L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) se présente comme un lieu de savoir et de connaissances, mais aussi d’inclusion. Les étudiant.e.s québécois.es et internationaux.les sont mis de l’avant de plusieurs manières… Mais qu’en est-il des Premières Nations? Le Zone Campus s’est intéressé, dans ce reportage, à la réalité des étudiant.e.s autochtones.
D’après Statistique Canada, en 2016, 671 400 Autochtones âgé.e.s entre 25 et 64 ans ont répondu au questionnaire de l’Enquête nationale. Parmi ceux-ci, 48,4% ont déclaré avoir un titre d’études postsecondaires, et 10,9% de ce groupe détenait un grade universitaire, comparativement à 7,7% en 2006. À l’inverse, toujours d’après Statistique Canada, c’est 28,5 % des adultes non Autochtones qui détiennent un diplôme d’université. D’après ces chiffres, nous pouvons nous questionner sur la raison de cet écart, mais aussi chercher à comprendre ce que les universités peuvent faire pour faciliter la vie étudiante des Autochtones.
L’éducation
Le Zone Campus s’est entretenu avec Anne-Marie Leclerc, professeure clinicienne au département des sciences infirmières de l’UQTR. Elle poursuit aussi des études doctorales ici même en sciences biomédicales, et ces intérêts de recherche portent sur la santé des Autochtones. Le journal a demandé à madame Leclerc ce qu’elle pensait de la place de l’éducation chez les familles autochtones: «Selon moi, c’est très variable. Tout comme chez les Allochtones (non Autochtones), certains valorisent les études et d’autres moins.»
Il faudrait alors se pencher plutôt sur les raisons de cet écart de pourcentage entre les étudiant.e.s autochtones et allochtones, comme l’explique madame Leclerc: «Un récent rapport publié sur l’expérience des étudiants autochtones à l’université relatait justement que certains facteurs peuvent augmenter les difficultés à l’université, dont la difficulté à s’intégrer, la langue française comme 2e langue, la première génération à faire des études postsecondaires et l’éducation scolaire peu ou pas valorisée. Fort heureusement, plusieurs initiatives émergent pour soutenir les jeunes Autochtones dans leurs trajectoires scolaires. Les dernières données de Statistique Canada le démontrent d’ailleurs.»
La réalité étudiante
Le Zone Campus s’est entretenu avec une étudiante autochtone de l’UQTR qui souhaite garder l’anonymat. Elle sera nommée Catherine, pour les besoins de l’article.
Depuis son entrée à l’UQTR, Catherine n’a pas ressenti de défis particuliers par rapport à ses origines: «C’est clair que je suis métissée, d’un premier coup d’œil, je n’ai pas l’air d’une Autochtone, alors je n’ai pas eu de problème à cause de mon physique», explique-t-elle. Par contre, elle dit avoir parfois entendu quelques préjugés: «Peut-être parce que je suis grande et l’air imposante… à cause de ma descendance, je me le suis déjà fait reprocher. J’ai eu quelques préjugés à cause de mon nom de famille.»
Parfois, certains propos stéréotypés voulaient être passés sous le couvert de l’humour: «Lorsque je disais que j’étais Autochtone, on me disait: ”j’espère que tu ne bois pas trop. Sinon ça va aller mal pour le travail de session” ou ”c’est rare qu’on voie des Atikamekw à l’université. D’habitude ça ne finit même pas leur secondaire. Tu as eu de la chance.”»
«Fort heureusement, plusieurs initiatives émergent pour soutenir les jeunes Autochtones dans leurs trajectoires scolaires.» — Anne-Marie Leclerc
Le journal a voulu savoir si la jeune femme avait déjà participé à des activités ou des conférences à l’UQTR part rapport aux Premières Nations: «À l’université, en deux ans et demi, non. Mais lorsque j’étais au cégep de Trois-Rivières, il y avait des dîners-rencontres où les Autochtones du cégep se réunissaient afin de partager sur différents sujets chaque semaine. On avait de l’aide à s’orienter vers des ressources au centre-ville.»
En ce sens, l’UQTR pourrait-elle offrir plus de services? «Selon moi, oui», affirme Catherine. «Je ne me souviens pas d’avoir déjà entendu parler que l’UQTR faisait quelque chose pour les Autochtones. Je comprends aussi qu’il n’y en a pas beaucoup dans l’université, mais prendre la peine de faire en sorte que les gens aient moins de préjugés envers les Autochtones serait déjà, en partant, un bon défi.»
Services offerts
Le Zone Campus a également rencontré Martin Lambert, conseiller aux activités étudiantes, à ce propos. Ce dernier nous a affirmé qu’il n’y pas présentement d’association active comprenant des étudiant.e.s, pour les Premières Nations. Une association des étudiant.e.s de Premières Nations existe tout de même, mais personne n’est à sa charge ou n’a demandé à l’être, et ce, depuis un bon moment.
Anne-Marie Leclerc, pour sa part, mentionne qu’il existe à l’université le Cercle de partage autochtone: «[Il s’agit] d’une initiative qui vise, comme son nom l’indique, le partage, mais également la reconnaissance de la culture autochtone au sein de l’UQTR. Dans la foulée du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, l’objectif est de tisser des liens entre les Autochtones et les Allochtones. Ce groupe est basé sur le principe de la co-construction, c’est-à-dire que les thématiques émergeront au fil des besoins des membres. L’idée est d’échanger sur des sujets touchant les Autochtones, par le biais de cercles de partage (discussions), de documentaires, de présentations ou de lectures.»
Les réunions sont mensuelles et ouvertes à la communauté universitaire de Trois-Rivières chaque premier jeudi du mois, de 18h30 à 20h. Le 1er mars dernier, le Cercle de partage autochtone a projeté, durant sa soirée, des courts-métrages sur la nature, dont Temps perdu, Homme retrouvé et Wapikoni Mobile. Pour connaître les lieux et autres informations, vous pouvez téléphoner au 819-376-5011, poste 3448.
Il est à noter par ailleurs que les Services aux Étudiants de l’UQTR (SAE) sont toujours disponibles pour quiconque voudrait des renseignements ou des services. Ils peuvent être rejoints au 819-376-5011, poste 2501, ou au local 1275 du pavillon Albert-Tessier.