
Le vendredi 6 septembre dernier, les laboratoires du profil criminalistique du programme de chimie, situés au pavillon du Centre d’Impression de Pâtes et Papier (CIPP), ouvraient leurs portes pour une visite guidée à l’intention autant des curieux.ses que des étudiant.e.s intéressé.e.s par le profil.
Les visiteur.se.s, qui devaient réserver leur place pour l’une des trois visites organisées par les technicien.ne.s en laboratoires, Amy Gignac et Francis Lafontaine, avaient alors l’occasion d’en apprendre davantage sur ce profil mystérieux du programme de chimie et sur les cours spécifiques de son cursus.
Divisée en cinq parties, la visite retraçait les cinq laboratoires utilisés par les étudiant.e.s du profil : le laboratoire de chimie, celui de prélèvements, celui de photographie, celui de microscopie et celui de lumières. Les groupes en visite étaient d’abord accueillis dans le laboratoire où la plupart des analyses chimiques sont effectuées, à l’aide de solvants et de poudres, et où l’on procède au prélèvement des empreintes digitales à l’aide de matériel spécialisé. On se déplaçait ensuite dans un laboratoire accessible aux étudiants 24h par jour, à la condition expresse qu’ils participent à son entretien ménager, avant d’accéder au local où les étudiant.e.s apprennent à prendre des photographies scientifiques des preuves recueillies sur les scènes de crime, puis dans celui où ils apprennent à révéler les traces de différents fluides organiques à l’aide de rayons ultraviolets ou autres. La visite se terminait dans le local aménagé pour l’examen final du baccalauréat, qui simule une scène de crime que les finissant.e.s doivent analyser dans le temps imparti de 1h30.
L’UQTR est l’une des rares universités francophones au monde à offrir le profil de criminalistique, et la seule du Québec.
L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est l’une des rares universités francophones au monde à offrir le profil de criminalistique, et la seule du Québec. Cela attire beaucoup d’étudiant.e.s, même à l’international, qui doivent parfois se joindre au programme dans un autre profil, celui de criminalistique étant contingenté à 25 personnes par cohorte.
Malheureusement, les compétences qu’il permet à ses diplômé.e.s d’acquérir ne sont pas reconnues auprès des forces de l’ordre québécoises. «La Sûreté du Québec n’engage présentement pas de civils», explique Amy Gignac, technicienne en laboratoire. «Les diplômé.e.s se font donc engager dans des laboratoires comme celui de science judiciaire et de médecine légale, auprès de compagnies d’assurance ou par les villes comme chimistes.» Une des causes supposées de cette situation est l’absence, pour le moment, d’études de cycle supérieur en criminalistique.
En effet, le profil de criminalistique n’a vu le jour qu’en 2013, et n’est pas encore un programme, ce qui l’empêche de prétendre à un programme de cycle supérieur. Cette expertise étant inexistante au Québec avant 2013, le personnel enseignant lui-même provient de domaines connexes, tels que la chimie, la physique et la biochimie. «La technique en forensic n’existe pas, nous avons donc dû apprendre par des lectures et en assistant à de nombreuses conférences dans le domaine à travers le monde, surtout aux États-Unis où il est très présent» précise Mme Gignac.
«Après des années d’effort, le profil de criminalistique est en voie de devenir un programme à part entière, possiblement dès l’automne prochain.»
-FRANÇOIS BROUILLETTE
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut perdre espoir. «Beaucoup de gens travaillent à l’établissement d’un baccalauréat en criminalistique», nous a également affirmé Mme Gignac, ce qui nous a été confirmé par François Brouillette, directeur du comité de programmes en sciences chimiques et physiques de premier cycle. «Après des années d’effort, le profil de criminalistique est en voie de devenir un programme à part entière, possiblement dès l’automne prochain», mentionne-t-il. Il nous dit également, concernant un éventuel projet de maîtrise: «C’est essentiel, un domaine comme celui-là doit avoir des cycles supérieurs et générer de la recherche. C’est le genre de domaine où l’on ne donne pas une formation professionnelle aux étudiant.e.s, mais où on leur inculque une méthode de travail, ce qui rend la recherche d’autant plus importante».
À quand donc la maîtrise en criminalistique à l’UQTR ? Seul l’avenir nous le dira, mais il semblerait que la machine soit déjà mise en marche.