Un des irritants majeurs que l’UQTRien(ne) moyen(ne) vit à chaque rentrée est l’achat d’une vignette de stationnement. Le coût et la file d’attente monstrueuse sont bien sûr déplaisants, mais le noeud du problème est le fameux tirage. Pourquoi la chance est-elle la seule à décider de qui mérite de se stationner légalement sur le campus?
Pour comprendre la situation, il faut remonter à l’année scolaire 2011-2012. Il n’est pas question ici de la grève, mais de la décision d’instaurer ladite loterie. On alléguait, à l’époque, un déficit d’espaces de stationnement par rapport au nombre de vignettes émises.
C’est que, préalablement à l’année scolaire susmentionnée, il suffisait d’en faire la demande pour obtenir un tel permis. Il n’y avait aucune limitation à la quantité émise. Des vices-recteurs et des professeurs ont par conséquent dû «virailler» à plusieurs reprises avant d’arriver à se garer le matin. Agir devint donc urgent.
Blague à part, la population étudiante ne cessait d’augmenter et il fallait bien trouver un moyen à long terme de s’assurer que ceux qui paient pour un emplacement aient bel et bien accès à un. Étendre les stationnements au détriment des boisés du campus a été (heureusement) mis hors de question d’emblée, ainsi que de créer un stationnement étagé au coût prohibitif.
Prenons ici une seconde pour apprécier que l’administration a, à l’époque, mis de côté ces deux solutions clairement temporaires. En effet, se contenter d’ajouter un certain nombre d’emplacements aurait été à répéter après seulement quelques années, le tout pour un montant relativement élevé. Il s’ensuit que l’exercice aurait été futile et onéreux.
Pour reprendre les mots de Winston Churchill, on a donc opté pour la «moins pire des pires solutions», à savoir le tirage au sort d’un nombre limité de vignettes. Et c’est ainsi que le stationnement devint un profond irritant chez les étudiants.
Phobie du changement
Il y a un peu moins d’un an, Laurent Constantin, alors chroniqueur aux actualités, adressait la même problématique dans nos pages (Zone campus, «Lettre à un maire qui roule vite», Vol. 9, Num. 6, 2013). Le but de son intervention était de montrer comment la gestion des transports collectifs et de l’intégration de l’université faisaient défaut dans les grandes orientations du maire Lévesque, nouvellement réélu à l’époque.
Pour reprendre les mots de Winston Churchill, on a donc opté pour la «moins pire des pires solutions», à savoir le tirage au sort d’un nombre limité de vignettes.
Rappelons que l’université reste un des gros employeurs de la ville, particulièrement en ce qui concerne les salaires élevés. C’est aussi un pôle d’attraction pour les jeunes qui manquent cruellement à la région. La ville a donc tout intérêt à promouvoir et à faciliter la mission de l’UQTR.
Or, il suffit de jeter un coup d’oeil aux trajets de la Société des transports de Trois-Rivières (STTR) pour réaliser que les étudiants ne sont pas une priorité. Un exercice révélateur consiste à prendre les cartes de ces trajets et à y épingler l’emplacement des domiciles pour retraités. On réalise rapidement que les trajets sont construits en fonction de transporter ceux-ci vers les centres commerciaux et non de desservir les établissements d’études supérieures.
Comment cela est-il relié à la problématique du stationnement évoquée ici? C’est que, c’est bien beau limiter l’accès à un service, encore faut-il offrir une alternative. Et il n’est pas seulement question ici du stationnement portant cette épithète, mais bien d’offrir des alternatives viables (soulignons ce mot) à la simple utilisation de la voiture.
Le passeport d’autobus à 20$ par session est en soi un incitatif à délaisser le véhicule personnel, mais encore faut-il avoir la possibilité de se rendre à l’heure pour ses cours. Tant que les trajets seront aussi peu pratiques pour les étudiants, ceux-ci ne seront pas portés à s’y fier.
Dans l’article cité plus haut, mon collègue évoquait la situation de l’Université de Sherbrooke où le passeport de transports en commun est obligatoire, exigé en même temps que les frais de scolarité. Tout en gardant le déboursé assez modique, le chèque qu’envoie ainsi l’université à la société de transport en fait une source de revenue non-négligeable.
C’est là une solution où tout le monde serait gagnant: la STTR reçoit un apport à ses maigres revenus, l’UQTR obtient un rapport de force afin d’intégrer adéquatement le service à sa stratégie de stationnement et les étudiants peuvent se déplacer efficacement à peu de frais.
En fait, le seul ingrédient qui manque à la recette c’est le changement de mentalité. Le préjugé selon lequel «l’autobus c’est pour ceux qui sont trop pauvres pour se payer un char» a la couenne dure en Mauricie.