Croyez-le ou non, le 21 décembre, le jour le plus court de l’année, sera la journée de l’orgasme, c’est-à-dire le jour où les gens «libérés» auront envie de rester longtemps au lit… en bonne compagnie. À l’origine de cette initiative, un couple de pacifistes américains: Donna Sheehan (76 ans) et Paul Reffell (55 ans). Ils ont créé l’association Global orgasm, il y a six ans. Leur but? Libérer simultanément une énergie positive qui permettrait de lutter contre la violence, la haine et la peur. Autrement dit, jouir le plus possible pour avoir la paix dans le monde. Noble but! Sommes-nous suffisamment libérés pour profiter sainement d’une telle journée… sans honte, ni culpabilité?
Plaisir et orgasme
Avant d’aborder l’orgasme, qui est le plaisir par excellence, demandons-nous: dans notre culture, que nous pouvons qualifier de judéo-chrétienne, tellement elle est pétrie des idées chrétiennes, des dogmes de l’Église, de sa morale, en particulier, de sa morale sexuelle, le plaisir est-il légitime? Encouragé? Suspect? Un péché? Inutile de répondre, n’est-ce pas?
Il reste que le plaisir est le but de tous les gens raisonnables. L’être humain est né pour le plaisir. Il n’y a que ceux qui ont été dénaturés qui s’en privent… et qui voudraient que tous suivent leur exemple.
Sexe et orgasme
Pourquoi le sexe est-il si fascinant? Pourquoi, malgré toutes les inhibitions, les interdictions, sommes-nous toujours attirés par la sexualité en général, et l’orgasme en particulier? Parce qu’ils nous apportent ce que nous recherchons tous: le plaisir… en particulier, celui de nous sentir vivants.
Certaines personnes sont d’avis que le plaisir sexuel est réservé aux animaux. Pour ma part, je pense que la sexualité animale est principalement liée à la procréation (sauf chez les bonobos), tandis que les êtres humains peuvent avoir des relations sexuelles pour le simple plaisir.
Des recherches scientifiques révèlent que plus de 50 % de la population féminine présente des anomalies dans le fonctionnement de leur sexualité.
De fait, les activités sexuelles sont couramment considérées comme la félicité la plus élevée. Pourquoi? Précisément à cause du plaisir intense qu’elles procurent. Et ce plaisir n’est pas superflu: il est un besoin corporel et psychologique vital en vue de notre bonheur.
Qu’est-ce qu’un orgasme?
C’est un moment de plénitude. Le mot orgasme vient du grec «orgao» qui signifie bouillonnement d’ardeur et de plaisir. À quoi ressemble un orgasme? C’est un plaisir tellement intense qu’il est presque impossible de le traduire en mots. Voici quelques tentatives, tirées de différentes enquêtes: piquant, vivifiant, excitant, euphorisant, explosion, paradis, cataclysme, aller en orbite, c’est une vague incroyable d’énergie… Voilà pour le côté subjectif.
D’une façon objective, l’orgasme est essentiellement une décharge de tension neuromusculaire. Et quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, libérer cette tension est un besoin physiologique qui n’a aucun succédané adéquat, ni sur le plan psychologique ni sur le plan physique (pas même la traditionnelle douche froide).
La femme et l’orgasme
Si, dans les médias, dans la plupart des cas, l’acte sexuel réussit malgré l’absence de préliminaires (que les ouvrages théoriques considèrent comme indispensables) et sans songer aux conséquences, il reste qu’en pratique, des recherches scientifiques révèlent que plus de 50% de la population féminine présente des anomalies dans le fonctionnement de leur sexualité. Y a-t-il une solution à ce problème?
Guérison sexuelle?
Je proposerai deux pistes de solution : l’une théorique, l’autre, pratique.
A. Théorique: le langage. Notre premier organe sexuel étant notre cerveau, le premier blocage sera constitué de mots, d’idées, de modèles. Dans la mentalité chrétienne, avec comme modèle la Vierge Marie, une femme qui manifeste le moindre désir sexuel, ou pire, qui jouit, sera une pute, une salope. On a fait de la volupté féminine un monde honteux, rempli de culpabilité, repoussant, interdit. Comment en guérir? Il faudra que les femmes identifient ces idées, ces modèles, qui les empêchent d’accéder à la sexualité, à l’orgasme… et les remplacent par de sains.
B. Pratique: côté mâle. La raison la plus courante de l’anorgasmie féminine est qu’elles ne sont pas convenablement stimulées. On n’a qu’à se rappeler la boutade qui dit: «Il n’y a pas de femmes frigides, il n’y a que des hommes maladroits». Sans en faire un absolu, on peut en vérifier le bien-fondé surtout quand on entend les femmes se plaindre de la maladresse, de l’incompétence, de l’ignorance crasse des hommes dans les préliminaires et dans la relation sexuelle elle-même. Les hommes devront apprendre l’art de la caresse.
L’orgasme: une conquête?
Le sexe est la source du plaisir le plus intense qui se puisse concevoir sur terre. Et le paroxysme de ce plaisir se retrouve dans l’orgasme qui donne un plaisir sensitif de qualité et d’intensité sans égales. Le droit à la sexualité, le droit à l’orgasme, devrait faire partie des droits inaliénables de tout être humain vivant sur cette planète. Est-ce le cas actuellement?
À mon avis, la révolution sexuelle (que j’appellerais plutôt: une certaine évolution) est commencée, mais elle est loin d’être complétée. Le 20e siècle a effectué une commercialisation de la sexualité plutôt qu’une libération. Pour leur part, Masters et Johnson affirmaient: «Il n’y a pas de félicité sexuelle naturelle. Il n’y en a point tant que nous ne l’avons pas conquise.»
En ce qui me concerne, je dirais que nous nous pensons des êtres humains libres… et peut-être que, dans certains domaines, nous le sommes. Mais dans le domaine de la sexualité, le sommes-nous vraiment?