Éditorial: Coupures en éducation ⎯ Gestion à deux faces

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Exception faite de ceux ayant élu domicile sous une roche, tout le monde a entendu parler des coupures budgétaires actuelles. En effet, le gouvernement «libéral» de Philippe Couillard a enclenché la vitesse de croisière sur l’autoroute de l’austérité. Si tous les services publics se font réduire, les universités ne sont pas en reste.

Le premier réflexe par rapport aux coupures est de se demander comment cela va influencer nos services. En ce qui concerne l’UQTR, c’est encore trop tôt pour dire. Surtout lorsqu’il est question des mesures de redressement mises en place, certaines plutôt agressivement.

En effet, une des résolutions prises cet été par le conseil d’administration de notre établissement a été de faire contribuer la population étudiante. Certains se rappelleront peut-être avec horreur que le président de l’AGE UQTR avait accepté de faire augmenter les frais afférents de tous les étudiants du campus. Le tollé ainsi soulevé venait du sentiment de trahison de la cause étudiante, de voir un élu accepter une hausse de frais de scolarité. Le tout, sans passer par les instances décisionnelles normales.

Ce qu’il faut néanmoins savoir, c’est que la mesure originale face à laquelle celui-ci a dû réagir stipulait plutôt la création de nouveaux frais afférents, passablement salés, reliés uniquement à l’inscription à un stage.

Autrement dit, l’entièreté du montant que l’UQTR avait convenu d’aller chercher chez les étudiants était assumée par la portion de ceux-ci inscrits à des stages. Mis devant le fait accompli, le représentant des étudiants a proposé d’au moins répartir une partie de cette somme dans une hausse beaucoup plus légère appliquée à tout le monde.

On peut donc rester offusqué de cette décision de la part de notre représentant, mais il convient néanmoins de se demander ce qui pressait tant à l’administration. Peut-être voulait-on faire le moins de vagues possible?

En ce qui concerne Mathieu Roy, le susmentionné président de l’AGE UQTR, l’administration a agi avec incivilité envers ce dernier et les étudiants en lui présentant la situation de cette manière. Les délais étant de l’ordre d’une journée, il n’a effectivement pas eu le temps de suivre le chemin décisionnel habituel, encore moins de réfléchir à une solution alternative.

Gestion financière de type tentaculaire

Quelqu’un serait en droit de se demander où est l’intérêt des étudiants dans cette manière de penser. Cette question peut sembler sortir de nulle part. Certains semblent toutefois oublier que l’université n’est pas une entité ontologiquement distincte, mais bien une institution avec une mission. Et cette mission, c’est d’enseigner.

C’est bien normal de parfois devoir faire des sacrifices, mais encore faut-il qu’au bout du compte ils soient faits avec cette mission en tête. Et il ne faut pas se fier aux apparences, comme dans le cas du campus de Drummondville. L’auteur de ces lignes a déjà traité du sujet dans une chronique précédente (Zone campus, «Il était une fois une université de région», Vol. 9, No. 11, p. 5), mais permettons-nous de revenir sur la question, juste un brin.

En effet, alors que d’un côté on va piger en catimini dans les poches des étudiants, d’un autre on inaugure un nouveau campus, construit à grands frais. Là encore, certains seraient portés à se dire: «Oui, mais ça favorise l’enseignement!»

Gardons en tête qu’il ne s’agit pas de l’Université du Québec à Drummondville, Longueuil, Joliette, Victoriaville, Québec ou Sorel-Tracy, mais bien à Trois-Rivières. Pourquoi donc s’étendre dans autant de villes? Ce n’est surement pas par générosité qu’on ouvre des campus aux quatre coins du Québec.

Certains semblent toutefois oublier que l’université n’est pas une entité ontologiquement distincte, mais bien une institution avec une mission. Et cette mission, c’est d’enseigner.

Le nerf de la guerre dans le cas présent, c’est le nombre d’étudiants en équivalence de temps plein (EETP) inscrits. Il s’agit du total de crédits de cours dispensés par l’établissement dans une année divisé par trente (qui représente la norme par étudiant). Ce calcul sert principalement à l’allocation des subventions ministérielles aux universités.

Il s’agit donc d’aller gruger les secteurs des autres universités afin de leur ravir des EETP et, ainsi, du financement. La stratégie employée par l’UQTR est basée sur le fait que c’est plus simple d’aller chercher une clientèle déjà acquise au fait d’étudier que de prendre des mesures afin d’inciter plus de gens de la région à entreprendre un parcours universitaire.

Dans cette optique, il apparaît plus payant de parasiter le domaine d’autres universités que de développer le sien propre. Mais fait-on vraiment avancer l’éducation au Québec de cette manière?

Méthode de dénombrement de l’effectif étudiant en équivalence au temps plein: L’histoire du calcul des EETP mieux expliquée: www.mesrs.gouv.qc.ca/personnel-duniversite/regles-budgetaires-et-reddition-de-comptes/methode-de-denombrement-de-leffectif-etudiant/.

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