Critique: Dictature 2.0 en Chine, une enquête de Kai Strittmatter

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Couverture. Crédit : Alexis Lambert

La Chine n’a jamais été un pays démocratique. Minée par l’impérialisme, la guerre civile et le communisme, l’histoire de ce pays est remplie de hauts et de bas. La situation est encore plus problématique depuis l’élection à vie de Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, en octobre 2017. Dans son tout nouvel essai journalistique intitulé Dictature 2.0 : Quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde), le journaliste allemand Kai Strittmatter nous explique en quoi la Chine d’aujourd’hui reproduit les mêmes schémas que celle de Mao Zedong.

La Chine s’enligne aujourd’hui vers une «dystopie technologique» (p. 7). En effet, même si la situation a changé depuis le communisme de Mao, l’emprise sur la psyché de ses membres est de plus en plus forte, et la dissidence, de plus en faible, presque inexistante, atomisée. Xi Jinping renverse complètement les politiques de réformes enclenchées par un de ses prédécesseurs Deng Xiaoping (Président de 1978 à 1992). Il fonde son pouvoir sur un culte de la personnalité l’élevant au statut de divinité, le tout non pas dans une foi sans nom envers le pays, mais dans une énorme indifférence générale (p. 17-19).

Le fusil et le stylo

Strittmater a vécu longtemps en Chine, il a été témoin de la perversion de la mémoire. Passée maître dans l’art des faits alternatifs, qui sont le pain quotidien des Chinois et Chinoises depuis maintenant deux décennies, la Chine assoit son pouvoir sur cette confusion constante où il n’y a plus de vérité. C’est d’ailleurs la première étape d’une dictature, ou autocratie; il faut contrôler par la parole.

L’amnésie collective est au fond beaucoup plus dangereuse que n’importe quelle répression.

Le Parti communiste chinois a une histoire de répression, que ce dernier soit à la pointe d’un fusil ou d’un stylo : «Les premiers sont la menace de la violence physique et de terreur, le second symbolise le contrôle de la pensée» (p. 47). Aujourd’hui, le dirigeant a intériorisé la peur et la soumission du peuple. La répression physique n’est utile que pour une minorité, et Xi s’assure de la loyauté de ses sujets par le biais de décrets anticorruption.

La propagande fonctionne comme une façon de contrôler les différentes sources d’informations. On peut donc contrôler ce qui est dit et imposer les messages souhaités. C’est ce que le parti fait, notamment en contrôlant fortement les réseaux sociaux. Ils sont remplacés par des réseaux locaux, fortement surveillés.

Restructurer la mémoire

Plus que la censure, la vraie peur qu’il faut avoir envers la Chine est celle du contrôle de la mémoire et du crédit social. Les dictatures n’ont rien d’original. Cependant, comme nous l’expliquait la philosophe Hannah Arendt dans les années 50, le totalitarisme s’infiltre dans le fondement de la conscience, posant en plus les buts ultimes du parti, jusqu’à ce qu’un jour l’idéologie soit «tout», et tout ce qui n’est pas l’idéologie n’existe tout simplement plus.

L’amnésie collective est au fond beaucoup plus dangereuse que n’importe quelle répression, et c’est ce que le Parti a compris. Depuis plusieurs années, il s’efforce de faire oublier des évènements marquants de l’histoire du pays qui pourrait nuire à son prestige. Parmi ces derniers: Le Grand Bond en avant (1958-1960) qui causa la mort de milliers de Chinois et Chinoises et plus récemment, le souvenir de la place Tian’anmen en 1989. Si l’évènement est le symbole de la résistance contre la dictature chinoise, sa seule évocation en Chine est interdite. Toute une nouvelle génération, née après, ne pense pas seulement que cet évènement est faux… il n’existe tout simplement pas. On efface l’histoire.

Cette critique a été réalisée grâce à la collaboration de Coopsco Trois-Rivières. Coopsco Trois-Rivières est une coopérative qui offre à ses membres et clientèle tous les produits et services pour répondre à leurs besoins. Le titre a donc été recommandé par leur libraire et a fait l’objet d’un service de presse.

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