Changer ou mourir. Une telle alternative paraitra probablement exagérée pour plusieurs personnes. Pourtant, qui niera que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde où nous vivons, au point que, pour quelqu’un en bonne santé mentale, dans l’état actuel des choses, il y a de bonnes raisons d’envisager le suicide?
Est-il exagéré de dire que, dans le passé et même aujourd’hui, des milliards d’êtres humains ont vécu et sont morts sans que leurs besoins soient satisfaits? Est-il excessif de dire que la plupart des gens ne vivent qu’à moitié (ce qui laisse supposer que nous sommes déjà à moitié morts)? Que nous nous comportons comme des enfants ayant ingurgité les idées des autres? Que nous sommes manipulés par les pouvoirs religieux, politiques, économiques, sans prendre conscience que notre vie nous échappe? Ma vie n’est-elle pas un bien perdu si je ne vis pas comme je veux vivre? Si mes besoins (en particulier mon besoin sexuel) ne sont pas satisfaits? En fait, selon certains observateurs, l’être humain ordinaire ne vit pas: il survit… avec une vitalité réduite au minimum. Nous devons nous arrêter et prendre conscience que le temps dont nous disposons est réellement très limité. Nous devons nous demander: que devons-nous changer pour que la vie vaille le plaisir d’être vécue?
Le changement, qu’est-ce?
Mais d’abord, posons-nous la question: qu’est-ce que changer? Certaines personnes ont intérêt à présenter le changement comme un processus tellement complexe qu’il en devient incompréhensible. En fait, changer, c’est évoluer. C’est toute la vie qui est un processus d’évolution, de changement. Comment mettre en branle ce changement? En particulier par ma raison, qui mène au savoir. Si je me sers de ma raison, je peux évoluer dans ma manière de voir les choses, ce qui amènera un changement dans ma façon de vivre.
Changer? Oui. Mais changer quoi?
De nombreuses personnes entendant parler de changements sont enthousiastes et prêtes à partir en courant. Mais où est le chemin? Que faut-il changer précisément? Si nous voulons réellement changer la situation, devons-nous essayer de changer les effets, ou remonter aux causes? Qu’est-ce qui fait que les choses vont mal dans le monde? Qu’est-ce qui mène le monde?
Personnellement, je suis d’avis que ce sont surtout les idées.1- Le changement commencera donc par les idées. Rien ne peut changer vraiment tant que l’idéologie ne change pas. Nous aurions beau peinturer les trottoirs en bleu ou en rose, permettre l’avortement et la pornographie, si nous ne changeons pas complètement d’idéologie, rien ne changera. 2- Que faudra-t-il changer d’autre? Les institutions: actuellement, elles sont comme le squelette (les structures) visible de l’idéologie; comme le mariage monogamique, la police, l’armée…
1- Changer l’idéologie
Voilà un autre concept hyper négatif. Habituellement, on le définit comme «une discussion creuse d’idées sans correspondance avec la réalité.» D’où nous vient cette définition? N’est-ce pas du christianisme et de sa servante, la philo traditionnelle, dans le but de nous dégouter de cette réalité, de façon à ce que nous adoptions, par défaut, l’idéologie chrétienne? Qu’est-ce qu’une idéologie? Un ensemble d’idées qui explique l’univers (répond aux trois grandes questions) et qui fournit des points de repère pour bien vivre ensemble, satisfaire nos besoins physiques, psychologiques, sexuels, etc. Est-il possible de nous construire une idéologie en évolution permanente et ouverte sur la vie? Est-ce que l’idéologie peut représenter l’outil qui nous permettra de transformer notre vie radicalement (c’est-à-dire à la racine)? Selon Michael Walker, «pour vraiment changer le monde, il faut d’abord en changer la trame idéologique». Pour changer, il est indispensable de prendre conscience que nos idéologies actuelles sont causes de misère mentale, misère qui se répercute dans tous les autres domaines. De quelle façon? Pour répondre à cette question, nous devons nous en poser une autre: qu’est-ce qui est à l’origine de nos actions? Pourquoi tel ou tel comportement? Est-il possible que cette petite chose, qui n’en est pas une, les idées, soit cette cause? Non seulement cela est possible, mais je pense que nous pouvons partir du principe que si nous voulons changer la pratique, nous devons changer la théorie. Pour changer, nous devrons changer nos façons de penser. Comme nos idées sont les prémisses de nos actions, le changement se répercutera sur nos façons d’agir. Notre meilleure façon d’évoluer sera donc de changer notre idéologie. Oui: en dépit de tout ce que la propagande peut nous raconter, les idées, les mots, peuvent changer le monde.
2- Changer les institutions
A: Qu’est-ce qu’une institution? Pour qu’une communauté puisse survivre, elle a besoin d’institutions. Nous vivons dans des institutions. Nous y sommes tellement habitués que c’est comme si elles étaient naturelles et seules capables de répondre aux besoins de notre société. Peut-être avons-nous avantage à prendre conscience que ces institutions ne sont que l’une des innombrables variantes concevables? Sachons également que nous pourrions changer rapidement les institutions, par exemple par la violence, mais que, si l’idéologie n’est pas changée, elles renaitront comme par enchantement. Qu’est-ce qu’une institution? «C’est ce qui institue, ce qui pose les fondements, ce qui permet d’élever le genre de société que l’on veut.»
B: Le but des institutions. Quel est le but dernier de toutes les institutions humaines? Actualiser et défendre l’idéologie dominante. En ce qui nous concerne, actualiser et défendre l’idéologie et la morale bourgeoises. Ce but est atteint par l’«encadrement» de l’individu. Présentement, des institutions comme l’armée, la police, les prisons, les avocats, les magistrats, etc., tous sont là, presque exclusivement, pour défendre l’«ordre établi», ordre qui n’est profitable qu’à une poignée de personnes. Le jour où nous bâtirons une société juste, ces gens devront être recyclés.
Mots de la fin
Actuellement, d’importants bouleversements ébranlent notre société et nos mœurs. Je souhaite être un élément, parmi une multitude, qui participe à l’évolution de notre monde. D’une façon négative, j’ai voulu être un empêcheur de penser en rond. À quoi sert la philo traditionnelle? À rien. Les philosophes traditionnels, conditionnés par la philo classique, ont l’habitude de penser en rond (sans absolutiser), un peu comme un écureuil dans sa cage. Que faut-il pour en sortir? Nous servir de notre raison, de notre sens critique… Ce qui m’amène à mon point positif: je me suis servi du pouvoir de la raison pour apporter un nouvel éclairage sur la religion, l’économie, la politique, etc. La raison étant universelle, toute personne devrait y trouver son profit. En fait, mon but n’est pas de vous imposer des dogmes, mais de vous aider à vous réapproprier votre raison. De deux choses l’une: ou bien je me trompe (sur l’ensemble, ou sur des points particuliers… ce qui est inévitable étant donné le nombre et l’importance des sujets abordés), et je suis tout à fait disposé à changer mes idées fausses; ou bien j’ai raison… et nous devons changer la vie.