Pour amorcer la série de trois spectacles dans la catégorie Exithéâtre présentée par la Corporation de développement culturel de Trois-Rivières, la compagnie La cordonnerie est venue s’installer le mercredi 29 octobre dernier à la Salle Anaïs-Allard-Rousseau. La compagnie française a présenté son ciné-concert L’éternelle fiancée du Docteur Frankenstein, juste à point pour l’Halloween. Un moment de surprise fascinant qui donne accès à l’envers du décor de la sonorisation.
Sur la scène, un piano, une batterie, une guitare, une égoïne et des micros se partagent presque la totalité de l’espace scénique. Côté cour, une foule d’objets disparates s’entassent. Au fond de la scène, un écran. Tout est en place pour le ciné-spectacle. Le film, inspiré de l’œuvre de Mary Shelley, présente Victor Frankenstein qui redonne la vie à une chanteuse populaire. Le scénario revisite l’histoire avec originalité et humour, réinvente le Docteur Frankenstein dans un film de grande qualité appuyé par la réalisation de l’homme à tout faire Samuel Hercule. Un film sur le rejet, les différences, l’amitié et l’acceptation de l’autre qui égratigne presque gentiment le système d’éducation.
Tout réside dans l’expérience visuelle du son.
La grande force de cette production, ce qui surprend et fascine, ce n’est pas tant le film en soi, mais plutôt tout ce qui se passe sur scène au moment de la projection. Le film qui est présenté est muet. Ce sont donc les musiciens et les acteurs-bruiteurs qui construisent l’ambiance sonore en direct. Aucun détail n’échappe à Hercule, le bruiteur principal. Son travail absorbe et devient presque hypnotique. Entre l’image et le son, le regard se promène. Ce ciné-concert est exécuté au quart de tour, c’est un travail chorégraphique d’envergure qui allie créativité et minutie. L’ingéniosité des bruiteurs est alors révélée et le son prend une tout autre allure. Il occupe une place plus importante et le spectateur devient davantage sensible et l’ouïe d’autant plus aiguisée.
Samuel Hercule réalise le film qu’il a coécrit avec Métilde Weyergans, en plus d’y tenir le rôle principal et d’en être le bruiteur. La question se pose, à savoir quelle spécialité dicte davantage l’autre dans le processus. «On prend un thème; là, donc, on a pris le thème de Frankenstein et on écrit, c’est ça le premier geste. On écrit une adaptation dans l’idée d’en faire un ciné-concert en n’ayant pas tellement l’idée de ce qu’on va faire sur scène. Au départ, on a vraiment une idée de ce qu’on va raconter à l’image. On écrit le film, on tourne le film, on monte le film et, après, on se retrouve pendant à peu près un mois sur un plateau avec cet objet qui est fini, et puis on voit ce qu’on peut faire dessus et voilà. Pour le temps de plateau, on est rejoint par des techniciens et des musiciens», explique Hercule.
Un moment de surprise fascinant qui donne accès à l’envers du décor de la sonorisation.
La cordonnerie est cofondée par Samuel Hercule et Timothée Jolly en 1996. Au départ, la démarche est en lien avec la tradition des films muets. C’est-à-dire que les films sans paroles étaient accompagnés de musique en direct. Au fil du temps, la compagnie peaufine son approche et s’inscrit au-delà du mouvement des ciné-concerts. Bien que le travail des musiciens Timothée Jolly et Florie Perroud sur scène soit primordial, tout réside dans l’expérience visuelle du son.
L’éternelle fiancée du Docteur Frankenstein roule depuis 2009, mais ils ont tout de même créé deux autres spectacles en même temps. Ils en sont maintenant à leur cinquième production. C’est beaucoup de chemin depuis leur première tournée à bicyclette où tout s’organisait dans l’arrière-boutique d’une cordonnerie. Le site internet www.lacordonnerie.com propose des extraits vidéo, des photos ainsi que les détails de leurs spectacles.
Prochain rendez-vous grand public pour la série Exithéâtre le jeudi 30 avril prochain.