Coups d’État répétitifs en Afrique : la fièvre se propage et inquiète

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Le 18 août 2020, quelques éléments des Forces Armées Maliennes conduites par le Colonel Assimi Goita renversent le président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keita. Cet événement constitue le point de départ d’une série de huit Putschs, dont sept réussis en l’espace de trois ans en Afrique subsaharienne.

Crédit : CBC

Les coups d’État ne sont pas un phénomène nouveau en Afrique. Le continent en a connu 221 de 1950 à 2023 ; soit, 44% de putschs perpétrés dans le monde sur la même période. Les derniers coups de force semblent salués par une partie de l’opinion publique. Ils bénéficient d’un traitement médiatique favorable et d’un soutien grandissant de la part des leaders d’opinion et des mouvements panafricanistes. Cette tendance inquiète davantage la communauté internationale et les institutions communautaires. À titre de rappel, au cours des trois dernières années, le continent a connu huit coups d’Etat, dont deux au Mali, deux au Burkina Faso, un au Niger, un en République de Guinée, un au Gabon et une tentative ratée en Guinée Bissau.

Coups d’État  : comprendre les raisons

Depuis l’intervention militaire multinationale de 2011 en Libye, le sahel subit les assauts des groupes djihadistes qui pillent, tuent les civils et occupent des territoires, provoquant de graves crises humanitaires. La dégradation de la situation sécuritaire a contribué au renversement des régimes démocratiquement élus. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les militaires au pouvoir sont accueillis en héros, par une population qui estime qu’il est peut-être temps d’essayer un autre modèle de gouvernance.

Crédit : RFI

Les mauvaises performances socio-économiques des régimes civils ont contribué à briser le pacte de confiance entre les élus et le peuple, légitimant de potentiels putschs. Les peuples africains, encore nostalgiques de la révolution menée dans la décennie 1980 par le capitaine Thomas Sankara, voient en ces nouveaux hommes forts, de potentiels porteurs de changement. En outre, la tendance des régimes civils à se maintenir au pouvoir illégitimement, apparaît comme un feu vert aux putschs. Les coups d’État au Gabon et en République de Guinée sont intervenus sous fonds de refus d’un mandat de trop.

Putschs en Afrique : pourquoi ça inquiète ?

Le caractère contagieux des coups d’État survenus en Afrique inquiète énormément les régimes civils, les institutions communautaires et la communauté internationale. Au sein de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une force en attente a été activée et la menace d’une intervention militaire pèse sur le Niger. Le pays qui est dirigé par le général Tiani, tombeur de Mohamed Bazoum, cristallise l’attention de la sous-région. Ce coup d’Etat, c’est le coup de trop selon les différentes sorties des responsables de la CEDEAO.

Si les sanctions économiques prises par la CEDEAO divisent et provoquent de vives contestations, l’institution désormais fragilisée, compte mettre fin à ce qu’elle considère comme un danger pour la stabilité de la sous-région.

Les partenaires internationaux, la France en première ligne, sont également inquiets par le phénomène qui prend des proportions. Ces putschs se drapent très souvent des oripeaux des luttes contre le néocolonialisme. Ils débouchent souvent sur des crises diplomatiques avec certains partenaires historiques et l’entrée en scène de nouveaux acteurs tels que la société paramilitaire Wagner.

Si les régimes militaires brandissent le principe de la souveraineté dans la conduite de leurs affaires, les institutions de la sous-région et certains Etats peinent à reconnaître leur légitimité, au risque de voir le phénomène se propager davantage.  

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