Par Maxime Tanguay, chroniqueur
Bloc Party – Four
Je dois avouer que j’étais inquiet en voyant Bloc Party faire un retour en studio pour un quatrième album. Leur plus récent album, Intimacy, a été une déception tant le groupe ne semblait plus connaître leur propre identité. Après une pause salvatrice et quelques projets hors du groupe, les quatre membres se retrouvent dans un album qui se veut beaucoup plus authentique.
Dès la première chanson (So he begins to lie), on sent déjà que le groupe est ailleurs dans sa démarche musicale. Un son lourd et des paroles plus sombres, on peut sentir que le voyage sera sinueux. Pensée qui se précise avec l’arrivée de 3X3, où je me suis surpris à penser à une vieille chanson de Rammstein. La lourdeur est toujours au rendez-vous, doublée de couplets chuchotés par Kele Okereke, donnant une ambiance inquiétante. La violence sera présente tout au long du compact, passant par le southern rock (Coliseum) et même le punk rock avec la décapante We are not good people, qui ferme l’album.
Cependant, Bloc Party ne serait pas les mêmes sans quelques moments plus tranquilles. Real talk est le premier morceau plus doux de l’album, qui nous rappelle très rapidement le premier opus du groupe, Silent Alarm, paru en 2005. Un autre bon exemple est la chanson V.A.L.I.S. qui nous présente une nouvelle facette du groupe, des mélodies de voix en harmonie. Je ne peux passer sous le silence la magnifique Truth, pièce beaucoup plus pop mais qui est rendue avec beaucoup d’émotion par Okereke.
Bref, un album en plusieurs temps qui est très intéressant à découvrir. On sent une volonté de vouloir aller plus loin, mais contrairement à leur album précédent, ils le font tous ensemble. La variété des tons de l’album vient parfois nuire au rythme, entre autres avec l’entrée en scène du premier extrait, Octopus, qui brise radicalement le ton instauré par les deux premières chansons. Il y a quelques moments faibles, comme la chanson The healing, qui est longue et franchement pas très intéressante. Les instruments sonnent très bien, Russell Lissack nous offre quelques solos de guitare et Kele Okereke nous prouve qu’il a une voix en or et qu’il peut faire ce qu’il veut avec celle-ci.
Un album inespéré qui ravive la flamme Bloc Party qui s’était éteinte. Malgré une pochette affreuse, l’album se mérite un B+.
Baroness – Yellow & Green
C’est à la suite de plusieurs critiques très positives que j’ai fini par m’intéresser à ce groupe de sludge métal du sud des États-Unis. Chacun des albums de Baroness depuis leur tout début porte le nom d’une couleur. Après le Red Album (2007) et le Blue Record (2009), le groupe y va quitte ou double avec Yellow & Green, album double explorant un métal s’approchant très près du rock.
Si leur passé était ancré dans les rythmiques lourdes, les guitares tonitruantes et la voix agressive, c’est autre chose que l’on découvre dès le début de l’album. Après une courte introduction au disque jaune (Yellow theme), c’est le premier extrait Take my bones away qui nous offre une version légèrement adoucie du groupe, mais tout aussi efficace. Le disque va rapidement se construire dans cette mentalité jusqu’au duo Twinkler et Cocainium qui se veut une approche plus progressive, voire même à tendance psychédélique de leur style. Jusqu’à la fin du premier disque, seule Sea lungs va se rapprocher de leur agressivité habituelle. La portion jaune de Yellow & Green va se terminer avec la meilleure pièce de l’album, Eula, qui débute comme une ballade, mais va rapidement se corser pour nous donner près de 7 minutes d’émotions pures.
On peut souvent craindre le disque numéro 2 d’un album double. Pourtant, la partie verte est tout aussi bonne et efficace que sa sœur. Une introduction un peu plus longue (Green theme) nous mène à Board up the house où la guitare basse agressive, jouée exceptionnellement par le chanteur et guitariste John Baizley, prend le dessus et nous fait hocher la tête de gratitude. On revient ensuite au ton installé à la fin du premier disque pour encore plus de plaisir et de surprise. Le moment fort du disque vert est la chanson Psalms alive, où la guitare basse agressive revient à l’avant dans cette chanson sous la thématique de la guerre. Le voyage se termine avec une pièce instrumentale (If I forget thee, lowcountry) qui permet de nous ramener sur terre après un périple hors du commun.
Peu de moments faibles, de belles constructions, des paroles toujours justes et la voix de John Baizley, cet album est un bijou. S’ils se faisaient comparer trop souvent à Mastodon, ils sont désormais seuls maîtres de leur style qui est un rafraîchissement dans la musique métal. D’une main de chef, Baroness obtient un A pour Yellow & Green.