Il semble que l’humain a un besoin fondamental de se sentir utile, avant même de parler d’occuper un travail. C’est probablement pour cela que plusieurs personnes qui n’ont pas suffisamment l’occasion de se sentir utiles en dehors de leur emploi au cours de leur vie peuvent vivre un malaise lorsque l’heure de la retraite approche. En ce sens, il est possible d’avoir l’impression de voir un précipice ou un vide devant soi.
Le fait que plusieurs personnes expriment une grande partie de leur créativité dans leur emploi, puis cessent partiellement ou complètement de le faire lorsqu’elles n’occupent plus cette position, est une possible cause pour expliquer cet état. Comme individu à la retraite, il peut être intéressant d’encourager l’expression créatrice qui était déjà présente de longue date ainsi que de nouvelles manières de le faire ou d’autres façons qui existaient préalablement en dehors de la carrière. De cette façon, lorsque la carrière professionnelle d’un individu se termine, il y a possibilité d’autres avenues qui sont déjà installées et apprivoisées quotidiennement. Avec cette philosophie, l’impression de «tout perdre» avec la fin de son emploi pourrait être vécue comme moins imposante.
Par exemple, participer à des activités de bénévolat pour des causes qui tiennent à cœur peut être un moyen d’associer un sens à sa vie. La construction ou le bricolage peuvent également servir à l’utilisation par soi et autrui, en plus de pouvoir aider de différentes façons les proches. L’entraide auprès des membres de la famille peut aussi être une avenue à encourager, surtout pour les gens qui croient que les valeurs familiales sont prioritaires dans leur vie. Participer à des regroupements, des loisirs et des sports, écrire, dessiner et peindre, jouer de la musique, voyager, jardiner, s’occuper d’animaux ou de terrains, ou prendre part à l’organisation de regroupements sont toutes des manières d’encourager la créativité et l’activité. De plus, si cela est possible et intéressant, la personne à la retraite peut en profiter pour enseigner ou partager son savoir aux plus jeunes par l’accompagnement, le mentorat ou le parrainage.
Pourquoi est-ce que le passage à la retraite est moins facile pour certaines personnes? La carrière est une partie importante de la vie et représente ce sur quoi plusieurs fondent leur identité première lorsqu’elles se présentent aux autres. Les emplois sont des endroits où la personne peut «officiellement» exercer concrètement et de manière valorisée par la société. Alors, il peut être possible dans certains cas que le poste et le rôle privilégié que cette personne détenait semblent lui «glisser des mains». Des difficultés de transition à la retraite peuvent être augmentées lorsque les sphères autres que professionnelles ont été négligées au cours de la vie, comparativement à la sphère professionnelle qui a été surinvestie.
Il y a également une possibilité de diminution de l’activité physique et mentale ou de perte de contacts sociaux en raison du retrait du milieu de travail. À partir de cela, la diminution de la confiance et de l’estime de soi peuvent aussi se vivre. Puis, les revenus financiers ne sont plus les mêmes qu’avant. Généralement, car ce n’est pas dans tous les cas, les femmes vivent mieux que les hommes le moment de la retraite. Différents phénomènes peuvent expliquer cela, principalement celui de la femme au Québec qui est davantage éduquée, à partir de l’enfance, à être impliquée dans les relations sociales et à être expressive au cours de sa vie. L’homme est plutôt orienté vers l’action, ce qui est entre autres valorisé dans le milieu du travail.
Il est possible que plusieurs personnes expriment une grande partie de leur créativité dans leur emploi, puis cessent partiellement ou complètement de le faire lorsqu’elles n’occupent plus cette position.
Donc, à l’heure de la retraite, il est généralement moins difficile pour la femme de continuer à avoir un réseau social et une communication avec autrui, car beaucoup d’elles l’ont fait et y ont baigné toute leur vie. Dans plusieurs cas, l’homme peut ressentir un malaise de façon plus importante et cela peut lui provoquer un besoin de sortir et de voir des gens plutôt que de rester au domicile. Peut-être que cela peut sembler naturel, direz-vous… car il a généralement toujours été habitué à vivre dans l’action.
Il est important de souligner que plusieurs personnes vivent bien la retraite, car elle leur permet de continuer à être les mêmes individus avec leurs qualités et intérêts. Nous passons une grande partie de notre vie d’enfant, d’adolescent et d’adulte à réaliser des projets pour atteindre des objectifs, autant personnellement que professionnellement. Alors, comme proche d’une personne retraitée, il est intéressant d’encourager les attitudes et les comportements qui semblent aller dans le sens de la réalisation de buts personnels. Par le fait même, plutôt que d’éteindre cette flamme motivante, la retraite pourrait aussi être l’occasion pour chacun et chacune de continuer à alimenter cet élan créateur et de sens à la vie.