Par Gabriel Couturier, chroniqueur
Deux films… deux époques… un pays. Ce sont deux films semi-biographiques dont nous parlerons cette semaine. Deux hommes qui ont su inspirer une nation en entier, rétablir un honneur bafouillé, défendre un peuple et ainsi démontrer la fierté d’une nation.
Le maître d’armes (2006)
«Shanghai, 1910 : La Chambre de Commerce Étrangère organise un tournoi : leurs quatre meilleurs combattants contre ce que la Chine a de mieux à offrir… Leur but, humilier publiquement le peuple chinois. Un homme se dresse seul face au défi et son histoire inspirera une nation pour des décennies à venir.»
Le film débute avec le tournoi. HuoYuanjia, champion chinois, réussit à vaincre les 3 premiers champions sans problème : un à mains nues, l’autre à l’épée et le troisième à la lance. Lorsque le 4e combattant monte sur le ring, on est transporté plusieurs années en arrière dans la ville de Tianjin. C’est là que la véritable histoire commence.
On découvre alors le jeune HuoYuanjia alors qu’il n’est qu’un enfant. Déterminé à devenir le champion de Tianjin, son arrogance et son entêtement le mènent à faire de graves erreurs qui le poussent à s’exiler vers un petit village paysan. Lorsqu’il revient dans sa ville natale, rien ne va plus. La mondialisation a fait son entrée, les gens ne sont plus ce qu’ils étaient et les Chinois se font humilier par les nations étrangères. HuoYuanjia tentera donc de rétablir l’honneur de son peuple.
Ce film, basé sur des faits vécus, est une histoire de vengeance, de persévérance et finalement d’humilité. Le réalisateur, Ronny Yu, réussit très bien à nous faire ressentir la fierté de la nation chinoise. Dans son combat pour rétablir celle-ci et faire respecter son peuple, HuoYuanjia a inspiré plus d’un homme et a montré au monde que l’honneur, le dévouement et le respect des autres sont des forces bien plus puissantes qu’un poing, une épée ou toute autre arme de combat.
Bien qu’il soit possible d’écouter ce film en anglais ou en français, la version originale en mandarin (sous-titrée) offre une authenticité et aide le spectateur à voir le film comme une page d’histoire et non seulement comme divertissement. La production et la trame sonore aident aussi beaucoup à s’installer dans l’ambiance du film et permettent d’apprécier pleinement toute la profondeur des leçons à tirer de la vie d’un homme qui en inspira des milliers.
Ip Man (2008)
La province de Fo Shan, 1935 : les arts martiaux sont très populaires et plusieurs écoles ouvrent leurs portes afin d’enseigner au peuple l’art du Kung Fu. La nation chinoise est fière et prospère. Puis, 1937 arrive, le Japon envahit le pays, les usines et infrastructures principales sont démolies et le peuple chinois sombre dans une dépression. Le Général Miura, homme de guerre japonais, occupe Fo Shan et demande aux chinois de se battre pour des sacs de riz. Les Chinois se font ridiculiser, mais Ip Man, grand maître de Kung Fu, après avoir refusé de se battre pendant des années, décide d’agir et de rétablir l’honneur de son peuple.
Encore une page d’histoire sanglante pour la Chine. C’est moins de 30 ans après les exploits de HuoYuanjia qu’Ip Man, comme l’appelaient les gens de Fo Shan, doit à son tour défendre l’honneur de la Chine. En voyant ses amis se faire battre à mort par les Japonais, Ip finit par prendre les choses en main et affronte les japonais. Il enseigne ensuite le Kung Fu aux employés d’un moulin pour qu’ils puissent se défendre contre l’envahisseur et les truands qui tentent tant bien que mal de survivre. Mais le Général Miura ne se laisse pas impressionner et cherche à tout prix à rencontrer maître Ip.
L’histoire est très fluide et est facile à comprendre, ce qui permet au spectateur de se concentrer sur le reste des éléments qui en font un film intéressant. Parmi ces éléments, on retrouve d’ailleurs les scènes de combat. Contrairement à la majorité des films d’arts martiaux – où les combats sont irréalistes, violents et brutaux – les bagarres dans Ip Man ne paraissent pas chorégraphiées de façon à être sensationnalistes, mais plutôt basées sur un style de combat plus réaliste et moins brutal.
Une production prenante, une trame sonore enivrante et un scénario captivant qui viennent se compléter avec des scènes de combat à couper le souffle. C’est une page sombre dans l’histoire de la Chine que Wilson Yip, réalisateur, nous offre avec ce film. Et c’est avec émotions que le spectateur est transporté du début à la fin de cette saga qui parle d’honneur, de fierté et de la bravoure d’un homme face à une nation.
Fierté
Cependant, la force de ces deux films ne se trouve pas dans les éléments cinématographiques. Bien que ces productions soient différentes sur plusieurs plans (historique, scénique, musical, casting, etc.), une similitude fondamentale les lie : la fierté du peuple chinois. Autant Ronny Yu et Wilson Yip ont réussi, et avec brio, à brosser un portrait de la société chinoise lors de ces deux moments qui ont façonné l’histoire de la nation. Ce sont tous deux d’excellents films qui méritent d’être visionnés autant pour le contenu historique que pour leur scénario et leurs multiples scènes de combat. Des longs métrages que sauront apprécier autant les mordus d’histoire que les amateurs d’arts martiaux.