De prime abord l’œuvre ressemble à un cliché sociétal. Mais le cliché s’arrête là, le reste de l’œuvre étant beaucoup plus vorace et d’actualité que faisant état d’une simple relation mère-fils typique. L’intrigue est simple, elle raconte l’histoire de Diane, une veuve monoparentale (Anne Dorval) qui hérite de la garde de son fils, un ado, Steve Després (Antoine-Olivier Pilon), atteint du trouble du déficit d’attention, impulsif et, de surcroît, violent. Aidés par leur énigmatique voisine d’en face, Kyla (Suzanne Clément), le duo tentera de retrouver une forme d’équilibre et aussi, d’espoir. C’est à partir de ce moment que la magie commencera à opérer. Pour le meilleur et pour le pire…
Mommy clôt un cycle chez le réalisateur. En cinq ans, le jeune cinéaste a déjà pondu pas moins de cinq longs métrages. Le plus récent en liste rompt avec la tradition alors qu’on sent que l’harmonie et la réconciliation sont des thèmes centraux du réalisateur, ce qui contraste un peu avec ses réalisations précédentes qui étaient plutôt ancrées vers la violence et la discorde. Si la mère avait auparavant une connotation négative dans la cinématographie de Dolan, elle s’affirme désormais en femme forte et lumineuse par l’entremise de l’excellente Anne Dorval.
Le cachet unique du film réside dans son équilibre, tant cinématographique, qu’esthétique. Car il est bien là le génie de Dolan, une maîtrise de plus en plus peaufinée de son style. On peut l’aimer ou le détester, mais il n’en demeure pas moins que le jeune homme est en train de s’affirmer comme étant l’un des réalisateurs phares de sa génération, non seulement au Québec, mais dans le monde. Le fait d’avoir décidé de filmer l’histoire dans un format 1.1 (un carré parfait) rend l’œuvre encore plus opaque et synergique. Il faut bien l’avouer, le fait de minimiser la grandeur de l’écran donne pour effet au spectateur d’avoir l’impression de s’immiscer dans la vie intime d’une famille, ce qui renforce le caractère de voyeurisme et vient insuffler une dose amplifiée de mystère.
Le cachet unique du film réside dans son équilibre, tant cinématographique, qu’esthétique. Car il est bien là le génie de Dolan, une maîtrise de plus en plus peaufinée de son style.
Au-delà de l’histoire d’amour-haine entre une femme et son enfant, c’est le caractère flamboyant des protagonistes qui rend l’histoire de Dolan si dense. Ce dernier n’a d’ailleurs pas peur d’afficher une mise en scène portée par plusieurs chansons riches en souvenirs afin de donner encore plus d’émotions à un film qui en comportait déjà son lot. Il est peut-être d’ailleurs là le seul reproche à faire à Dolan. Trop souvent il essaie d’en mettre plus que le client en demande. Très excentrique, le jeune cinéaste ne manque certes pas d’audace, mais il délaisse parfois le véritable propos du film pour se baigner dans une «majestuosité» éclectique visuelle qui virevolte de tous bords tous côtés.
Il n’en demeure pas moins que Xavier Dolan est encore jeune et que le meilleur reste à venir en ce qui le concerne. Le pas entre cinéaste prometteur et géant du cinéma est encore loin d’être franchi, mais avec Mommy, c’est une véritable leçon de cinéma que nous impose le jeune homme. Un film à voir, sans l’ombre d’un doute.