Dans les dernières semaines, de nombreux aspects de la vie des étudiant.e.s un peu partout dans le monde ont été touchés par la propagation de la COVID-19. Pour certain.e.s étudiant.e.s, la situation causée par la pandémie est synonyme d’anxiété. Qu’ils et elles soient confiné.e.s à la maison dans un climat sain ou non, qu’ils et elles se retrouvent dans une situation de précarité financière ou non, qu’ils et elles aient une santé mentale plus fragile qu’à l’habitude ou non, il est certain que de compléter une formation universitaire à distance comporte son lot de difficultés. Ainsi, jetons un coup d’oeil à la nouvelle réalité de la communauté étudiante de l’UQTR dans le cadre des cours en ligne.
Cours à distance: reportés, remplacés, annulés ou repensés?
Depuis la semaine du 30 mars, après un arrêt de deux semaines, les étudiant.e.s ont pu retourner aux études. Toutefois, bien des choses avaient changé pour eux et elles, mais aussi pour les professeur.e.s et chargé.e.s de cours. Les cours en présentiels ne pouvant plus se donner jusqu’à nouvel ordre, les enseignant.e.s ont ainsi dû repenser leur plan de cours. Or, ce n’est certainement pas tous les cours qui peuvent se donner dans un format numérique.
Notamment, il est difficile, presque impensable, de pouvoir offrir des stages en enseignement ou des laboratoires de chimie à distance; il est de même pour de nombreux cours où les travaux pratiques sont essentiels à l’acquisition de certaines compétences. Pensons aux étudiant.e.s en arts visuels: difficile d’apprendre à faire de la sculpture ou à souffler le verre lorsque l’on ne possède pas les ressources nécessaires à domicile. Bien sûr, lectures et cours à distance permettent d’accomplir un certain apprentissage. Pour ce faire, il est toutefois nécessaire d’investir du temps et d’être motivé.e, chose qui n’est peut-être pas si aisée dans les circonstances actuelles.
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Devant l’impossibilité d’adapter certaines de leurs évaluations, les enseignant.e.s ont dû prendre des décisions parfois difficiles; tandis que certain.e.s étudiant.e.s se sont vu.e.s assigner une panoplie de nouveaux travaux ou de lectures imposantes, d’autres ont dû apprendre à utiliser la plateforme de vidéo-conférence Zoom. D’autres encore ont pu terminer leurs cours plus tôt que prévu puisque certains cours ont tout simplement été annulés ou reportés. Dans tous les cas, il semble que la session d’hiver 2020 ne s’est pas déroulée comme plusieurs étudiant.e.s l’avaient initialement espéré.
Le point de vue d’une étudiante
Brithany Ricard, étudiante en enseignement des langues secondes, nous a partagé comment elle vit sa nouvelle réalité de cours à distance. Elle mentionne que «ce ne sont pas tous les professeurs et chargés de cours qui sont à l’aise [avec le nouveau format en ligne]. J’ai trois enseignants qui donnent des cours sur Zoom assez régulièrement. Sur les trois, il y en a un que la qualité du son est mauvaise, l’autre que son Zoom a planté hier pour des problèmes techniques et l’autre est une enseignante qu’on entend bien, qu’on voit bien et qui semble maîtriser la plateforme. Je trouve ça dommage que plusieurs enseignants se penchent vers des cours en ligne lorsque ce n’est clairement pas optimal pour tout le monde. Certains enseignants nous on transmis des notes de cours à lire et sont disponibles pour des questions en courriel et en Skype au besoin.»
Optimiste, elle ajoute que «personnellement, je trouve que les cours en ligne m’aident à comprendre davantage qu’une lecture de quelques chapitres dans un livre. L’enseignant peut apporter certaines nuances qui m’aident à comprendre et au final j’assimile la matière plus rapidement. De plus, les cours en ligne me permettent une certaine discipline puisque je dois y assister et faire mes lectures avant que le Zoom débute. Sans les cours en ligne, je procrastinerais mes lectures jusqu’à la veille de l’examen.
Une situation académique qui démotive certain-e-s
«J’aime les efforts que certains enseignants font pour nous accommoder et surtout les beaux messages authentiques de soutien que certains nous ont envoyés. Cependant, je dois visionner les cours en ligne sur mon cellulaire (je n’ai pas accès à un ordinateur fonctionnel) et cela n’est pas l’idéal. Je suis tentée [par] mes réseaux sociaux et par mes textos… Habituellement dans un contexte de classe, je mets mon cellulaire de côté pour bien me concentrer sur le contenu du cours, mais là c’est impossible puisque c’est mon instrument de travail! J’aurais aimé que l’université puisse prêter des ordinateurs bien que je sais qu’avec la situation actuelle cela n’est peut-être pas réaliste.»
Cette dernière souligne tout de même les efforts faits par l’université: «Je trouve qu’il y a quand même une belle flexibilité de la part de l’université avec la possibilité d’avoir une cote S à la fin de tous les examens et travaux si la note finale ne nous satisfait pas.
«Cela était essentiel comme choix puisqu’on ne peut pas évaluer les étudiants à leur plein potentiel et sur une base égale si c’est fait à la maison dans un contexte de pandémie. Certains doivent travailler plus puisqu’ils sont dans les services essentiels, d’autres n’ont plus d’emploi, certains n’ont pas la technologie et d’autres ont des enfants à temps plein. Alors, une personne qui performe à l’école normalement aura peut-être de la difficulté à se concentrer avec un bébé à s’occuper, du stress financier, trop d’heures ou pas assez d’heures de travail et aucun environnement calme pour étudier. J’avoue être tout de même jalouse d’une amie de l’UQAR qui n’a plus de cours du tout et qui aura la mention S partout.»
Un étudiant préoccupé par la santé mentale
Un étudiant, qui a préféré conserver l’anonymat, nous a confié comment il vit son confinement et son parcours académique à l’heure actuelle: «La qualité de l’enseignement que nous recevons a diminué, à l’œil, d’un bon 300%. Cela va de même, je dois l’avouer, pour ma motivation à compléter les travaux compensatoires proposés par les enseignants, bien malgré eux.
«Cela dit, je fais partie de ceux qu’on pourrait classer dans la catégorie « santé mentale fragile ». Pourtant, je me porte très bien durant cette quarantaine; peut-être parce que j’ai vécu d’autres «tempêtes». Ça m’a fait penser à la fable de Jean de la Fontaine, Le chêne et le roseau. Le roseau, plus fragile, plie sous le vent de l’orage alors que le chêne, très solide, reste bien droit. Seulement, lorsque qu’une tempête d’une force inhabituelle se présente, le chêne est déraciné et ses branches cassées. Le roseau, lui, plie comme à l’habitude pour se relever plus tard. Voilà ce qui me pousse à m’inquiéter davantage pour mes proches qui n’ont jamais eu de problème à cause d’un stress quelconque, mais qui pourrait y faire face maintenant plus qu’à tout autre moment auparavant.
«Les cartes qui nous sont données»
«Tenter de prédire la suite des choses est difficile, surtout puisque nous somme en pleine période de changement. Ainsi, l’accumulation de travaux, de lecture et de stress peuvent mener à l’idée de tout abandonner. Mais la probabilité que vous vous en tiriez mieux en cédant sous la pression qu’en vous adaptant à la situation est mince.
«Pourquoi ne pas maintenant essayer de bien faire ce que vous faisiez avant? Il s’agit de jouer le jeu du mieux possible avec les cartes qui nous sont données. Il est fort probable qu’il ne survienne plus de crises du genre de notre vivant. Vous êtes en train de prouver que vous êtes capable de gérer un niveau de stress hors de la normale et c’est tout à votre honneur. Prenez soin de vous-même et, encore mieux, les uns des autres.»