The Whigs – Enjoy the Company
C’est avec surprise que j’ai réalisé la sortie du quatrième opus de The Whigs, groupe américain de musique rock à l’humour particulier. Leur dernier compact, In the Dark (2010), a joué plus souvent qu’à son tour dans mon lecteur de musique. Fidèle à leurs traditions, le trio nous offre un album simple, bien construit et surtout très efficace.
Caressant un son légèrement plus rétro, le groupe commence en force l’album Enjoy the Company avec une pièce d’un peu plus de 8 minutes, où la guitare indique le chemin que le groupe va emprunter tout au long des 37 minutes du compact. La chanson Staying Alive est non seulement une belle façon d’ouvrir la marche, mais elle montre déjà l’avancement du groupe avec l’ajout de cuivres pour appuyer les habituelles guitare, basse et batterie. On pourrait facilement comparer cette ouverture à la chanson Art of Almost, qui ouvre le plus récent album de Wilco, ce qui est loin d’être négatif.
Pour la suite, on sent que les membres du groupe n’ont pas voulu recréer leur précédent disque en étant moins agressifs, voire moins crasseux, dans leur son. L’expérimentation se poursuit avec Tiny Treasure, où la voix de Parker Gispert semble venir de loin durant les couplets. La ligne de basse de Couple of Kids nous rappelle vaguement les dynamiques souvent explorées par Spoon. On retrouve une intimité avec la pièce Thank You où la guitare acoustique est entremêlée de notes de xylophones.
Les paroles et la voix de Gispert sont moins emportées et tendent vers des sujets plus sérieux. Cependant, le groupe n’a pas perdu son humour pour autant. Sur la pochette, on peut voir un hot-dog formant un point d’exclamation ponctué d’une tache de moutarde.
Le groupe nous offre tout de même deux chansons qui nous rappellent son passé. En effet, Waiting et Rock’n Roll Forever nous replonge dans le style plus direct du groupe. Il s’agit ici d’un album facile d’approche qui peut nous mettre de bonne humeur sans tenir compte de la situation. Si vous ne connaissez pas déjà The Whigs, vous avez ici une excellente introduction à leur univers musical. Je tiens à vous avertir, il peut créer une dépendance !
L’album Enjoy the Company se mérite un A.
Jardin Mécanique – La Sinistre Histoire du Théâtre Tintamarre (Épisode 1)
Jardin Mécanique est un groupe aux origines trifluviennes. Il s’agit de la transformation (terme choisi soigneusement) du défunt quintette Un. Reconnu depuis un moment pour leurs spectacles très théâtraux, il s’agit de la première sortie sur disque du groupe. Jardin Mécanique nous offre un voyage plutôt surprenant avec La Sinistre Histoire du Théâtre Tintamarre (Épisode 1). Un peu difficile d’approche, ce disque demeure un plaisir pour les oreilles.
Pour bien comprendre ce groupe, il faut une petite mise en contexte. Le trio incarne des personnages pour nous plonger dans une histoire musicale qui allie le progressif de Gentle Giant, la dynamique d’un bon Broadway et la grande folie de Tim Burton.
Francis Gagnon (Monsieur Camélius), Sylvain de Carufel (Monsieur Edwidge) et Philippe Coulombe (Monsieur Augustache) ont construit un album qui va plaire aux musiciens de ce monde. Leur talent est indéniable et ils le rendent très bien en spectacle. La majorité des chansons du disque sont très rythmées et dynamiques.
Les paroles racontent quant à elles l’aventure des trois personnages, où chacun chante à son tour. On voit la dépendance à l’absinthe du premier (La Fée Verte et Monsieur Camélius), le bonheur facile du second (L’enthousiasme de Monsieur Edwidge) et la méchanceté du dernier (Le Plan Diabolique de Monsieur Augustache). Rempli d’imagination, le groupe assume totalement son concept, ce qui sert beaucoup à la crédibilité de la démarche artistique.
On sent cependant qu’un certain filon manque à l’album, que l’on doit probablement retrouver dans les scènes qu’ils présentent en spectacle. Un beau moment de délire est la pièce La Mise en Œuvre du Plan, où on se croit rendu dans une vieille pièce de The Mars Volta avec des effets sonores bizarres et légèrement agressants.
L’humour est présent et l’interprétation est impressionnante. On comprend facilement qu’ils maîtrisent très bien leur style unique et qu’ils savent où ils s’en vont. Mon coup de cœur du disque est la pièce L’enthousiasme de Monsieur Edwidge, dans laquelle on retrouve les racines progressives que les membres avaient à l’époque du groupe Un.
L’album est accompagné d’un magnifique visuel qui représente très bien le contenu de la pochette. Malgré tout, cet album me donne l’impression qu’on doit en avoir envie pour l’écouter, étant donné la complexité des arrangements et des chansons. Cela dit, on peut vous assurer un sourire à chaque écoute. Simplement pour son originalité, Jardin Mécanique mérite que l’on parle d’eux au Québec.
Pour leur audace, Jardin Mécanique obtient un B+.