Inspiré de la schizophrénie de son père, Anne Plamondon présentait, le jeudi 20 mars dernier à la salle Anaïs-Allard-Rousseau, son premier spectacle solo de danse contemporaine, Les mêmes yeux que toi.
Seule sur scène pendant une heure, Anne Plamondon livre une performance danse-théâtre créée avec l’aide de l’actrice, auteure et metteure en scène Marie Brassard. En plusieurs tableaux, représentants différentes perspectives de la maladie de son père, elle raconte son histoire, sa détresse, sa folie ainsi ses propres souvenirs.
Superposant les réalités, elle incarne tantôt cet homme perdu, personnalité disloquée où coexistent et se succèdent comportements anormaux, langage délirant et conduites incohérentes, tantôt cette femme, témoin du naufrage, qui voit la démarcation entre la démence et la «normalité» hésiter sous ses yeux.
C’est avec fragilité qu’elle explore les zones grises de ces états qui font parfois souffrir. Elle aborde l’incompréhension des autres et évoque le souvenir du malade tel qu’il était avant de basculer dans la folie. Par son corps en mouvement, elle invite à un fascinant récit sur la pensée sans limites qu’un corps peut contenir, perdant parfois tous ses repères, ne sachant même plus comment marcher.
Sur une scène dégarnie, la scénographie évoque, par ses éclairages, les fenêtres d’un hôpital psychiatrique. On peut aussi entendre chanter son père sur une des trames sonores, alors qu’elle ne savait pas encore qu’elle allait créer ce spectacle.
En plusieurs tableaux, représentants différentes perspectives de la maladie de son père, elle raconte son histoire, sa détresse, sa folie ainsi ses propres souvenirs.
Aborder la maladie mentale sur scène
Anne Plamondon est claire: elle n’aurait pas pu créer ce spectacle si ce n’était pas «quelque chose de réglé» en elle, le but n’était pas une délivrance. Celle qui est en paix avec la maladie de son père a dit s’être inspirée de son histoire pour ce spectacle solo. Elle a réfléchi pendant huit ans avant de trouver un sujet assez saisissant pour y investir toute son énergie dans la création.
L’interprète n’a pas voulu entrer dans la caricature et le cliché de la folie: «Je voulais parler d’un moment dans la vie de Yves, faire une histoire à partir d’un sujet plus grand que moi, oublier mon ego».
À partir d’un thème personnel qu’elle n’exploite pas de façon caricaturale ou dramatique, elle a ainsi créé un spectacle authentique qui allait toucher les gens. Elle se disait d’ailleurs surprise de la réaction du public et des témoignages touchants qu’elle recevait, alors que son but était de créer un moment de danse intéressant.
Anne Plamondon
Formée en danse classique à l’École nationale de Ballet du Canada et au Banff Centre for the Arts, l’artiste originaire de Québec a obtenu son diplôme de l’École supérieure de Ballet du Québec en 1994.
Interprète professionnelle, elle danse au Québec comme à l’étranger dans des œuvres de chorégraphes de renom. Depuis 2002, elle danse avec le Groupe RUBBERBANDance.