Par Gabriel Couturier, chroniqueur
Exam (2009)

Huit candidats sont rendus à l’étape finale d’un processus d’embauche pour une mystérieuse et puissante corporation. Dans une salle sans fenêtres, les postulants sont invités à prendre place devant un pupitre sur lequel sont déposés un crayon HB et une feuille arborant le numéro du candidat. Les règles sont bien simples : il n’y a aucune loi dans la pièce, sauf celles de la compagnie; il est interdit de tenter de communiquer avec le garde ou le surveillant, il est interdit de gaspiller le papier, intentionnellement ou non, et il est interdit de quitter la pièce, peu importe la raison. Si une seule de ces règles est enfreinte, ils seront automatiquement disqualifiés. Une seule question leur sera posée et une seule réponse est requise. Un peu sceptiques, les candidats retournent leur feuille pour y découvrir une page blanche…
Stuart Hazeldine, Anglais d’origine, a déjà produit et coécrit plusieurs films dont Riverworld (2003) et After the Truth (1999). Il a aussi dirigé Christian, un court-métrage, en 2004. Exam serait donc son premier long-métrage en tant que directeur, dans un film qu’il a aussi coproduit et coécrit.
On remarque déjà, dès les premières images d’Exam, que le film est fondé sur un souci du détail. Hazeldine crée une ambiance qui offre la chance au spectateur de voir la profondeur autant dans la production que dans le scénario, les décors et la construction des personnages. Ce qui laisse place à l’imagination et permet une aussi bonne, voire une meilleure appréciation lors des prochaines écoutes.
Pour ajouter à cela, le jeu des acteurs vient amplifier l’ambiance recherchée par le scénario. La personnalité unique de chaque personnage fait en sorte qu’il se passe toujours quelque chose, même durant les silences. Avec un film qui se passe en temps réel, il n’est pas toujours évident d’accomplir un tel exploit sans créer de longueurs.
Finalement, non seulement ce film vous fera réfléchir à en perdre un peu l’esprit, mais il vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière minute. La surprise que l’on ressent lorsqu’on réalise que la réponse était là depuis le début est encore présente lors de la deuxième écoute, quand on remarque tous les petits éléments qui nous ont échappé la première fois. Un film à voir plus d’une fois sous plusieurs perspectives.
Origin : Spirits of the Past (2006)
À la suite d’un cataclysme ayant détruit la Lune, la Terre subit une transformation majeure. 300 ans plus tard, les plantes ont pris le contrôle de la planète, étant maintenant la forme de vie la plus intelligente sur Terre. Les humains survivent tant bien que mal, devant respecter les lois strictes instaurées par les esprits de la Forêt afin d’avoir accès à de l’eau potable. Le joug végétal est cependant en péril lorsqu’une jeune fille est réveillée d’un sommeil cryogénique datant du cataclysme. Avec la renaissance d’une ancienne technologie de guerre qui menace d’anéantir la Forêt et l’éveil d’une puissance dormante, les combats se font de plus en plus féroces. Qui l’emportera sur l’autre? Lequel du règne végétal ou animal ressortira souverain de la planète?
Il est premièrement important de démystifier un peu certains éléments par rapport au style anime. Les stéréotypes fusent face au genre : destiné aux geeks, histoires enfantines, personnages sur-émotifs, etc. Bien que quelques productions (téléséries ou films) rejoignent ces éléments, la majorité se compare bien plus à un film d’animation comme nous les connaissons. Une des différences majeures se trouve dans la complexité des personnages.
Dans Origin, l’anti-héros vient du passé et tente par tous les moyens possibles de ramener la civilisation comme elle était 300 ans plus tôt. Il aimerait que les habitants de ce monde vivent dans une réalité où il y a de l’eau pour tous et où la Forêt ne mange pas les humains. Bien qu’on aimerait le détester, on ne peut s’empêcher de comprendre ses motifs et de se demander ce que l’on ferait à sa place.
C’est dans une réalité futuriste post-apocalyptique que le directeur Keiichi Sugiyama nous transporte avec cet anime japonais. On comprend plus tard dans le film que le cataclysme ayant rendu les végétaux si puissants et mené à la destruction de la Lune aurait été causé par une expérience scientifique ayant mal tourné sur une base lunaire. Les humains ont donc dû se résigner à survivre sous la dictature des esprits de la Forêt en tentant de trouver une façon de cohabiter avec elle.
Ce film est une critique majeure de la société de consommation et des avancements technologiques infinis. Le scénario est basé sur une théorie un peu fantastique d’une fin du monde causée par l’ambition de l’Homme, ce qui nous incite à réfléchir à notre façon de vivre. Si le monde de l’anime vous est inconnu, c’est un bon film pour en faire la découverte. Le scénario est intéressant, les personnages, complexes, et l’animation est bien conçue. Le tout est accompagné d’une bonne trame sonore qui vient compléter la formule d’un bon film de fin de soirée.