Entre les deux pôles: La schizophrénie est une incomprise

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Vous marchez au centre-ville, et soudainement vous apercevez un homme au coin de la rue en train de parler seul et se disant à lui-même: «Je te dis que j’ai raison… arrête de me contredire, tu as tort!». Il mentionne ces propos avec agressivité et en levant le ton. En 2014, avec l’existence des téléphones avec écouteurs, il est possible de confondre des gens en train de dialoguer à l’appareil. Toutefois, ici ce n’est pas le cas, et il est probable qu’il soit touché par la psychose… et possiblement par la schizophrénie.

La schizophrénie touche une personne sur cent, donc 1% de la population, et peut tout particulièrement être considérée comme la maladie mentale la plus sévère. Que vous soyez en Afrique, en Amérique, en Asie, en Europe ou en Océanie, ce pourcentage reste sensiblement le même. Avant que la maladie soit nommée «schizophrénie», les gens atteints ont été associés à travers les années à plusieurs expressions populaires, dont communément «les fous». Pour présenter le plus important symptôme de dysfonctionnement de ce trouble, il est convenable de parler de la psychose, caractérisée par une perte de contact avec la réalité.

Cette maladie, nommée «schizophrénie» par Eugene Bleuler (psychiatre suisse) en 1908, signifie «éclatement de l’esprit». Bien qu’elle touche autant les hommes que les femmes, les hommes ont tendance à être touchés à un plus jeune âge: environ 18 ans, comparativement à la vingtaine (généralement) du côté des femmes. Il ne semble pas y avoir de classes économiques spécifiques pour représenter les personnes atteintes de schizophrénie.

Mais comment peut-on reconnaitre une personne souffrant de schizophrénie? Les premiers signes graduels peuvent être l’insomnie, le retrait du monde, la négligence de l’hygiène ou la perte de motivation. Ensuite, l’indice le plus facilement détectable et typiquement observable est la présence d’hallucinations auditives et/ou visuelles. Souvent, elles sont caractérisées par des voix commentant les comportements de la personne ou lui demandant de faire certains actes. Dans cette situation, le sentiment de persécution est fréquemment à l’avant-plan et la référence à des délires bizarres est également fréquente.

Les délires sont des idées et croyances dénuées de sens pour la plupart des gens et non partagées par les proches ou l’entourage. Un exemple pour que vous puissiez vous faire une idée de croyance bizarre serait la présence d’une conviction chez un individu du type: «Son cœur s’est mis à fondre dans son corps et il sent circuler les résidus dans tous ses membres». Il se dit être «un homme éternel, puisque Dieu lui-même ne cesse de lui répéter».

Il est juste de dire que cette maladie est complexe, car elle peut se manifester différemment d’un individu à l’autre. Et il y a autant de types de schizophrénies que de personnes qui en sont atteintes, car personne ne la vit de manière identique.

La schizophrénie peut aussi être vécue sous forme de désorganisation comportementale: discours incompréhensible, affects inappropriés dans plusieurs contextes particuliers (grimaces, cris, etc.) et comportements inadéquats. La maladie peut entre autres se présenter sous forme de rigidité, d’immobilité complète (position de statue) ou d’agitation motrice incluant des mouvements répétitifs tout au long de la journée. Un homme ou une femme peut danser sans arrêt jusqu’à risque d’hyperthermie ou d’épuisement. Ce type de schizophrénie nécessite une supervision particulière en raison des dangers que la personne peut représenter pour elle-même ou pour les autres.

Il est juste de dire que cette maladie est complexe, car elle peut se manifester différemment d’un individu à l’autre. Et il y a autant de types de schizophrénies que de personnes qui en sont atteintes, car personne ne la vit de manière identique.

Il existe deux types de symptômes: les symptômes positifs et les symptômes négatifs. Les symptômes positifs sont les hallucinations auditives et visuelles, les délires, l’incohérence dans le discours et une désorganisation du comportement. Le niveau de dopamine est élevé lors de la présence de ces symptômes et il y a analgésie du corps. Du côté des symptômes négatifs, il peut y avoir un manque d’expressivité, un retrait social et des difficultés de communication, des difficultés de concentration et de l’attention ainsi qu’une perte d’intérêt dans la plupart des domaines de la vie de l’individu. Contrairement aux symptômes positifs, le niveau de dopamine est plus bas lors de la présence des symptômes négatifs.

La schizophrénie est un trouble cérébral, donc une maladie du cerveau. Elle a une composante génétique et héréditaire, et implique plusieurs gênes. Heureusement, elle peut être traitée par des neuroleptiques ou des antipsychotiques. Ces médicaments soulagent, selon les cas, les symptômes positifs, mais il n’existe toujours pas de produit ayant la capacité d’éliminer totalement les symptômes négatifs. Toutefois, malgré leurs effets secondaires, les antipsychotiques offrent à beaucoup de gens une meilleure qualité de vie (ex.: emploi à temps partiel selon les capacités).

L’importance de l’hygiène de vie chez une personne touchée par la schizophrénie est comparable à celui d’une autre souffrant de diabète. Les médicaments sont là pour mieux stabiliser l’état de la maladie et les bonnes habitudes de vie solidifient les chances d’une meilleure prévention des rechutes. L’abstinence de prise de drogue, un bas niveau de stress à la maison et dans les situations sociales, une absence de jugement et de critique ou de surprotection de l’entourage ainsi que la présence de proches et d’intervenant(e)s en qui la personne peut avoir confiance sont tous des moyens permettant d’améliorer le traitement et la qualité de vie des personnes vivant avec la maladie.

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