Commentaire critique : Les émotions au cœur du leadership d’Emmanuel Poirel et Caterina Mamprin

Le livre d’Emmanuel Poirel et Caterina Mamprin intitulé: Les émotions au cœur du leadership : Des compétences émotionnelles pour diriger présente une analyse approfondie des liens entre émotions et leadership. Toutefois, sa structure et son langage spécialisé pourraient limiter l’accessibilité à un public plus large.

Le présent commentaire est une opinion personnelle formulée après avoir lu l’ouvrage. Ce commentaire se fera en 3 phases. Nous commencerons par relever les éléments positifs, ce que nous avons apprécié dans le texte. Par la suite, nous proposerons aux auteurs quelques pistes qui pourraient améliorer la qualité de leur ouvrage. Finalement, nous partagerons notre coup de cœur, c’est-à-dire ce que nous retenons particulièrement de ce livre dont la lecture fut passionnante.

Débutons avec les éléments positifs.

La forme

Dès le départ, le livre Les émotions au coeur du leadership nous a tout de suite impressionnés par sa présentation soignée. Le format est adéquat 15.2 x 1.5 x 22.8 cm, ce qui se rapproche du format d’un livre de poche que l’on peut facilement transporter avec soi et le lire à bord d’un autobus ou dans un lieu public. Le volume est également digeste. 216 pages au total, dont 163 pages de texte intégral.

Les 5 chapitres du livre se suivent de manière chronologique et la table des matières présente de manière très détaillée tous les points abordés, ce qui offre une vue complète de la structure du livre. Les auteurs utilisent un style de rédaction très soutenu, appuyant toutes les idées développées par des références provenant principalement d’articles scientifiques. Nous notons aussi les aspects méthodologiques que les auteurs mettent en perspective, en expliquant toute la procédure qui les a conduits à la thèse qu’ils soutiennent dans leur ouvrage.

Pour tester leurs hypothèses, les auteurs ont déployé une méthodologie de recherche en 3 étapes : la première consistait à faire une enquête auprès des dirigeants d’établissements d’enseignement ainsi que leur personnel. La deuxième consistait à filmer en temps réel les interactions entre 5 directions considérées comme des leaders possédant des compétences émotionnelles. Et enfin, la troisième a consisté en des entrevues semi-structurés avec les directions. Le fait de donner tous ces détails dans la rédaction témoigne du souci de rigueur qu’ont les auteurs dans le traitement de leur sujet.

Le fond

Le texte explore en profondeur l’influence des émotions sur le leadership des directions d’établissements d’enseignement au Québec. Les auteurs avancent que la gestion émotionnelle individuelle et interpersonnelle joue un rôle crucial dans l’efficacité du leadership, déterminant ainsi l’influence des dirigeants sur les acteurs scolaires.

En premier lieu, les auteurs exposent la diversité des modèles de leadership, notamment ceux spécifiques au domaine éducatif, tels que le modèle de leadership éducationnel de Hallinger (1983). Cependant, ils soulignent l’importance d’intégrer les émotions dans ces modèles, en mettant en avant le modèle de leadership transformationnel de Leithwood et Janzi (1999), axé sur les dynamiques relationnelles, comme pertinent pour appréhender le rôle des émotions dans le leadership.

En outre, les auteurs examinent le domaine des émotions, identifiant cinq émotions universelles, principalement négatives (peur, dégoût, colère, tristesse) et une positive (joie). Ils expliquent que ces émotions émergent de la poursuite des objectifs personnels et de l’évaluation cognitive des situations, influencée par des contextes culturels et historiques. Ainsi, une émotion se percevra comme positive ou négative en fonction de cette évaluation.

Cette relation entre objectifs et émotions est approfondie. Lorsque les obstacles entravent la réalisation des objectifs, les émotions négatives s’intensifient, alors que l’avancement vers ces objectifs engendre des émotions positives. Les auteurs proposent alors le modèle de leadership émotivo-transactionnel, où le leadership émerge dans une interaction dynamique entre individus et environnement social.

Une fois relevé ces éléments positifs que nous avons trouvés dans le texte, nous aimerions faire quelques suggestions aux auteurs pour améliorer la qualité de leur ouvrage.

Quelques suggestion d’amélioration

Nous recommandons aux auteurs de rendre leur contenu plus accessible en adoptant un style de vulgarisation des connaissances scientifiques plutôt que de maintenir un ton académique. Actuellement, la lecture de l’ouvrage donne l’impression de parcourir un document de recherche avec des parties théoriques et empiriques, limitant ainsi sa pertinence pratique. Le langage technique utilisé pourrait entraver la compréhension pour les lecteurs non universitaires, et la structure linéaire exige une lecture complète, peu adaptée à ceux recherchant une lecture plus rapide et sélective.

Une autre suggestion concerne la simplification du modèle de leadership émotivo-transactionnel présenté. Sa complexité dans l’ouvrage risque d’être difficile à saisir pour les non-spécialistes. Pour aider les dirigeants d’établissements scolaires à appliquer ces concepts, une simplification du processus de gestion émotionnelle et de son impact sur le leadership pourrait être avantageuse, facilitant ainsi une expérimentation autonome.

Enfin, nous suggérons aux auteurs d’explorer l’application de leur modèle dans d’autres milieux professionnels afin de valider ou d’ajuster leurs conclusions. Étant donné que le titre ne spécifie pas le contexte du leadership abordé, cela laisse penser que les recommandations peuvent être appliquées dans divers contextes. Ainsi, les auteurs pourraient soit adapter le titre pour refléter le contexte éducatif, soit élargir les contextes d’étude pour une meilleure généralisation des résultats.

Le coup de coeur

Pour terminer, notre coup de cœur à la lecture de cet ouvrage est la découverte d’une autre dimension du leadership.  Par leur approche, les auteurs montrent une autre façon d’être leader et qui se démarque de ce qu’on apprend généralement dans les ouvrages et les conférences. Les émotions mises en avant influencent la manière de diriger, suggérant ainsi que la pratique du leadership est une activité dynamique nécessitant le développement de compétences émotionnelles pour une direction plus efficace.

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