Originaire de la France, Clémence Bideaux est étudiante au doctorat en lettres à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Après avoir complété une maîtrise auprès de la professeure Geneviève Bernard Barbeau, Clémence a commencé au cours de la session d’hiver 2022 son parcours au troisième cycle.
L’étudiante étant ainsi aux balbutiements de son projet, le Zone Campus s’est entretenu avec elle afin de discuter de son parcours, de son mémoire de maîtrise et de sa recherche à venir.
Un parcours haut en couleur
Franco-canadienne, Clémence revient au Québec en 2014 et complète ainsi un DEC en sciences humaines au Collège Laflèche de Trois-Rivières. Par la suite, elle réalise un baccalauréat en études françaises et, parallèlement, un microprogramme en études hispaniques à l’UQTR. Durant ses années d’étude au baccalauréat, elle travaille comme assistante de recherche auprès d’une variété de professeurEs, dont sa future directrice de maîtrise et de doctorat, Mme Geneviève Bernard Barbeau. Pour l’étudiante, c’est vraiment cette expérience de travail qui lui a « donné envie de poursuivre dans la recherche ».
« J’ai découvert que j’aimais vraiment ça [la recherche]. »
Clémence en vient finalement à entreprendre des études au cycle supérieur, soit à la maîtrise et au doctorat en lettres. Récemment récipiendaire d’une prestigieuse bourse d’une valeur de 105 000$ du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), la jeune femme s’intéresse aux polémiques autour de l’autisme dans le cadre de sa thèse doctorale.
Clémence et l’analyse du discours
Étant inscrite à sa première session au doctorat où elle suit un séminaire « tout en travaillant sur la revue de littérature de [son projet] », l’étudiante mentionne ne pas être encore bien avancée dans l’analyse de son plus récent sujet. Or, son mémoire, qui s’intitule « Les idéologies linguistiques sur YouTube et le français en usage au Québec: analyse du discours de non-spécialistes », partage quelques similitudes avec ce dernier. Notamment, ces deux projets s’enregistrent dans le domaine de l’analyse du discours et s’intéressent aux nouveaux médias ainsi qu’au rapport qu’a la population avec les connaissances et l’expertise scientifiques.
Dans le cadre de sa maîtrise, Clémence a analysé dix vidéos sur YouTube: « cinq de personnes québécoises et cinq de personnes françaises afin de comprendre quelles images du français québécois sont véhiculées dans ces vidéos. »
« Ma recherche a montré que même si les youtubeuses et youtubeurs font une description plutôt exacte du français en usage au Québec, ils tendent à le réduire au registre familier, comme si les Québécoises et Québécois n’employaient jamais le registre standard. »
La doctorante explique donc qu’il peut être ardu pour le public non québécois de saisir les contextes dans lesquelles il est possible d’employer certaines expressions telles que « sacrer son camp » ou « gosser ».
Le français de France, plus légitime?
L’étudiante-chercheuse continue en soulignant que malgré les nombreuses qualités positives associées au français québécois, les youtubeurs et youtubeuses considèrent le français de la France plus légitime et plus poétique que celui parlé dans la belle province.
« Ma recherche a montré que les youtubeuses et youtubeurs des vidéos tendent à présenter le français québécois comme une langue distincte du français, comme une langue incompréhensible par les Français, ou encore comme une langue déformée, où l’anglais occupe une place prépondérante. »
Ainsi, la recherche de Clémence a permis d’illustrer que les vidéos YouTube « ne sont pas neutres et ne véhiculent pas toujours des images représentatives et positives du français québécois. » Si cette question de recherche l’a interpellée, c’est d’abord parce qu’elle a remarqué l’importance occupée par la plateforme YouTube dans son entourage. Ensuite, elle a pu constater « que certains stéréotypes et préjugés circulent à propos du français parlé au Québec, et mon expérience au Québec et les cours suivis au baccalauréat ont mis en avant la relation particulière des Québécois à leur variété de français, entre marque d’une identité à affirmer, à revendiquer, et, parfois, source d’insécurités. »
Outre cela, l’étudiante indique avoir toujours été intéressée par les langues, les mots et « les liens qu’ils entretiennent avec ce qui nous entoure ».
Le désir de faire avancer les choses
Clémence, qui a déjà su se démarquer, espère « qu’on pourra faire avancer les mentalités » grâce à la recherche, mais aussi comme individu. Désirant mieux comprendre le monde dans lequel elle évolue, elle avance que son désir d’en apprendre toujours plus est ce qui la motive comme être humain et comme chercheuse. L’étudiante, qui semble être sur la meilleure des lancées, réussit à rappeler que la recherche est avant tout un prétexte pour faire avancer les choses et, par le fait même, contribuer à l’évolution de la société.