La création de la terre remonte à il y a environ 4 milliards et demi d’années. L’humain, lui, est apparu il y a environ 2 millions d’années, ce qui représente une place minime dans l’histoire de la planète. Toutefois, malgré cela, il semble que nous nous comportons comme si nous avions toujours existé et que nous détenions le monopole planétaire. Est-ce que cette réalité teintée d’une soif de pouvoir de l’espèce humaine cacherait quelque chose de plus subtil? Par exemple un besoin d’afficher une supériorité collective, masquant un réel sentiment d’être inférieur envers les autres espèces et face à la nature.
Nous avons besoin de nous approprier les territoires afin d’y habiter, de prendre les ressources naturelles pour notre consommation et notre commerce, puis d’éliminer tout ce qui peut représenter une menace à l’atteinte de nos objectifs. Nous arrachons les arbres et les fleurs et, parfois sans raison, nous tuons les insectes qui pénètrent notre domicile et nous traitons les animaux comme s’ils étaient moins importants que les humains. Il nous arrive très souvent de tuer des insectes et des animaux sans faire exprès, comme en roulant avec un véhicule ou en marchant. Mais dans beaucoup de cas, nous tuons volontairement, et cela sans remords. Le meilleur exemple est l’araignée. Cette dernière est très polyvalente, rusée et travaillante… toutefois, la réaction de bien des gens est de l’écraser sur le champ.
Tuer les autres espèces est tellement ancré dans nos habitudes, et depuis si longtemps, que l’idée de faire autrement ne semble pas se poser. La même chose peut s’appliquer avec les abeilles. Celles-ci n’ont pas l’habitude de piquer pour le plaisir, contrairement à certaines croyances humaines. Elles vont plutôt se défendre. Ce n’est que notre chaleur et la couleur de nos vêtements qui les attire. Toutefois, nous attaquons celles-ci lorsqu’elles tournent autour de nous, car nous croyons qu’elles nous veulent du mal. Serions-nous une espèce si méfiante?
Cela pourrait être un défi de noter individuellement chaque meurtre d’insecte ou d’animaux (volontaires et involontaires) que nous commettons au cours d’une année. Les poissons que nous pêchons sans les manger, toutes les sortes d’insectes (maringouins, mouches, etc.) que nous éliminons ou frappons, les fleurs et les plantes que nous arrachons et piétinons… cela fait partie du quotidien et peut même sembler banal.
Ce sujet doit avoir fait couler beaucoup d’encre dans le passé chez les philosophes, mais nous emprisonnons des espèces pour notre propre divertissement et allons dans des parcs d’attractions. Comme humains, cela nous amuse de les observer au zoo dans leurs enclos. Alors que paradoxalement, lorsque nous emprisonnons des êtres humains, c’est pour les punir face à un crime qu’ils ont commis. Nous décidons du sort d’êtres vivants sur la même planète que nous, avec une sorte de «pouvoir supérieur».
Face à cela, imaginez un tribunal où toutes les espèces auraient la possibilité de s’exprimer dans une langue commune à toutes et ayant comme sujet: «Accusation d’abus de pouvoir et de génocide planétaire par l’espèce humaine». L’humain aurait la position à la défense. Les espèces seraient par exemple la végétation qui pourrait être représentée par un arbre, les reptiles par un serpent, les insectes par une abeille, les poissons par un saumon et les mammifères par un tigre. Nous pourrions nous imaginer un endroit où chaque espèce pourrait s’exprimer directement à l’humain et dire ce qu’elle pense d’elle. Réfléchissez-y pendant quelques instants et faites vos propres scénarios.
Toutes les espèces sur la terre ont une chose en commun: elles sont habitées par la vie.
Nous avons, entre autres, créé une réalité monétaire pour tenter, peut-être, d’atténuer la responsabilité de ce que nous faisons avec la nature. Il est possible que de cette façon nous ressentions moins de culpabilité et un certain soulagement lorsque nous brisons celle-ci. Ce qui semble nous rendre différents, c’est notre intelligence en raison d’un cerveau plus développé. Mais, physiquement, aurions-nous survécu jusqu’à aujourd’hui? Mettez en bataille corps à corps les cinq plus grands combattants humains de ce monde, face à cinq espèces animales. Même si certains humains sont considérés comme étant «forts», le résultat serait facilement prévisible pour une victoire de l’espèce animale. La question ne se pose pas.
Ce qui semble nous rendre dominants, c’est notre cerveau et notre sens de la créativité. Grâce à cela, nous pouvons construire des armes, des véhicules et des bâtiments. C’est aussi notre intelligence qui nous a permis de survivre jusqu’à aujourd’hui. Pour citer Hubert Reeves, c’est peut-être elle qui pourrait nous faire disparaitre de la surface de la Terre. Mais c’est aussi celle-ci qui pourrait nous sauver. Cette capacité est également celle qui peut nous permettre de communiquer, de faire des choix et de prendre des décisions afin de pouvoir changer les choses et améliorer l’harmonie. Toutes les espèces sur la Terre ont une chose en commun: elles sont habitées par la vie.