’organisme Emphase définit cette notion de double tabou: Tabou de l’agression sexuelle et tabou d’être une victime, alors qu’on est un homme.
Une réalité peu abordée
À travers les réseaux sociaux, des vidéos éducatives et promotionnelles et d’un guide de sensibilisation, Emphase veut pousser les hommes aux prises avec ce problème à entrer en contact avec eux. L’organisme vise également à sensibiliser les proches des victimes.
«Le but est de normaliser la demande d’aide et d’engager la discussion. Les hommes aussi peuvent être des victimes», affirme la responsable de la campagne, Michelle Amweg.
On souhaite du côté de l’organisme que les hommes n’attendent plus aussi longtemps avant de révéler ce terrible secret qui mine leur existence. «Ça prend en moyenne 40 ans à ces personnes avant de briser le silence», ajoute Mme Amweg. «Ils doivent réaliser qu’ils ne sont pas tout seuls».
«Ça prend en moyenne 40 ans à ces personnes avant de briser le silence.»
Michelle Amweg
En effet, outre l’accompagnement auprès de divers intervenants, les hommes ayant subi des agressions sexuelles, durant l’enfance ou l’âge adulte, auront la chance de socialiser avec d’autres victimes au travers de rencontres de groupes. «Ils s’aident, ils se donnent des conseils et tranquillement ils s’ouvrent», explique Michelle Amweg.
Un long processus
La responsable de la campagne insiste pour dire que le but du processus est d’atténuer les conséquences émotionnelles et psychologiques des agressions sexuelles. Faire la paix avec ce genre de démon représente malheureusement le travail d’une vie. Les répercussions sur la santé mentale et physique des victimes sont très importantes. Elles entraînent de graves problèmes dans leur vie conjugale, sexuelle et même parentale. Ils sont affectés par un grand sentiment de culpabilité, touchant directement leur estime de soi. Les conséquences de ce traumatisme peuvent donc se manifester d’une multitude de façons et à n’importe quel moment dans le cours de leur vie.
Rappelons qu’une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel sur une personne non consentante. Elle n’implique pas nécessairement un contact physique. Le voyeurisme et l’exhibitionnisme peuvent être aussi des formes d’agressions sexuelles. Le but des agresseurs est toujours le même: assujettir la victime à leurs désirs par un rapport de force physique ou psychologique.
Les agressions sexuelles sont difficiles à quantifier, notamment à cause du tabou qui les entoure. On estime que plus de 11% de la population a déjà été victime d’une agression sexuelle, selon une enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes menée en 2012.
Inspirés par le mouvement des femmes
Le mouvement #moiaussi a peut-être servi d’inspiration aux hommes, croit Michelle Amweg. Sans vouloir se prononcer formellement, elle pense que plusieurs d’entre eux osent de plus en plus prendre la parole aujourd’hui.
À savoir si la pandémie et le confinement ont été des facteurs de motivation pour mettre sur pied cette nouvelle campagne de sensibilisation, Michelle Amweg répond par l’affirmative: «On a plus d’hommes en crise que normalement».
Vous pouvez trouver l’organisme Emphase sur Facebook et Instagram.
Emphase Mauricie Centre-du-Québec
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