Défense de lire… cette chronique

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8 septembre, Journée internationale de l’alphabétisation

Pourquoi les compétences en alphabétisation sont-elles nécessaires? Parce que l’alphabétisation est au cœur de l’éducation de base pour tous : elle est essentielle pour éliminer la pauvreté, réduire la mortalité infantile, freiner la croissance démographique, instaurer l’égalité homme/femme, de même que pour assurer le développement durable, la paix et la démocratie. Mission impossible? Probablement. Mais comme il n’est pas indispensable d’espérer pour entreprendre, permettons-nous de rêver.

DE L’ALPHABÉTISATION À LA LECTURE

L’alphabétisation est-elle un droit? Non seulement elle est un droit, mais elle est également le fondement de l’apprentissage tout au long de la vie et de l’amélioration du bien-être et des modes d’existence. Cependant, au fil des années, la notion d’alphabétisation s’est transformée. Le concept d’origine, limité aux compétences de base en lecture, écriture et calcul, a évolué en capacité de lire un texte et de le comprendre.

DÉFENSE DE LIRE

Pourquoi, malgré de si nobles principes, en est-on arrivé très rapidement à l’interdiction de la lecture? Pourquoi certains volumes sont-ils censurés, condamnés par les autorités, qu’elles soient politiques, économiques, ou ecclésiastiques? C’est que, pour les autorités, la fonction première de la lecture est de favoriser l’asservissement, un lavage de cerveau pour tel parti, tel système économique, telle église. Un exemple? Le 11e commandement semble être : « Tu ne liras point! » De fait, inventée par Gutenberg en 1454, l’imprimerie typographique a rendu la savoir populaire (c’est-à-dire accessible au peuple)… ce qui s’est traduit par la volonté du Magistère de dicter aux fidèles ce qu’ils pouvaient lire. C’est ainsi que l’Église a mené une guerre contre les livres qui risquaient de compromettre la foi ou la morale de ses fidèles, autrement dit, son pouvoir.

RÉSULTAT

Des siècles plus tard, quel est le résultat de cette interdiction contre les livres? Une personne sur deux n’ouvre jamais un livre. 50% des livres lus sont des policiers, et seulement 2% des ouvrages lus sont de caractère politique, scientifique, technique ou philosophique. Pas étonnant que le livre, qui devrait être un formidable levier de transformation du monde, manque son coup : la plupart des gens pourraient être illettrés que cela ne ferait guère de différence tant ils lisent peu.

LIRE EST-IL DANGEREUX?

Kafka était d’avis que si la lecture n’est pas dangereuse, elle est inutile. Il disait : « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire? » Ensuite, distinguons : la lecture peut être dangereuse pour le peuple, en ce sens qu’une très grande partie de ce qui s’écrit dans les revues, journaux, livres, n’est qu’intoxication; elle peut aussi être dangereuse pour les nantis. À titre d’exemple, les propriétaires d’esclaves redoutaient que les Noirs ne trouvent dans les livres des idées révolutionnaires qui auraient menacé leur pouvoir. D’où nous pouvons tirer cette leçon : ce n’est pas tout de lire… encore faut-il lire de bons livres.

POURQUOI LIRE?

Si les risques de la lecture sont énormes (risque de perdre ses illusions, de perdre sa foi, de rencontrer la mort…), pourquoi lire? Pour être libre, pour le plaisir et pour me construire.

A : Lecture et liberté. Avez-vous remarqué la proximité de livre et libre? C’est que la lecture est une éminente école de liberté. Un être humain qui lit a plus de chances de savoir d’où il vient, où il va, qui il est, ce qu’il veut; il a plus de chances de dépasser les idées ambiantes. Bref, la personne qui lit possède la clé des clés, celle de son autonomie.

B : Plaisir et bonheur. On demandait à un jeune : «Quel est ton but dans la vie?» «Avoir du bon temps.» «Eh bien, il y a peu de choses qui puissent donner autant de bon temps que la lecture.» Alors, pourquoi lire? Pour le plaisir. Chaque connaissance nouvelle est source de plaisir, de satisfaction, de développement intellectuel et émotif.

C : Se construire et construire le monde. Interroger des gens sur le pourquoi de leurs lectures amènerait bien des réponses. Je me contenterai d’en mentionner une troisième : un être humain se construit lecture après lecture. Lorsqu’une personne lit, tout un monde d’idées nouvelles s’ouvre à elle : elle peut lire pour se construire et évoluer… de même que pour comprendre le monde et le changer.

ÉLOGE DE LA LECTURE.

Pour moi, la lecture est la meilleure nourriture de mon cerveau. C’est comme si lire allumait des quantités de petites lumières dans ma tête. On m’objectera sans doute que la lecture (en particulier et la connaissance en général) ne me rendra ni riche ni célèbre? Je répondrai que c’est mille fois mieux que ça. Pour moi, savoir lire aura été une compétence plus précieuse que tous les trésors du monde. La lecture aura été comme un tapis magique qui m’aura transporté vers tous les horizons du monde, qui m’aura permis de vivre de nombreuses vies, des vies que je n’aurais jamais connues autrement. Bref, la lecture aura été une chose merveilleuse, la source d’innombrables bonnes heures.

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